Le calme est revenu dans la ville de Kinshasa ce mardi 22 août 2006, après deux jours de violence. Un "groupe de travail" est créé pour mettre fin aux affrontements qui ont opposé les troupes du vice-président Jean-Pierre Bemba et des éléments de la garde présidentielle de Joseph Kabila, les deux adversaires du second tour de l’élection présidentielle.
Le calme est revenu mardi après-midi à Kinshasa, où les militaires fidèles au président congolais Joseph Kabila et au vice-président Jean-Pierre Bemba ont commencé à se retirer des rues du centre-ville, pour regagner leurs bases.
La Police Nationale Congolaise devait reprendre ses patrouilles ce mardi soir, aux côtés de la MONUC, de l'EUFOR et de l'EUPOL, selon un communiqué du "groupe de travail" constitué à l'initiative du CIAT, en accord avec les deux protagonistes de la crise, pour "normaliser la situation".
Il rassemble les autorités forces de sécurité congolaises (Ministère de la Défense, FARDC, Police Nationale et Garde Républicaine), des représentants du président et du vice-président, ainsi que des forces internationales.
Le groupe a également décidé le renvoi à leurs bases de toutes les unités des Forces Armées (FARDC) déployées dans la capitale et appelé la population de la capitale "à vaquer à ses occupations habituelles dès demain".
Les troupes de la MONUC contrôlaient cet après-midi le boulevard du 30 juin (la principale artère de Kinshasa) et les principaux carrefours. Le calme règne également dans les quartiers populaires de l’est de la ville, restés pour l’essentiel à l’écart des troubles.
Ces négociations devraient être suivies d’une rencontre entre Joseph Kabila et Jean Pierre Bemba, demain mercredi 23 août, suite à une médiation initiée par la MONUC, mission des Nations Unies au Congo. Le chef de la mission, William Swing, a appelé plutôt ce mardi les belligérants à cesser « immédiatement les affrontements » et les deux candidats à la présidentielle à se rencontrer « de toute urgence pour le bien du processus démocratique et surtout de la population congolaise ».
Le représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies, a rencontré ce mardi le président Kabila, en compagnie des ambassadeurs du CIAT (Comité International d’Accompagnement de la Transition). A l’issue de la discussion, Joseph Kabila s’est prononcé pour le « cantonnement immédiat » des troupes des deux camps.
Les mêmes diplomates ont rencontré hier Jean-Pierre Bemba pour examiner la situation tendue qui prévaut dans la capitale depuis dimanche soir et l’annonce des résultats du premier tour de l’élection présidentielle.
Des tirs à l’arme lourde visant cette résidence ont contraint à leur évacuation par des troupes de la MONUC soutenues par une unité de l’EUFOR, qui entrait en action pour la première fois depuis son arrivée en République Démocratique du Congo.
Des éléments de la garde présidentielle avaient conduit cette attaque contre la villa du vice-président, les deux camps se rejetant la responsabilité de l’escalade dans la violence.
Les troubles avaient commencé dimanche en fin d’après-midi, suite à des affrontements opposant la Police Nationale Congolaise et la garde chargée de la protection de Jean Pierre Bemba.
Selon des témoins, une confusion serait à l’origine des troubles. Des soldats de la garde du vice-président, qui protégeaient le siège de Canal Kin TV, auraient tiré des coups de semonce après avoir observé un individu suspect près du bâtiment.
La panique s’était alors emparée de piétons et de la Police Nationale, qui ripostait, la confusion tournant à l’affrontement, en particulier dans le quartier de la Gombe au centre ville de Kinshasa puis autour de la résidence du vice-président Jean-Pierre Bemba.
Les affrontements ont fait plusieurs victimes depuis dimanche, dont au moins quatre morts ; mais le bilan demeure incertain. Depuis deux jours, le centre-ville de Kinshasa est déserté, bureaux et magasins fermés. Les corps de victimes des affrontements étaient encore visibles dans les rues de la ville ce mardi en fin d'après-midi.
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