Dans le cadre de futures opérations conjointes entre les FARDC et les RDF ; l’armée rwandaise contre les FDLR, le chef d’Etat-major de l’armée rwandaise séjourne à Kinshasa depuis hier jeudi. Ces opérations conjointes suscitent certaines inquiétudes. D’abord, ces opérations entre deux armées dont l’une a une supériorité de feu évidente, en l’occurrence, l’armée rwandaise, alors que les FARDC souffrent d’un manque d expertise et de motivation. Tout porte a croire que ce sont les militaires rwandais qui vont mener les opérations sur terrain et que l’armée congolaise assumera le rôle secondaire. Ensuite, vu le déploiement des FDLR sur le territoire congolais (Lubero, Walikale, Masisi ; Rutshuru, Maniema et plusieurs localités du Sud-Kivu), il se révèle que ces opérations prendront des années et exigent des moyens matériels et humains importants. Conséquence, l’armée rwandaise va s’installer pendant un temps relativement long en RDC. Aussi, faut-il souligner que les opérations conjointes menées par l’armée congolaise, soudanaise et ougandaise sur le territoire congolais ont déjà donné l’occasion à l’Ouganda de Museveni de réoccuper la province orientale où sont concentrées les richesses minières et pétrolières.
Autre inquiétude, les armées congolaise et rwandaise tiennent à neutraliser les FDLR alors le CNDP de Nkunda n’est même pas concerné. Et surtout on sait que ce mouvement est soutenu par l’armée rwandaise.
Selon certains observateurs avisés des enjeux géostratégiques, l’AFDL (alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo) est en train de se reconstituer. En d’autres termes, les objectifs assignés à ce mouvement de réaliser un plan de balkanisation de la RDC est en train de se mettre en place. Au regard de ce qui se passe dans la région des Grands Lacs, l’homme averti ne peut-il pas penser que le plan évoqué par Herman Cohen et repris dans Jeune Afrique du 21 décembre 2008 est en train de se concrétiser et qu’effectivement le Rwanda est occupé à prendre le contrôle de l’Est de la RDC pendant que les Congolais se font distraire par des choses sans importance.
Quant à la présence de James Kabarebe à Kinshasa, l’opinion congolaise est révoltée. Il y a 10 ans, ce dernier avait dirigé la rébellion de l’AFDL qui a chassé le président Mobutu du pouvoir. Lors d’une réunion au camp Tshatshi, feu le président Laurent-Désiré Kabila l’avait présenté comme un Congolais nommé à la tête de l’armée nationale. Coup de théâtre, le 2 aout 1998, James Kabarebe avait monté et dirigé une opération commando de Goma à Kitona jusqu’au pont sur la rivière N’Djili. Les Kinois n’ont pas oublié que le sabotage du barrage d’Inga les avait laissés sans électricité pendant des semaines ; causant de nombreux décès dans les hôpitaux et d’autres souvenirs encore présents dans les esprits. Ladite tentative avait été stoppée grâce à la vigilance de la population kinoise avant que les armées angolaise, namibienne et zimbabwéenne n’interviennent pour sauver le régime de Laurent Désire Kabila.