Des dizaines de familles militaires du camp lieutenant Kokolo, à Kinshasa, ont été déguerpies hier, mardi le 26 janvier et leurs maisonnées concentrées à pont Cabu, précisément sous un large panneau publicitaire placé non loin du carrefour Boulevard Triomphal et avenue Kasa Vubu, dans la commune de Kasa Vubu. L’opération a commencé tôt dans les quartiers I, II et V de ce grand camp militaire situé dans la commune de Bandalungwa, a confirmé un témoin sur place a Pont Cabu.
L’opération a été menée par des officiers de Police militaire (PM) qui ont utilisé de grands camions pour le transport des biens. C’est a 9h34 minutes locales que le premier véhicule a déversé le premier convoi, sous le regard interrogateur de nombreux curieux qui ont afflué sur les lieux pour en savoir plus.
Interrogé sur les principales motivations de cette décision, un officier PM a précisé que cette opération n’est ni ponctuelle ni fortuite. «On a déguerpi les familles dont les enfants en âge de responsabilités se sont rendus coupables des actes de criminalité dans la ville», a-t-il déclaré.
Par ailleurs, une autre source militaire a laissé entendre que cette opération de déguerpissement s’inscrit dans le cadre des stratégies arrêtées par la haute hiérarchie militaire pour lutter contre la criminalité à Kinshasa et dont les auteurs, pour la plupart des fils des hommes en uniforme, proviennent des camps militaires.
Notre tentative d’obtenir le point de vue de quelques responsables des familles concernées s’est avérée infructueuse. Nos interlocuteurs nous regardait avec mépris. Enervés, ils étaient méfiant. L’important pour eux étant de repérer les biens de la famille mêlés avec ceux d’autres familles. Car, dans cette vague de déménagement collectif, des cas de perte ne sont pas forcément à exclure.
Mais la cause principale de l’inquiétude a été l’ignorance du destin, étant donné que toutes ces familles soudainement transformées en «sans abri», ne savaient pas immédiatement la direction a prendre pour trouver une nouvelle habitation.
LA JOIE DES KINOIS
De nombreux Kinois, témoins des vagues de débarquements de ces familles, n’ont pas caché leur joie. Dans la foule, on a entendu des réactions allant toutes dans le sens d’encourager et de soutenir l’autorité dans sa démarche. Les enfants des militaires, usant des armes a feu de leurs parents commettent impunément des actes criminels dans la population civile.
Les plus exposées sont les habitants des quartiers voisins des camps militaires. Les hommes en armes instaurent la terreur et créent un climat d’insécurité totale et permanente surtout à des heures tardives de la nuit.
«Depuis les années Mobutu par exemple, le tronçon de l’avenue de la Victoire devant la concession de l’ex IEM, a constitué un passage de la mort. Il en est de même de l’axe de l’avenue du 24 Novembre, compris entre l’avenue Kabinda, dans la commune de Lingwala et la station service de Moulaert a Bandalungwa», a déclaré un homme d une quarantaine d’années.
Un autre Kinois a montré un doigt accusateur sur le camp militaire Lufungula, dans la commune de Lingwala. «Ils opèrent, arme à la main, sur l’axe avenue des Huileries 24 Novembre ainsi que dans les environs du Grand Marché de la capitale. Après le camp Kokolo, l’autorité ferait aussi mieux d’organiser la même opération au camp Lufungula», a-t-on entendu dans la foule.
LA TRAQUE DES KULUNA
La pertinence du fond de cette opération de déguerpissement massif des familles, renseigne qu’on est dans la logique de la traque des brigands, connus sous le néologisme de «Kuluna» a Kinshasa. Ainsi donc, le vœu de Kinois est que ce genre d’opération ne puisse s’arrêter en si bon chemin, quelles qu’en soient les conséquences.
Au-delà de cet acte, plus d’un observateur pense que l’idéal aura été de décaserner, la ville de Kinshasa. Autrement dit, les camps militaires hérités des Belges doivent être délocalisés et aménagés en dehors de la ville. Pour certaines personnes, cette proposition, bien que pertinente dans le fond, pêche cependant par l’irréalisme. Car, il faudrait du temps et beaucoup de moyens financiers et matériels.