La charte de la Majorité présidentielle (MP) a été signée hier mardi 5 avril à Kinshasa par 27 partis politiques et 13 personnalités indépendantes. Explication : la machine électorale de Joseph Kabila est constituée et prête à se lancer dans la campagne au premier signal. Toutefois, à ce grand rendez-vous, il a été noté l’absence du Palu et de l’Udemo-alliés de l’ex-AMP- de même que de l’ARC, un ancien sociétaire de la majorité présidentielle formée en 2006. Apparemment, il n’est pas exclu qu’il y ait du grabuge dans l’air dans les jours qui viennent.
Pourtant, elle est notamment « constituée des formations politiques, des personnalités politiques indépendantes et de structures associées signataires de la charte de l’Alliance de la majorité présidentielle ».
27 partis politiques, 13 personnalités politiques de même que quelques associations ont signé hier mardi 5 avril la charte de la Majorité présidentielle (MP). Les 27 nouveaux membres de la tombeuse de l’AMP sont : Pprd, Msr, Pdsc, Rcd/Kml, Unafec, Unadef, Panu, Ccu, Codeco, Dcf/Cofedec, Uprdj, Prl, Panadis, Scode, Uldc, Pa, Afdc, Ucn, Ucrj, Peco, Mtd, Crd, Adh, Mdd, Adeco, Udeco et Cdr.
Tous les succès récoltés depuis 2006 l’ont été « grâce aux efforts de tous les membres réunis de l’Alliance de la majorité présidentielle et de ses alliés », a souligné le chef de l’Etat, Autorité morale de la Majorité présidentielle, dans une déclaration lue par le sénateur Yerodia Abdoulaye Ndombasi en réponse à la « motion de confirmation de confiance à l’Autorité morale ».
Après avoir félicité tous les membres de sa famille politique pour leur « grande discipline en dépit des vents contraires qui ont failli ébranler » leur plateforme politique, Joseph Kabila a salué les « expériences cumulées depuis 2006 grâce à la bonne gouvernance, la démocratie, le patriotisme et l’éthique républicaine ».
« Nous avons un nouveau challenge qui exige de nous plus d’efforts. J’invite chacun à plus d’efforts pour bâtir un Congo que nous voulons uni, fort et prospère. Je sais qu’en comptant sur vous, je ne serai pas déçu », a affirmé le président Joseph Kabila.
LE « DEBUT D’UNE AUTRE HISTOIRE »
En 2006, a rappelé le secrétaire exécutif adjoint Koyagialo Ngbase te Gerengo, il y a eu l’Alliance de la majorité présidentielle (AMP) pour la quête du pouvoir de l’Etat. « Contre vents et marées, nous avons gagné l’élection présidentielle et la majorité parlementaire », s’est-il réjoui. « Mais, nous avons constaté qu’il y avait des lacunes. Des voix ont demandé la restructuration de l’AMP. C’est ce qui justifie sa transformation en Majorité présidentielle constituée de tous les partis et toutes les associations qui ont décidé de poursuivre l’œuvre en vue de soutenir notre Autorité morale aux échéances prochaines », a-t-il expliqué.
Cependant, a-t-il insisté, « tout le monde a dit niet à la fusion. Tous les partis politiques restent tels qu’ils sont au sein de la majorité présidentielle. Le président Joseph Kabila va continuer à rassembler davantage les Congolais. La porte de la MP reste ouverte pour un Congo uni, fort et prospère ».
A propos de prochaines échéances électorales, Koyagialo a dit qu’« il y aura la mise en commun des mandats politiques ». La MP « n’envisage pas de liste unique » aux élections, a-t-il tenté de rassurer l’assistance.
Et pourtant dans l’assistance, ni au nombre des banderoles et drapelets des partis flottant dans le ciel du stade Vélodrome de Kintambo, aucune trace du Palu ni de l’Udemo. Encore moins de l’ARC et d’autres partis politiques moins visibles.
