Jeudi 28 et vendredi 29 mai 2009, deux dates pour un double triomphe du MLC dans les villes de Kananga et Mbuji-Mayi. Mobilisation tous azimuts au cours de laquelle le secrétaire général, François Muamba Tshishimbi, a rassuré le peuple du Grand Kasaï qu'il était temps de préparer l'arrivée au pouvoir de l'opposition actuelle sous le leadership de Jean-Pierre Bemba dont la relaxation par la CPI n'est plus qu'une question de procédure. Pour y arriver, il a appelé à un enrôlement massif de tous les citoyens âgés d'au moins 16 ans afin d'assurer l'alternance politique à même de corriger les erreurs commises et accumulées par la majorité au pouvoir.
Les élections municipales et locales vont être déterminantes. Elles vont dessiner la configuration politique de la prochaine législature dont le coup d'envoi sera lancé en 2011. Le MLC, qui se veut la figure de proue de l'Opposition actuelle, en est conscient et se prépare en conséquence. Aussi a-t-il saisi le taureau par les cornes aux fins de planter le décor et assurer ses arrières. Il a fait sienne la campagne d'enrôlement des électeurs.
En dix ans d'existence, le MLC estime qu'il est temps de montrer qu'il constitue cette alternative dont le pays a besoin pour son décollage économique. Relativement aux échéances prochaines, il a choisi d'aller à la rencontre du peuple congolais et lui apporter deux messages essentiels.
Le premier, c'est que le pays va mal et qu'il a besoin d'une thérapeutique de choc. Chômage, absence d'infrastructures de base. Pour cela, tous les Congolais âgés d'au moins 16 ans devront aller s'enrôler massivement et le moment venu, élire des candidats qui puissent mener la politique de reconstruction du pays.
Le second, le leader du MLC et porte-parole de l'Opposition jusqu'à preuve du contraire, est retenu arbitrairement à La Haye. Le procureur de la CPI n'a pas pu apporter les preuves de la responsabilité pénale de Jean-Pierre Bemba sur les actes commis par les troupes du MLC en 2003 en République Centrafricaine. Selon sa défense, sa relaxation pourrait intervenir le 24 juin prochain, car le dossier serait vide.
En tournée de redynamisation des activités de son parti à Kananga et Mbuji-Mayi les 28 et 29 mai 2009, le secrétaire général du MLC François Muamba Tshishimbi a entretenu la population sur ces deux thèmes. En réalité, cette tournée dans l'espace kasaïen s'est révélée être une campagne de sensibilisation pour une réappropriation du processus électoral par le souverain primaire.
Selon François Muamba, l'appel à l'enrôlement massif va éviter les erreurs commises en 2005 et 2006. En refusant de s'enrôler et de voter, le peuple kasaïen a réduit la visibilité de ses représentants dans les deux chambres du Parlement. Et par conséquent, la voix du Grand Kasaï n'arrive pas à porter plus haut que celle d'autres espaces qui ont dû profiter du taux important d'enrôlement en 2005. A ce jour, les préoccupations du Grand Kasaï restent sans réponse de la part des instances décisionnelles nationales.
Le secrétaire général du MLC est convaincu qu'au final, les élections de 2011 devront marquer le renversement de vapeur. Il a demandé à ses interlocuteurs du Grand Kasaï de contribuer à faire basculer la majorité de son piédestal et y booster l'Opposition.
« Nous les avons laissés diriger ?Gizenga I et II, Muzito I-, nous leur avons tout cédé mais ils ont montré qu'ils ne sont pas à la hauteur de leur tâche », a fait savoir François Muamba avant d'ajouter que les 5 chantiers prioritaires tardent à se concrétiser.
Les Kananga prêt à se suicider pour le MLC
Dire de la ville de Kananga qu'elle est le fief du MLC ne peut pas surprendre. Tant l'accueil chaleureux dont la délégation du MLC a été l'objet le 28 mai 2009 en a fait foi. La mobilisation a été telle qu'il n'y a pas de dessin pour constater que la santé du MLC à Kananga tient du fer.
Très touché par ce bain de foule, François Muamba et sa suite se sont vus dans l'obligation de parcourir à pied les 12 km qui séparent l'aéroport de Kananga du centre-ville. Au rythme de la fanfare et des chants divers à la gloire du MLC et de son chef. Pour d'aucuns, ce spectacle rappelle la marche que fit autrefois Jean-Pierre Bemba de l'aéroport international de N'Djili jusqu'au stade tata Raphaël de la commune de Kalamu à Kinshasa.
