L’histoire est têtue. Elle se répète même si les circonstances de temps et lieu peuvent changer. Ce qui s’est passé jeudi dernier au Katanga est une des preuves éloquentes de la manifestation de la violence. Passer à tabac des Députés Provinciaux, suspendre les travaux de la session et perturber, au fait, le fonctionnement normal de l’Assemblée Provinciale est tellement inadmissible que les responsables de ces actes odieux devraient subir le châtiment réservé aux inciviques. La fermeture des portes de l’Assemblée Provinciale optée par Célestin Mbuyu, le Ministre de l’Intérieur, n’épuise nullement le débat, au regard de la cruauté des affres lisibles sur les corps des Députés visés. D’aucuns auraient voulu que le gouvernement aille un peu plus loin, jusqu’à laisser Kyungu wa Kumwanza répondre de ses actes devant la justice. Ce serait un signal fort contre la loi de l’impunité et le règne de l’arbitraire. Où sont Kabila, Muzito et Katumbi ?
L’heure est de nouveau grave. Au Katanga, nul ne sait lever son petit doigt, pour réfléchir autrement. Apparemment, la loi de la différence dans le raisonnement aurait perdu toute sa valeur de marché. L’absolutisme et le totalitarisme sont appliqués dans toute leur rigueur à l’Assemblée Provinciale.
Ce qui s’est passé jeudi dernier n’a été que l’autre face de l’iceberg. En réalité, la terreur règne sur les lèvres de quiconque aurait à redire, pour faire avancer les travaux parlementaires. La scène si mauvaise, soit-elle, laisse ainsi des traces indélébiles dans le firmament politique congolais. Quatre Députés, quatre pères de famille ou quatre leaders élus, ont payé de leur peau, le prix de l’exigence du droit à la différence. Les droits de l’homme les plus élémentaires ont été foulés aux pieds. Ce jour-là, en effet, c’est le sang qui a ahuri les autres Députés restés dans la salle au point de les déterminer, eux aussi, à vider le lieu. Le sang qui coulait à flot sur les visages tuméfiés et les corps zébrés, a été, en tout cas, le seul langage qui a dévoilé le mystère caché de cette espèce de violence suspendue telle, une épée, sur la tête des collègues de Kyungu wa Kumwanza.
Portes fermées !
La fermeture des portes de l’Assemblée Provinciale n’épuise pas le débat. Quand bien même elle est une mesure préventive, elle ne convainc pas plus d’un congolais. Elle apparaît comme une mesure transitoire, avant la sanction très attendue contre Gabriel Kyungu wa Kumwanza. Nombreux à Kinshasa sont ceux qui auraient voulu que le Président de l’Assemblée Provinciale réponde de tout ce qui s’est passé devant les cours et tribunaux. Les Députés tabassés, les travaux de la session suspendus et le fonctionnement de l’institution parlementaire provinciale perturbé.
A tout prendre, la lutte contre l’impunité, l’un des messages forts de la Tolérance zéro, aurait dû retrouvé ses lettres de noblesse, si, en pareille circonstance, le gouvernement de la République, par les Ministères de la Justice et de l’Intérieur interposés, demandaient à la justice de se saisir de Kyungu wa Kumwanza, au cours d’un procès public. « Nul n’est au-dessus de la loi », rappelle un compatriote, sous le sceau de l’anonymat. Celui-ci qui récuse le fait que le Président de l’Assemblée Provinciale soit libre de ses faits et gestes, avance, à sa manière, l’idée maitresse consistant à lui donner plutôt une double occasion : de dire un mot en termes d’explications sur ces incidents malheureux. Mais aussi, de justifier son attitude. Bénéficiant, certes, de la présomption d’innocence et jouissant de ses immunités, Kyungu ferait des émules, si jamais il restait, lui, en dehors des parvis de la justice alors que cette affaire brûle encore dans la casserole.