Alors qu’ils pensaient avoir fait correctement leur part de travail, les interrogations n’ont pas cessé de s’accumuler au sujet de l’identité de ces différents morts, de leurs lieux de résidence, des causes de leurs décès, des conditions de leur enterrement dans une fosse commune, de la sous-information du public. En sus des réactions des organisations politiques et sociales nationales qui soupçonnent le pouvoir en place de n’avoir pas joué la carte de la transparence, des partenaires extérieurs paraissent eux aussi dans le doute.
Bien que tenus par le devoir de réserve, ils n’en continuent pas moins d’exiger une enquête transparente et crédible. A cet effet, l’on a appris que la Belgique est prête à mobiliser 1,5 millions d’Euros en faveur du Bureau Conjoint des Nations Unies aux Droits de l’Homme, afin que toute la lumière soit faite sur le charnier de Maluku. A ce sujet, le ministre Belge des Affaires Etrangères, Didier Reynders, avait émis le vœu de voir le cimetière de Maluku sanctuarisé.
Pas plus tard que ce week-end, l’Union Européenne vient de donner de la voix, en indiquant qu’elle est prête à mettre en jeu les moyens requis pour « une enquête urgente, transparente et crédible ». On se souvient qu’en son temps, l’Ong Human Rights Watch avait souligné qu’elle attendait de prendre connaissance du rapport administratif du Vice-premier ministre et ministre de l’Intérieur avant de réagir. Ceux qui connaissent l’attachement de cette Ong à la vie humaine, ne se font pas d’illusion quant à son souci de voir la fosse commune de Maluku livrer ses secrets.
Ainsi, pendant que les autorités politiques et judiciaires congolaises attendent les conclusions des enquêtes des services déjà à l’œuvre sur le terrain, à savoir l’ANR (Agence Nationale des Renseignements), la Police Nationale Congolaise, la Police Scientifique, la Police Judiciaire, l’Auditorat Militaire, le Parquet près de le Tribunal de Paix de Kinkole…les partenaires extérieurs considèrent que le dossier se trouve encore au point mort. En clair, ils attendent la mise sur pied soit d’une commission d’enquête mixte comprenant des enquêteurs congolais et étrangers, soit d’une commission internationale dirigée par des enquêteurs indépendants totalement neutres.
En tous les cas, le souci qui anime présentement tout le monde est que la vérité puisse éclater dans le dossier de la fosse commune de Maluku. S’il appert qu’après examen des fiches médicales, des pièces d’identité, des certificats de décès, des permis d’inhumation, des morts restent toujours inconnus ou des renseignements concernant restent sujets à contestation, les autorités congolaises devraient se plier à la solution extrême consistant à autoriser l’exhumation des corps.
A cet effet, le Vice-Premier ministre et ministre de l’Intérieur, Evariste Boshab, avait déjà ouvert la brèche en soulignant, lors de sa rencontre avec les animateurs des Ong nationales et internationales de défense des droits de l’homme que si cela s’avérait nécessaire, le gouvernement congolais ne s’opposerait pas à une demande d’exhumation des corps. D’aucuns pensent que dans le souci de ne laisser aucune zone d’ombre dans le dossier, il serait indiqué que l’opinion tant nationale qu’internationale sachent combien de bébés, de fœtus, d’enfants et d’adultes reposeraient dans la fosse commune de Maluku. Cet exercice pourrait fournir des réponses édifiantes sur les identités des morts et les causes de leurs décès.
C’est le lieu de relever, encore une fois, qu’une ou des enquêtes qui s’arrêteraient avant l’étape de l’exhumation des corps pourrait laisser planer le doute sur la nature anormale de la fosse commune de Maluku et sur ce que les autorités congolaises considèrent comme une opération de routine.
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