La longue procession échoue deux heures plus tard sur le terrain de foot de la SNCC, situé non loin du rond-point ex-Capelutto dans la commune de Kananga. Une tribune a été dressée pour la circonstance. Toute la délégation y prend place au nombre desquels des députés nationaux et des sénateurs membres du MLC et des partis alliés.
Chants et danses se poursuivent. Toutefois, le soleil décline et la foule piaffe d'impatience d'entendre le message apporté par le SG du MLC.
Le président fédéral du MLC/Kasaï Occidental, Timothée Muteba wa Kambala, remercie la population pour son amour, sa fidélité et son courage. Aussitôt, il procède aux présentations avant d'introduire l'invité de marque. Mais avant que celui-ci ne monte sur le podium, la foule exulte de joie quand Alex Kande, l'élu de Kananga, se lève pour la saluer.
On aura retenu de son allocution brève ces deux mots : « Ndi diowa » (traduisez : je vais me pendre ou me suicider). Slogan ? Cri de guerre ? Renseignements, l'expression traduit l'engagement du peuple kanangais envers le MLC. Le mariage semble scellé entre Alex Kande et son électorat d'une part, et d'autre part, entre ce dernier et le MLC. C'est peut-être le sens à donner aux mots qui se détachaient des T-shirt que portaient les militants du MLC : « MLC : tshilundu nkonga bintuta ne makenene » (NDRL ; le MLC est un parti rassembleur à l'instar de la termitière qui loge dans son dédale aussi bien des fourmis ailées que des fourmis rouges).
Coupant à la frénésie populaire, il a pris rendez-vous pour le mois de juin, période de vacances parlementaires au cours desquelles lui et sa base vont se « suicider ».
Nous devons arriver à sanctionner ceux qui sont au pouvoir Partis de Kananga le jeudi 28 mai, François Muamba et sa délégation sont arrivés à Mbuji-Mayi le vendredi 29 mai au milieu de l'après-midi. Il aura fallu 15 petites minutes à vol d'oiseau pour relier les deux capitales provinciales et atterrir à l'aéroport de Bipemba.
L'effervescence de la population est telle que le secrétaire général du MLC s'offre un bain de foule. La joie débordante l'a poussé à réitérer l'exploit réalisé la veille dans la ville de Kananga. Qu'est-ce qu'il a envie de battre le pavé et de montrer qu'il est encore vigoureux aussi bien dans son corps que dans son esprit. A l'instar de son leader qui croupit en prison à La Haye.
Il a entrainé sa délégation dans une marche à pied de l'aéroport jusqu'au lieu de chute - la place Bonzola- du nom de la célèbre institution médicale de la province du Kasaï Oriental. Elle est située dans la commune de Kanshi, à une dizaine de km de l'aéroport.
La longue procession est talonnée par des dizaines de motos et des véhiculés qui arborent les slogans et les couleurs du MLC. La version kanangaise « tshilundu nkonga bintuta ne mankenene » est complétée par cette autre qui compare le MLC à un « Tshinkunku sanga bilembi (Tshinkunku, arbre qui rassemble les chasseurs).
En plus de banderoles du MLC, la place Bonzola est auréolée de calicots reprenant les noms des partis politiques alliés, des associations et autres Asbl, notamment CDR, RCD, CNRP. Allié du MLC et membre de la délégation, le docteur Beya Mubiayi, député national du Kasaï Occidental, a reconnu l'appel au rassemblement de l'Opposition en prévision des échéances de 2011.
Inscrit sur fond bleu, l'emblème de DEKAM (Debout Kabeya Kamwanga ), une asbl qui s'occupe du développement de ce territoire du Kasaï Oriental dont François Muamba est originaire, flottait au vent. Françoise Muamba Ngalula, toujours présente aux côtés de son époux, compte parmi les membres fondateurs de DEKAM. L'adduction d'eau potable à Kabeya Kamwanga est l'une des ?uvres de DEKAM.
Comme il l'avait déclaré à Kananga, le secrétaire général du MLC a interpellé la foule : « L'Opposition d'aujourd'hui veut devenir la majorité de demain, tout est entre vos mains. Nous devons arriver à sanctionner ceux qui sont au pouvoir». Il leur a demandé s'ils avaient conscience du contraste qui existe entre leur pauvreté et les richesses dont regorge leur sous-sol. Poumon de l'économie provinciale et nationale, la Miba est devenue une coquille vide.
Le message du MLC semble avoir été capté cinq sur cinq. De même la mobilisation dont a fait montre le peuple kasaïen les 28 et 29 mai 2009 fera date. Preuve de fidélité et de loyauté envers les idéaux du MLC et envers son leader.