La situation dans la région des Grands Lacs d'Afrique s'améliore et les États-Unis demeurent résolus à maintenir cet élan positif, a affirmé le secrétaire d'État adjoint aux affaires africaines, M. Johnnie Carson, lors d'une déposition au Congrès le 25 mai.
Au cours de la séance tenue ce jour-là par la sous-commission de la Chambre des représentants sur l'Afrique et sur la santé mondiale, qui examinait les derniers développements dans la région, M. Carson a déclaré que la pièce maîtresse de ces efforts devait consister à redresser la situation dans la partie orientale de la République démocratique du Congo (RDC), « où l'absence d'autorité de l'État a favorisé la présence constante de groupes armés ».
L'appareil militaire de la RDC, les FARDC (Forces armées de la République démocratique du Congo) « est inefficace et souvent l'auteur d'abus », a déclaré M. Carson aux membres de la sous-commission. En outre, « l'appareil judiciaire et le système pénal de la RDC sont en panne, et l'impunité règne, au lieu de la responsabilité. L'exploitation illégale des ressources naturelles finance des bandes armées. La violence sexuelle a atteint un niveau de crise, en particulier dans la région orientale. L'Armée de résistance du Seigneur lance des attaques contre les populations civiles du nord-est de la RDC ainsi qu'en République centrafricaine. La mission des Nations unies en RDC, la MONUC, a atteint la limite de ses capacités. »
Le haut responsable a indiqué que lors de son entretien avec le président de la DRC, M. Joseph Kabila, le 16 avril, il lui avait exprimé son inquiétude au sujet de l'absence de sécurité que causerait le départ de la MONUC de la RDC avant que la situation dans l'est ne s'améliore et que les services de sécurité locaux soient suffisamment formés pour pouvoir protéger les civils. « Il a bien accueilli les préoccupations que je lui exprimais ainsi que celles de la communauté internationale », a fait remarquer M. Carson.
« Le président Kabila a pris des mesures importantes en vue de faire face à l'insécurité, mais elles restent insuffisantes », a expliqué M. Carson, tout en soulignant que le président a « exprimé un large soutien en faveur de notre programme de formation d'un bataillon d'infanterie légère à Kisangani ».
Cette formation comprend une attention particulière accordée à l'amélioration des pratiques des FARDC en matière de droits de l'homme, a ajouté le haut responsable.
À la fin de 2009 et au début de 2010, les États-Unis ont affecté en RDC des équipes d'évaluation chargées d'enquêter sur cinq aspects thématiques que la secrétaire d'État, Mme Hillary Clinton, et le président Kabila avaient désignés comme méritant une coopération bilatérale accrue lors de leur rencontre à Goma en août 2009. Il s'agissait de la réforme des forces de sécurité, des questions de violence sexospécifique, de la lutte contre la corruption, de la gouvernance, et de l'agriculture et de la sécurité alimentaire.
« Nous avons reçu leurs recommandations, dont nous poursuivons avec le gouvernement de la RDC celles qui, selon nous, pourront obtenir les meilleurs résultats à court et à moyen termes. De plus, nous devons être attentifs aux mouvements de population », car on compte plus d'un million de personnes déplacées dans la seule province du Nord-Kivu et deux millions de déplacés dans tout le pays, a déclaré M. Carson.
À mesure que ces personnes déplacées et que les réfugiés en RDC commenceront à rentrer chez eux, le danger d'une reprise du conflit grandira. On devra répondre aussi à des demandes accrues d'aide humanitaire alors que le gouvernement de la RDC n'est guère en mesure de la fournir, a ajouté le haut responsable.
Et enfin, en ce qui concerne toujours la République démocratique du Congo, M. Carson a dit que les États-Unis espéraient voir les élections nationales se dérouler comme prévu en septembre 2011 et les scrutins locaux un an plus tard. « Lors de mes entretiens avec le président Kabila le mois dernier, j'ai souligné l'importance de respecter ce calendrier électoral démocratique. Le gouvernement a promis que les élections seraient libres, démocratiques et transparentes. Et nous espérons que cela sera en effet le cas. »
Au sujet du Rwanda, M. Carson a dit qu'on s'attendait à ce que les élections d'août se tiennent dans un climat de paix et de non-violence tout en faisant remarquer que la situation sécuritaire à l'approche du scrutin donnait naissance à certaines inquiétudes. « Les récentes attaques à la grenade à Kigali ont fait de nombreuses victimes et ont aussi provoqué l'angoisse et le malaise chez la population civile, des attaques que nous dénonçons fermement », a ajouté M. Carson.
Les États-Unis se préoccupent aussi des récentes actions du gouvernement rwandais, qui semblent viser à restreindre la liberté d'expression. « Ces mesures comprennent notamment la suspension des licences et des activités de deux quotidiens, le retrait du permis de travail d'un chercheur de l'organisation de défense des droits de l'homme, Human Rights Watch, et l'arrestation puis la remise en liberté provisoire du dirigeant de l'opposition, M. Victoire Ingabire. Deux partis politiques, le Parti Vert et le FDU Inkingi, n'ont pas pu s'inscrire sur les listes des candidats. »
Les États-Unis ont exhorté les hauts responsables du gouvernement rwandais à respecter les libertés d'expression, de presse, d'association et de rassemblement, a souligné M. Carson. « Nous avons mis l'accent sur le fait que les organisations non gouvernementales locales et internationales de même que les médias devaient être autorisés à fonctionner et à échanger l'information librement. Nous avons aussi prié Kigali d'accorder à M. Victoire Ingabire le droit à une procédure juridique appropriée et à un procès équitable et rapide. »
« La stabilité durable au Rwanda est avant tout le résultat d'une gouvernance démocratique et du respect des droits de l'homme. Le Rwanda et ses partenaires régionaux et internationaux doivent œuvrer de concert pour assurer au peuple de ce pays les élections libres, équitables et pacifiques qu'il mérite », a souligné M. Carson.
Quant au Burundi, M. Carson a déclaré : « Nos espoirs sont les mêmes (...) pour ce pays qui vient de tenir le premier scrutin d'une série d'élections pour choisir les responsables de ses institutions gouvernementales aux niveaux local et national. Nous avons déployé de nombreux efforts en public et en privé pour renforcer le message que des élections crédibles sont nécessaires à la stabilité à long terme, à la croissance économique et au partenariat qui s'épanouit entre le gouvernement du Burundi et celui des États-Unis. »