417 personnes parmi lesquelles des femmes, des enfants et des «shegués» (enfants de la rue) ont été interpellées dans la nuit du 11 au 12 novembre à Kinshasa par la Police nationale congolaise (PNC). Cette interpellation fait suite aux combats survenus dans la capitale dans la matinée du 11 novembre et ayant fait quatre morts dont un militaire des FARDC.
Dans un communiqué officiel du gouverneur de la ville-province de Kinshasa, cette interpellation est consécutive à la décision d?empêcher tout attroupement et toute manifestation non autorisés à Kinshasa.
Dans ce communiqué, le gouverneur annonce un renforcement des patrouilles policières a Kinshasa et précise que parmi les personnes interpellées, figurent 39 femmes et 87 mineurs dont 3 bébés.
Selon le gouverneur «Ces personnes étant devenues des récidivistes ; sur instruction du ministre de l?Intérieur, Décentralisation et Sécurité, elles sont mises à la disposition du Service national qui va procéder, aux frais de la ville-province de Kinshasa, à leur encadrement, notamment en les initiant aux travaux de production, spécialement la production agricole, en leur apprenant à exercer un métier, les aidant à devenir utiles à elles-mêmes et à la nation par la promotion d?une politique de sédentarisation».
Le communiqué précise que, ces personnes, à l?exception des femmes, seront transférés au centre pilote du Service national à Kanyama-Kasese dans la province du Katanga. Les femmes seront transférées dans un centre de Menkao, sur le plateau des Bateke à Kinshasa.
Cette intervention de la PNC, qui s?est poursuivie jusqu?au lundi 13 novembre et qui peut être saluée à certains égards, soulève tout de même des interrogations.
Toutes les personnes interpellées n?étaient pas impliquées dans les affrontements du 11 novembre 2006 à Kinshasa. Par conséquent, si aucune charge n?est retenue contre celles-ci, elles doivent être relâchées.
Les performances actuelles de la PNC, grâce au soutien de la Monuc et de Eupol leur permettent d?atteindre un standard acceptable par rapport au respect des droits de l?homme. Pour preuve, les personnes interpellées en flagrant délit de trouble à l?ordre public et contre lesquelles des charges ont déjà été retenues risquent d?être déférées à Makala en attendant d?être jugées.
Par contre il est difficile de comprendre pourquoi cette même police, sur ordre de l?Amiral Liwanga Mata Nyamunyobo, gouverneur de la ville-province de Kinshasa, décide de déporter une partie de cette population dans des centres de formation paramilitaire et civique qui ne sont plus opérationnels depuis des lustres.
Cependant, même si l?interpellation de personnes directement ou non impliquées dans des affrontements ou troubles à l?ordre publique fait partie des prérogatives de la police, aucun texte ne permet aux services de sécurité de transférer, contre leur gré, des personnes non jugées dans des centres de formation où les conditions de vie laissent à désirer.
En attendant de voir si les autorités policières de Kinshasa iront jusqu?au bout de cette logique, l?on peut également s?interroger sur les conditions de détention à l?Inspection provinciale de Kinshasa (IPKin) de toutes ces personnes, quand on connaît les conditions de vie dans les centres de détention de Kinshasa.
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