Il n’arrive pas souvent de tomber sur une information du genre de celle qui vient d’être donnée par le ministère de la Justice et des Droits humains. En fin de semaine, agissant pour le compte du gouvernement de la République, le Garde des sceaux, Luzolo Bambi Lessa, a exigé des comptes à une brochette de dirigeants politiques, hommes d’affaires et mandataires publics. Serait-on en train de s’acheminer vers l’application des lois opposables à tous ? En tout cas, c’est l’impression qui se dégage avec les dernières injonctions du ministre de la Justice au Procureur général de la République, à l’Auditeur Général des FARDC et aux autres magistrats des parquets.
La semaine qui commence promet d’être mouvementée. Le ministre de la Justice et des Droits humains, Luzolo Bambi Lessa, issu du rang de la Majorité, a reçu l’ordre de pourchasser tous les « kuluna » en cravate. Sur la ligne de mire du ministre, de gros calibres tant de la sphère politique qu’économique.
Sur cette liste non exhaustive, le gouverneur de la ville de Kinshasa, un puissant homme d’affaires propriétaire d’une grande entreprise de construction, le commissaire général du Cinquantenaire, les administrateurs délégués généraux de la RVA, des LAC, de l’OVD et de la Sonas, les directeur généraux de l’Autorité de l’aviation civile congolaise et de l’Agence congolaise des grands travaux (ACGT) ainsi que certains officiers supérieurs des FARDC et de la PNC –pour indices visibles de corruption en leur qualité d’agent payeur de leurs administrations respectives.
On cite à titre indicatif la construction des immeubles et hôtels particuliers tels que Venus Hôtel à la Gombe, immeuble à six étages sur l’avenue Lutshatsha dans la commune de Lemba derrière l’institut Mokengeli,…
Tout ce monde doit passer à la trappe au nom de la « Tolérance zéro ».
Que des personnalités comme Denis Kalume, général de son état et ancien ministre, André Kimbuta, gouverneur de Kinshasa, soient poussées à s’expliquer sur la gestion des fonds mis à leur disposition, ne signifie-t-il pas que la RDC est engagée résolument dans la voie de la refondation de l’Etat congolais? N’est-ce pas aussi une façon de rendre honneur à la Constitution qui reconnaît en son article 12 que : « Tous les Congolais sont égaux devant la loi et ont droit à une égale protection des lois» ?
C’est l’impression qui se dégage des injections faites depuis la semaine dernière par le ministre de la Justice et des Droits humains au Procureur général de la République et autres magistrats des parquets.
ALLER DE L’AVANT
Le message délivré par le gouvernement en ce qu’il fait suite à une série d’instructions du président de la République, dans le cadre de l’opération « Tolérance zéro », est tombé à point nommé. Il s’agit, en fait, de continuer à faire triompher un idéal auquel tout le monde devra s’arrimer si l’on tient à voir le pays devenir un modèle de bonne gestion de la chose publique.
Il le faut bien surtout lorsqu’on sait que la RDC traîne avec elle l’image d’un pays qui n’est pas très bien loti en matière de bonne gouvernance. Certainement, ce n’est pas pour amuser la galerie que le gouvernement de la République est monté sur ses grands chevaux.
En tête de liste, le gouverneur de la ville de Kinshasa, le directeur général de l’Agence congolaise des grands travaux, l’administrateur directeur général de l’Office des voiries et drainages et le Commissariat général du Cinquantenaire de la RDC se trouvent ainsi dans l’obligation de rendre compte de la manière dont ils ont géré les fonds publics mis à leur disposition. Dans un premier temps, l’opération est circonscrite à ce niveau en attendant que le processus puisse se poursuivre dans d’autres parties de la République.
Blague au coin. La machine est bel et bien lancée. Dans la foulée, il a été demandé au chef de l’Administration urbaine de « transmettre à toutes fins utiles en urgence tous les contrats relatifs à l’assainissement et la réhabilitation de la voirie de la ville de Kinshasa ». Le même exercice est exigé du patron de l’ACGT, de celui de l’OVD et du Commissaire général du Cinquantenaire de la RDC.
Dans les milieux gouvernementaux, l’on ne cache pas la détermination d’aller de l’avant dans un dossier où la vérité s’impose d’elle-même. Aussi bien en ce qui concerne le rapport sur les fonds décaissés pour l’organisation du Cinquantenaire, que leur utilisation que pour l’ensemble des contrats relatifs aux travaux de voirie de la ville de Kinshasa.
Le problème ayant été mis sur la place publique, il est question que l’enquête puisse être menée dans les règles de l’art, tout en évitant que la machine se grippe quelque part.
Dans tous les cas, il n’y a rien à craindre de ce côté. L’on espère que toutes les dispositions sont prises pour que les choses puissent se passer normalement.
Il revient aux magistrats qui ont reçu les injonctions du ministre de la Justice d’agir sur le plan judiciaire pour que le peuple mesure la vraie force de la justice et de la loi.
Dans tout le cas, la force revient à la loi. Espérons que la série va continuer. Mais à qui reviendra le prochain tour ?