Depuis quelques semaines, une épidémie de poliomyélite causée par le poliovirus de type 1 sévit en République du Congo, frontalière à la République démocratique du Congo. Fait gravissime à relever, cette maladie invalidante et mortelle frappe aussi bien des enfants que des adultes.
Le point focal du programme élargi de vaccination (PEV) contre la poliomyélite en RDC, Tsogbe Koffi, a livré l'information mercredi 17 novembre au cours du point de presse hebdomadaire de la Monusco. Pour empêcher l'épidémie de se propager en RDC, une campagne de vaccination générale élargie aux adultes, a été organisée dans la province du Bas-Congo, plus exposée par rapport à la proximité avec le Congo/Brazzaville dans la partie maritime commune.
"De manière générale, la poliomyélite ne tue plus. Mais ce qui se passe au Congo/Brazzaville est inhabituel, l'épidémie touche tous les âges soit entre 1 et 72 ans", a souligné le docteur Tsogbe Koffi.
La majorité de cas touchés par le poliovirus se situe dans la tranche d'âge comprise entre 15 et 29 ans. L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a dans son communiqué du 16 novembre attesté déjà 201 cas et 104 décès. Cette épidémie dont l'épicentre est la ville côtière de Pointe Noire, sévit également à Dolisie, Kayes, Mvouti et Brazzaville, où ces cas ont été enregistrés.
Pour le point focal PEV/Polio RDC, la mutation de ce poliovirus qui tue les adultes âgés entre 20 et 25 ans, pourrait s'expliquer par le fait que cette génération, suite aux conflits armés qu'a connu le Congo/Brazza, n'a pas été vaccinée normalement et n'a pas de protection et d'immunité. Le Congo/Brazza n'est pas le premier pays à vivre cette situation. Certains pays africains, notamment la Namibie et européens, ont vécu cette situation, a fait savoir le docteur Tsogbe Koffi.
Toujours dans la cadre de la riposte sous régionale contre cette épidémie, une campagne de vaccination synchronisée sous régionale couvrant toute la population et impliquant le Congo, l'Angola et la RDC, a été organisée du 12 au 16 novembre courant, grâce à l'appui de L'OMS, Unicef, Rotary International…Un autre passage est prévu au début de mois de décembre prochain.
En ce qui concerne la RDC, seule la province du Bas-Congo est ciblée pour cette campagne. Notamment les 16 zones de santé limitrophes avec l'Angola et le Congo/Brazzaville. Dans le Bas-Congo, la population à vacciner est donc estimée à 1467311 personnes.
De dispositions prises pour Kinshasa
Kinshasa et Brazzaville, sont les deux capitales les rapprochées du monde. Par précaution, la ville de Kinshasa devrait aussi être ciblée par la campagne de vaccination contre cette épidémie. Mais, le docteur Tsogbe Koffi soutient que Kinshasa n'a pas été ciblée tout simplement parce qu'il n'y a pas de cas détecté jusque là. " En épidémiologie, un seul cas constitue déjà une épidémie ", a-t-il dit.
Néanmoins, il a rassuré quant aux dispositions prises pour épargner les habitants de la ville de Kinshasa de cette épidémie. "Nous sommes en éveil avec un plan de surveillance et nous avons fait de simulations et établi un plan de riposte", a-t-il affirmé.
En terme de précaution à prendre, il a invité à une bonne hygiène, en lavant chaque fois les mains après les selles. D'autant plus que la maladie se transmet de l'homme à l'homme par voie orale ou anale.
En fait, la poliomyélite est une maladie virale. Trois types de virus sauvages (non vaccinal) provoquent la maladie chez l'homme : Il y a le virus type 1, le virus type 2 et le virus type 3. L'homme en est le seul réservoir, précise-t-on. Le virus de type 1 est responsable de grandes épidémies. La maladie entraîne une paralysie flasque aiguë des muscles, notamment des membres chez les enfants et dans les cas sévères du diaphragme par destruction des nerfs moteurs. Chez les adultes, l'atteinte du diaphragme entraîne la mort si une assistance respiratoire efficace n'est pas mise en place. En principe, la poliomyélite affecte plus les enfants en bas âge, âgés de moins cinq ans.