Le gouvernement de Kinshasa a été accusé de mollesse dans l’affaire des expulsions de ses citoyens. Plusieurs lui avaient suggéré de rappeler son ambassadeur en poste à Brazzaville, de rompre les relations diplomatiques, d’appliquer la réciprocité, et au besoin de fermer la frontière.
Mais le ministre Lambert Mende explique que ce genre de réaction aurait porté préjudice aux Congolais qui sont restés au Congo Brazzaville :
« En tout état de cause, le gouvernement de la RDC estime avoir bien fait en traitant ce problème grave avec toute la circonspection qu’il mérite. Ceux qui tiennent à pousser les autorités de la RDC sur les chemins d’une réaction viscérale, d’exaspération font peu cas des 92 à 95 % de congolais de Kinshasa qui demeurent encore à un titre ou à un autre dans ce pays voisins. Et il est prudent de ne pas compromettre leur quiétude par des décisions à l’emporte-pièce », a-t-il souligné.
Commission d’enquête
Au cours d’un point de presse tenu mercredi à Kinshasa, la secrétaire national chargée de la communication de la VSV, Laurette Misenga, a demandé la mise en place d’une commission mixte d’enquête sur les conditions d’expulsion des ressortissants de la RDC du Congo (Brazzaville).
A en croire cette ONG, les informations en sa possession font état de traitement cruel, inhumain ou dégradant et de la pratique de la torture.
La VSV a expliqué que cette commission sera aussi chargée d’établir les responsabilités à tous les niveaux.
Cette ONG envisage d’ester en justice les autorités de Brazzaville à la Cour pénale internationale (CPI) en synergie avec les défenseurs des droits humains du Congo voisin afin d’éviter l’impunité.
La VSV a aussi appelé les deux gouvernements à privilégier des voies apaisées et diplomatiques pour mettre immédiatement fin à ces expulsions.
Cette ONG a demandé aux autorités de la RDC de prendre en charge de manière effective, complète et appropriée tous les expulsés sans discrimination, et de mettre en œuvre des mesures sécuritaires et humanitaires d’encadrement aux frontières des deux états. Ce qui n’est pas le cas actuellement.
Désespoir des expulsés
Depuis trois semaines, les ressortissants Congolais qui quittent Brazzaville, ne cessent d’arriver au Beach de la Société congolaise des transports et ports (SCTP).
Ceux qui ont regagné le pays mercredi avant-midi, ont déclaré qu’ils quittaient d’eux-mêmes le Congo (Brazzaville), cédant aux menaces d’expulsions.
Il y a des expulsés qui ont carrément abandonné les membres de leurs familles à cause de cette pression :
« J’ai tellement souffert que j’ai du abandonner mon fils de 15 ans qui est resté en prison », a déclaré une femme désespérée.
Trois bateaux de la SCTP remplis de personnes en règle ou sans papiers, en bonne santé ou malade ont accosté au port. Certains expulsés affirment avoir été victimes de violence.
D’autres encore reviennent au pays dans un état de santé critique après avoir été victime de violence. C’est le cas d’un homme d’une trentaine d’année que les reporters de Radio Okapi ont retrouvé dans les bureaux de la Croix-Rouge.
Il n’arrive pas à se tenir debout à cause des coups reçus lors de son retour de Brazzaville, explique-t-il.
Dans le groupe des expulsés, il y a beaucoup de femmes. Certaines ne retrouvent plus leurs jeunes enfants dans le désordre. Chacun cherche à se frayer un chemin dans la foule qui se trouve au Beach, pendant que le personnel de l’immigration tente d’identifier toutes ces personnes avec les moyens du bord.
Quelques personnes ont manifesté contre ces expulsions sur l’avenue Lukusa à l’entrée du port.
Une manifestation qui s’est achevée devant l’ambassade du Congo Brazzaville sur le boulevard du 30 juin.