Que faut-il en tirer comme conséquence immédiate et à venir ? La préoccupation est de taille d’autant que Koyagialo Ngbase te Gerengo a indiqué dans son mot d’ouverture que « La naissance de la Majorité présidentielle marque la fin d’une histoire et le début d’une autre. Elle marque la fermeture d’une page et l’ouverture d’une autre ». Qu’est-ce à dire ? Que les accords politiques signés en 2006 vont tomber caducs ou survivre jusqu’aux prochaines échéances ? En d’autres termes, les deux alliés vont-ils conserver leurs postes alors que leur partenaire de 2006 vient de disparaitre et que désormais ils ont en face un nouvel interlocuteur dénommé MP. Celle-ci est dotée d’une nouvelle vision, d’une nouvelle charte, de nouveaux objectifs, de nouveaux organes, etc.
Objectifs et organisation de la MP
« L’Alliance de la majorité présidentielle (AMP) est transformée à dater de ce jour en une nouvelle plateforme dénommée Majorité présidentielle, en sigle MP », stipule l’article 1er de la charte signée à Kinshasa le 5 avril 2011 par ses membres fondateurs.
Aux termes de ce document lu par le président de la CCU, ministre de la Communication et des Médias, Lambert Mende Omalanga, la MP poursuit huit objectifs, dont le premier vise à « constituer un mouvement fort, compétitif et cohérent, capable d’affronter la nouvelle situation politique dans le pays et de renforcer l’efficacité de la gouvernance en œuvrant pour la cohésion institutionnelle ».
Si, pour le second, il s’agit de « pérenniser la vision patriotique, nationaliste et démocratique de l’Autorité morale de la MP », le troisième consiste à « resserrer les rangs des forces patriotiques et nationalistes » dans leur action de sauvegarde de l’intégrité territoriale, de l’unité nationale et de la souveraineté de la RDC.
En outre, la MP veut « renforcer l’engagement des membres de la majorité présidentielle » pour faire face aux hostilités croisées contre leur ambitieux projet de renaissance de la RDC et « accélérer le processus de mise en œuvre en RDC d’un Etat de droit et d’une société d’égalité de chances », marquée par une croissance économique forte, durable, une vision sociale et une justice distributive.
Les trois derniers objectifs portent sur la poursuite en RDC du « programme de reconstruction » (infrastructures, énergie, agriculture, environnement, éducation, santé, qualité de la vie), la radicalisation de la « lutte contre les anti-valeurs » (corruption, clientélisme, tribalisme, recours à la violence et aux voies de fait) et sur la consécration, dans la vie institutionnelle congolaise, du « dialogue », de la « transparence », du « respect des droits humains » et de la « participation citoyenne ».
L’Autorité morale, le Bureau politique, la Conférence des partis politiques et personnalités politiques indépendantes ainsi que le secrétariat général sont les organes de la Majorité présidentielle. « L’Autorité morale est le chef de la Majorité présidentielle dont elle assure la haute direction, entérine les résolutions prises en son absence avant leur mise en exécution, veille à l’unité de la Majorité présidentielle, supervise la participation des partis et personnalités politiques indépendantes membres aux échéances électorales, coordonne à cet effet la mise en commun des mandats électoraux à solliciter par les membres et assure l’arbitrage y relatif le cas échéant », dispose la charte.
Le Bureau politique ainsi que la Conférence des partis politiques et personnalités politiques sont respectivement les organes « de coordination, de conception, d’orientation et de décision » et « de concertation et de réflexion » de la MP. Quant au Secrétariat général, il est composé de 7 membres (SG, SGA, secrétaires nationaux à la mobilisation politique et à la communication, à la stratégie, à l’organisation et logistique, aux relations avec les organisations politiques et structures associées, aux finances), nommés et relevés, le cas échéant, de leurs fonctions par l’Autorité morale de la MP.
« Les ressources de la Majorité présidentielle proviennent de cotisations des membres, dons et legs et subventions. Le montant des cotisations est fixé chaque année par le Bureau politique sur proposition du secrétaire général », dispose l’article 34 de la charte. Un régime disciplinaire sanctionne les « fautes » commises par les membres de la Majorité présidentielle.
Comme on le voit, il est probable qu’il y ait du grabuge dans l’air, à moins que la clarification exigée par les alliés vienne fixer et apaiser les esprits de tous.