Dans cette marée humaine, on remarque facilement des hommes, des femmes et des enfants aux regards fuyants, visiblement débarqués en terre inconnue. Ne connaissant ni la ville, ni personne à Kinshasa, ils se laissent conduire, comme des moutons, vers les centres de transit du Stade Cardinal Malula et de la maison communale de Kinshasa, où ils s’entassent comme des sardines, en attendant un moyen de transport devant leur permettre de regagner leurs provinces d’origine : Bas-Congo, Bandundu ou Equateur. Certains compatriotes racontent avoir gagné le Congo/ Brazzaville à partir de leur village, à partir du Nord ou du Sud-Oubangui. D’où leur ignorance totale de la ville de Kinshasa.
A en croire un policier de la SCTP (ex-Onatra), le nombre des Congolais chassés de Brazzaville et Pointe Noire a dépassé le plafond de 20.000 pour cette seule journée.
Selon la même source, l’on assiste depuis samedi à trois rotations quotidiennes des vedettes de l’ex-Onatra contre une seule pour sa correspondante de Brazzaville, sans compter des embarcations privées et des canots rapides. A leur arrivée, chacun d’eux est enregistré par une équipe d’agents de la DGM (Direction Générale d’Immigration). Comme signe distinctif du refoulé, il y a le mot « OK » inscrit sur sa main à l’encre indélébile, comparable à celle utilisée par la CENI (Commission Electorale Nationale Indépendante) pour attester que quelqu’un a déjà voté. C’est ce signe qui accorde au porteur le droit d’accès dans les bus de la « Transco » et au site de la maison communale de Kinshasa, celui du Stade Cardinal Malula affichant le plein.
Il est laissé aux refoulés ayant des adresses fixes dans la capitale ou des familles d’accueil, la latitude de s’embarquer dans les bus de « Transco » ou de tirer leur plan pour quitter le centre de la ville. Interrogés par des reporters du Phare, de nombreux expulsés ont confirmé avoir été arrêtés chez eux, conduits vers des commissariats de police ou des morgues avant leur transfert au beach de Brazzaville en vue de la traversée pour Kinshasa. Fauchés comme des rats de mosquées, certains sont contraints de vendre le peu des biens qui ont pu échapper aux rafles de la police de Brazzaville : postes de radio et de télévision, réchauds, cuisinières, frigos, congélateurs, matelas en mousse, habits, chaussures, etc.
Un marché des produits de seconde main est né dans le périmètre du beach de Kinshasa, vendus à des prix défiant toute concurrence. Mais, il y a tellement de barrières policières que son accès est difficile.
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