Vital Kamerhe ne manque pas d’arguments pour soutenir sa thèse. Face à une brochette de journalistes qu’il a réunis hier en début de soirée dans sa résidence à Gombe, le leader de l’UNC Vital Kamerhe insiste sur le fait que l’approche qu’il propose offre un double avantage. Premièrement, la publication progressive des résultats du vote permet aux militants de différents partis politiques de disposer d’une banque de données fiables, leur permettant de comparer, le moment venu, avec les chiffres définitivement validés par la Ceni. Deuxièmement, l’opposant Kamerhe a la conviction que cette démarche a également le mérite de dissiper les suspicions et de préparer les esprits à l’apaisement.
Quelles sont les corrections possibles que le président de l’UNC pourrait proposer aux gestionnaires de la centrale électorale en RD Congo ? Serein, Vital Kamerhe y répond en se référant à sa correspondance du 28 novembre dernier. C’est donc, dans cette lettre, que l’ancien candidat n°5 avait répertorié et dénoncé nombre d’anomalies ayant entaché le déroulement du scrutin. Il s’agit, entre autres, de l’interdiction d’accès des témoins de certains candidats dans les bureaux de vote, des bulletins de vote pré cochés frisant la fraude…
A propos de la prétendue requête en annulation de la présidentielle de novembre dernier, Vital Kamerhe précise : « Il y avait un projet de communiqué conjoint entre Etienne Tshisekedi, Léon Kengo wa Dondo et moi, dans le sens de solliciter l’annulation du vote. Nous avons ainsi été motivés par les premiers éléments mis à notre disposition aux premières heures du déroulement du scrutin. Mais, lorsque nous nous sommes rendu compte de l’évolution de la situation dans différents bureaux de vote, l’intention de rédiger ledit communiqué s’est avérée inopportune. D’ores et déjà que le peuple avait lui-même doublé de vigilance pour mettre la main sur les convoyeurs des bulletins de vote préalablement remplis, ma lettre du 28 novembre devenait nulle parce que la situation avait évolué sur le terrain».
CHACUN EST VAINQUEUR
Selon qu’on soit Kabiliste, Tshisekediste ou Kamerhiste, chacun a ses résultats. Chacun donne son leader pour vainqueur du scrutin. C’est donc cette guerre de tendances aussi contradictoires les unes les autres. Surtout lorsque les chiffres portent sur une même circonscription. Malheureusement, c’est sur base de ces appréhensions que les militants des partis politiques antagonistes fondent leur opinion. Voilà qui justifie, entre autres, la tension latente et permanente qui couve l’opinion nationale.
Selon Vital Kamerhe, ces différentes données déjà à la disposition des sympathisants des candidats les plus en vue de la présidentielle du 28 novembre dernier, constituent un danger réel. Le « péril » tient au fait que si ces chiffres, comparés avec ceux de la CENI s’avéraient discordants, les militants des partis politiques se fiant aux premières données à leur disposition, seraient sans doute enclins à la violence pour manifester leur désapprobation. A cinq jours de la publication des résultats du vote, Vital Kamerhe interpelle la Communauté internationale, principalement les Nations-Unies dont la mission première est de préserver la paix à travers le monde.
« Le pays n’a pas besoin de vivre des scènes d’horreur comme celles de la Côte d’Ivoire. Pour le pouvoir, je ne me vois pas instrumentaliser des milliers des Congolais et les exposer inutilement à la mort », a déclaré Vital Kamerhe, lors de ce face-à-face d’hier avec les médias tant nationaux qu’étrangers. En cas de victoire, Joseph Kabila envisage l’éventualité d’un Gouvernement de large union nationale. L’UNC sera-t-elle partie prenante ? La question est à la fois tendancieuse et provocatrice.
Mais, Vital Kamerhe y répond sans ambages. « Je suis content que le président sortant ait utilisé le « si ». Honnêteté intellectuelle oblige, c’est une très bonne chose. Car, en toute compétition, il est conseillé d’envisager aussi l’alternative contraire. C’est-à-dire l’échec.
En ce qui concerne le projet d’un Gouvernement d’union nationale, laissez-moi vous dire que l’UNC est un parti politique qui a ses structures. Il ne m’appartient pas de donner une quelconque position de mon parti au stade actuel des choses. Le moment venu, les organes du parti décideront ».
QUID DE LA RENCOTRE AVEC ETIENNE TSHISEKEDI ?
Vital Kamerhe avait-il coupé tout lien avec Etienne Tshisekedi ? « Pas du tout », rétorque le numéro 1 de l’Union pour la nation congolaise. « Je suis président d’un parti politique, autant qu’Etienne Tshisekedi. J’avais rejeté la fameuse proposition de candidature commune de l’opposition au profit d’une approche d’encerclement. Si je m’étais désisté en faveur d’Etienne Tshisekedi, cela voudrait dire que j’ouvrais un boulevard royal à Joseph Kabila dans l’Ets du pays. J’ai préconisé l’encerclement. Les tendances sont là. Chacun n’a qu’à apprécier si cette stratégie a donné du bon fruit ou pas. Avec le Vieux (Ndlr : Etienne Tshisekedi), nous avons convenu d’être ensemble et nous serons toujours ensemble. Dieu aidant, nous dirigerons le pays ensemble », a conclu Vital Kamerhe.
COMMUNIQUE DE PRESSE DE L'HONORABLE VITAL KAMERHE
Mesdames et Messieurs de la Presse,
Par notre lettre nr 048/PN/UNC/VK/CL/2011 du 28 novembre 2011, nous dénoncions les cas de fraudes électorales répertoriés par nos services dans plusieurs coins de la République.
Nous soulignions le fait que :
Tout en étant démocrate et pacifiste, nous serons le premier à contester ces élections frauduleuses si rien n'est fait du coté de la de la CENI, de la MONUSCO et de la Communauté internationale, soit pour corriger ou annuler ce scrutin de la honte. " (Paragraphe 1, page 11).
C'est également ici l'occasion de dire à l'opinion tant nationale qu'internationale qu'à ce jour, je n'ai signé avec qui que ce soit un communiqué demandant l'annulation de ce scrutin. Toute information contraire ne peut relever que de la fausse rumeur.
Je voudrais également indiquer, comme nous l'avions soulevé avec insistance, que ce scrutin s'est organisé dans une précipitation qui n'en a pas garanti le bon déroulement.
Pour preuve, des cargaisons entières des bulletins de vote continuent à arriver de l'Afrique du Sud et des électeurs sont encore d'accomplir leur devoir en ce moment, sans que l'on ne comprenne par ailleurs le choix des circonscriptions bénéficiant de cette prolongation de fait.
Le peuple Congolais, déterminé à prendre son destin en main, a fait preuve de vigilance, de veille et d'éveil patriotiques, en assurant la surveillance et l'observation des scrutins, en dénonçant spontanément, en déjouant parfois au péril de sa vie, les faits et actes de fraudes. C'est ici le lieu de lui rendre un vibrant hommage, de l'exhorter à rester éveillé et calme dans l'attente de la publication des résultats finaux afin que triomphe son choix et seul son choix.
Je souhaiterais aussi que, pour plus de transparence, la CENI mette à la disposition des médias, les résultats de vote, au fur et à mesure, pour qu'ils soient rendus immédiatement publics ; ce qui éviterait la possibilité de manipulation frauduleuse dans des centres de compilation et ainsi, de participer à l'apaisement.
Je vous remercie.
Fait à Kinshasa, le 30 novembre 2011
Vital KAMERHE