Les membres du Comité Politique de l’AMP (Alliance de la Majorité Présidentielle) étaient réunis en « Conclave » le week-end dernier dans la ferme présidentielle de Kingankati, dans la banlieue Est de Kinshasa, sous la direction de leur « Autorité morale », Joseph Kabila. A en croire un bref compte rendu fait à la presse par le Secrétaire Exécutif de cette plate-forme, Louis Koyagialo Ngbase Te Gerengbo, il s’agissait de faire l’état des lieux et de discuter des stratégies à mettre en place en prévision des échéances électorales de 2011 à 2013. Les détails des résolutions arrêtées à cet effet seront communiqués à l’ensemble de la famille politique du chef de l’Etat au cours d’une manifestation publique, a-t-il promis.
Interrogé au sujet des divergences et tensions ayant secoué l’AMP il y a quelques semaines, Koyagialo les a placées dans la droite ligne du débat démocratique, du droit de chaque membre à la libre expression et à la contradiction, de la participation à la vitalité de la plate-forme. Il a comparé l’AMP à un corps dont la preuve de la vie est donnée par l’activisme de ses composantes. Pour les observateurs, le fait pour Joseph Kabila de battre le rappel des troupes à quelques mois de la fin de la législature en cours, est une indication sur sa détermination de mettre tous les oeufs dans son assiette avant que les adversaires potentiels ne sortent de leur torpeur. On présume qu’à cette occasion, il a fait passer le message de la cohésion, de la discipline de groupe, du respect des consignes, de la nécessité de la participation de tous à la réussite de l’objectif commun, celui de sa victoire dès le premier tour de l’élection présidentielle mais aussi celui de la conservation de la majorité parlementaire. L’Alliance de la Majorité Présidentielle est manifestement en ordre de bataille. Après la grande tempête de mai-juin 2010 caractérisée par des velléités de soutien à la motion de censure de Jean-Lucien Bussa contre le Premier ministre Muzito et la création d’une nouveau regroupement politique piloté par Antipas Mbusa, Modeste Bahati, José Endundo et Olivier Kamitatu, et le sévère rappel à l’ordre adressé aux des candidats à la dissidence, à la même ferme de Kingankati, mais aussi les remous suscités par les résolutions de l’Université du Centenaire du PPRD à Kisangani, il était vraiment temps, pour Kabila de mettre tout le monde au pas. 2011 : terrible test de visibilité A l’image de toutes les plates-formes politiques, l’AMP ne peut manquer de souffrir de la maladie du nombre, laquelle se caractérise par la manie des partis de mallettes à vivre sous le couvert de ceux ayant une assise réelle sur le terrain. C’est notamment pour clarifier des choses que lors de son Congrès de Kisangani, baptisé Université du Cinquantenaire, le PPRD (Parti du Peuple pour la Reconstruction et la Démocratie) avait tenu à mettre les points sur les « i », en cherchant à savoir qui apporte réellement quoi à l’Autorité morale de la plate-forme depuis sa victoire électorale de 2006. La même interrogation va fatalement s’inviter au débat, dans le cadre de la campagne électorale de 2011. En effet, le label AMP ne devrait pas servir de couverture à la médiocrité au sein de la famille politique du Chef de l’Etat, ni d’instrument de chantage et d’intimidation contre les compatriotes candidats aux mandats électifs mais non membres de la majorité parlementaire. Puisque l’on parle d’élections libres, démocratiques et transparentes, chaque formation ou personnalité politique qui revendique une alliance avec Kabila devrait le mériter réellement dans l’urne. Autrement dit, les gestionnaires des partis-directoires, tribaux, à base familiale, inexistants sur le terrain devraient avoir l’honnêteté, le moment venu de s’effacer, au lieu de faire la mouche du coche et de sortir du bois, après l’abattage du gros gibier par ceux qui auront mouillé leurs tenues, pour réclamer le partage des dividendes politiques. Après Kingankati, le temps est venu, pour les « disciples » du Raïs ayant réellement une emprise sur les masses, de le démontrer sur le terrain, face naturellement à la « concurrence », dans un combat politique à mener selon les règles de l’art.