Ce forum, qui a suscité tant bien que mal l’espoir de voir la dynamique de salle « libérer » les réflexions des «Concertateurs», s’est malheureusement enlisé dans le verrouillage du débat et la politique de l’autruche. Sous la conduite des «initiés», les participants se sont laissés embarquer dans l’endossement des «Résolutions » en contradiction avec les intérêts des masses. On apprend que les règles universellement admises dans les travaux en plénière prévoient des possibilités d’amendement ou de rejet des rapports adoptés en «ateliers», sont superbement bafouées.
Les principaux signaux partis du Palais du peuple, de l’hôtel Invest, de l’hôtel Le Royal et du Centre Interdiocésain, ont laissé poindre à l’horizon, la perspective du partage du pouvoir entre « Concertateurs » soit dans le cadre d’un gouvernement dit de large union nationale, soit sous la formule du « 1+2 » (un président et deux vice-présidents), avec à la clef la liquidation sans frais de l’architecture institutionnelle issue des élections non transparentes de novembre 2011 et le retour à la case-départ, pour un nouveau bail de 5 ans (2013-2018). Une nouvelle transition qui ne dit pas son nom pourrait ainsi permettre au pouvoir en place de contourner la difficulté de révision de l’article 220 de la Constitution et de conférer une légitimité « consensuelle » aux gouvernants contestés depuis deux ans comme à ceux dont les mandats sont arrivés à expiration à l’échéance de 2011.
Des questions de fond sans réponses
Quelles réponses les « Concertateurs » vont-ils donner à leurs frères et sœurs privés de paix depuis 1994 au Nord-Kivu ? Quelles justifications vont-ils fournir à la Nation face à l’énigme de la tenue concomitante des Concertations nationales et des pourparlers de Kampala entre le gouvernement congolais et les rebelles du M23 ? Les Congolais devraient-ils attendre la convocation d’un autre Dialogue national, avec à l’ordre du jour l’examen des «Conclusions» de Kampala (amnistie générale des membres du M23, intégration dans l’armée et les institutions, projets de développement spécifiques du Nord-Kivu), rapatriement et réinsertion sociale des réfugiés présents en Ouganda, au Rwanda et au Burundi, dédommagements pour biens spoliés, co-administration du Nord-Kivu) ? Faudrait-il un second round de Dialogue entre la majorité au pouvoir et les forces politiques et sociales exclues des Concertations nationales, pour discuter de la crise de légitimité, de l’Etat de droit, de la démocratie, du respect de la durée des mandats constitutionnels, des réformes économiques et sociales de nature à impulser le développement intégré de la société congolaise ?
Des « Concertations » sans objet
De l’avis de nombreux compatriotes qui vivent, depuis des décennies au rythme des Tables rondes, Congrès du MPR/Parti-Etat, des Etats généraux déjà tenus dans tous les secteurs de la vie nationale (Politique, Economie, Sports, Transports, Sécurité, Environnement, Industrie, Justice, Education, Santé, Recherche Scientifique, Télécommunications, Administration publique, Médias), Conférences, Colloques, Séminaires… tout a été dit sur l’état réel de la Nation. Qu’est-ce que les Concertations nationales vont apporter aux Congolais par rapport aux « Résolutions » de la Table Ronde (1960), aux « Dix fléaux » épinglés, en son temps, par le Bureau Politique du MPR (1980), aux « Résolutions » de la 2me Session Extraordinaire du Comité Central (1986), aux « Actes » de la Conférence Nationale Souveraine (1992).
Il existe, dans les archives de l’histoire nationale, des tonnes de « Résolutions » dans tous les domaines de la vie nationale. L’on pourrait, à la limite, en exhumer quelques unes pour les adapter au contexte. Mais, dans leur ensemble, des réflexions vieilles de plusieurs décennies gardent encore toute leur pertinence et peuvent favoriser, si elles sont correctement appliqué, l’émergence d’un nouveau Congo, « plus beau qu’avant », comme décliné dans l’hymne national, où tout le monde vivrait en paix, où couleraient le lait et le miel au bénéfice de tous, où tout le monde serait l’ami et le frère de tout le monde, où l’exercice des charges publiques serait un apostolat plutôt qu’une source d’enrichissement personnel.