Voilà un mois et trois jours depuis que le président de la République, Joseph Kabila Kabange, réélu à sa propre succession, a prêté le serment constitutionnel au Mont Ngaliema. Mais depuis, le peuple congolais n’a plus de ses nouvelles ni de ses activités. La population s’attendait à le voir lors des festivités marquant le onzième anniversaire de la mort de son père-prédécesseur, Laurent-Désiré Kabila, sans oublier celui de Patrice–Emery Lumumba, ces deux héros nationaux, comme il a coutume d’honorer de sa présence ces deux cérémonies. C’est en vain qu’on a cherché à le voir. Le président de la République s’est fait représenter par le professeur Evariste Boshab, président de l’Assemblée nationale. Juste ce qu’il fallait pour entretenir des rumeurs de tous ordres que relaie facilement la radio trottoir.
Il est vrai que le chef de l’Etat a eu un emploi de temps trop chargé, surtout durant cette laborieuse campagne électorale. Il est le seul de tous les candidats à l’élection présidentielle à avoir quadrillé le pays, d’Est en Ouest, du Nord au Sud, apportant un message d’espoir en vue de sa réélection. Il a donc parcouru tout le pays, parfois dans des conditions climatiques peu clémentes, en avion comme en véhicule, sans oublier de longs trajets à pieds pour communier d’esprit avec le peuple congolais.
En tant qu’être humain, il mérite bien un repos, le «repos du guerrier», dirait-on pour se reconstituer, se refaire des forces afin de continuer sa lourde tâche. Sur ce point, ce silence trouve là une réponse plausible.
Autre explication valable, c’est qu’à l’instar de tout le monde, le président de la République met ce temps à profit pour attendre les résultats des législatives afin d’avoir une idée exacte de la future configuration du paysage politique. Particulièrement, au sein de l’Assemblée nationale. Ce qui lui permettrait de disposer d’arguments pour faire une rentrée politique consistante.
LA PSYCHOSE DU VIDE
Mais hélas. Le président de la République ne s’appartient plus. Il est au service du peuple congolais. Aussi, ce long silence d’un mois a créé une «psychose d’un vide» et entretenu des rumeurs de tous ordres. L’on a eu l’impression que quelque chose manquait et que l’on avait besoin d’entendre une «voix», la sienne, face à l’évolution de la situation dans différents secteurs de la vie nationale.
C’est le cas notamment de l’application de la Taxe sur la valeur ajoutée, TVA. Taxe qui a plongé, jusqu’ici, la population dans le désarroi. On a senti le gouvernement désemparé, multipliant réunions extraordinaire et spéciale, alors que cette décision a été prise par le gouvernement. Subitement, tout se passe comme si cette décision n’a pas été mûrement et longuement réfléchie.
Ajouter à cela la complexe situation qui prévaut à la CENI, avec ces reports en cascade de la publication des résultats des législatives 2011. Autant la classe politique est embarrassée, autant la population est inquiète et désorientée.
Comme si cela ne suffisait, des rumeurs se sont amplifiées, accentuant ainsi cette «psychose du vide». Une situation qui ne peut perdurer tant elle permet aux oiseaux de mauvais augure de s’adonner à leur jeu favori de «faiseurs des rumeurs». Il est temps que le président de la République rompe le silence. Telle est la volonté populaire.