Au moment où l’Opposition congolaise s’interroge sur ce qui va lui arriver lorsque sera ouverte la campagne pour les élections des conseillers et chefs de secteurs, des conseillers municipaux, des bourgmestres, des conseillers urbains, des maires des villes, des députés provinciaux, des sénateurs et des gouverneurs de provinces, la grande inconnue est de savoir si l’appel de l’Union Européenne sera entendu par les autorités congolaises. Si le message est capté cinq sur cinq à Kinshasa et qu’il est laissé, aux leaders de l’Opposition, la liberté de prendre langue avec leurs « bases », dans le respect de la loi et en toute responsabilité, l’on pourrait croire à une volonté d’organisation d’une compétition électorale apaisée, libre, démocratique et transparente. Il est à espérer que leurs messages ne vont pas faire l’objet de censure de la part des autorités politiques et administratives, ni leurs agendas de travail, encore moins les listes de leurs accompagnateurs. Certes, les voyages, surtout par avion ou par bateau à l’intérieur du pays, sont régis par des règles administratives et sécuritaires. Ce que l’on souhaite est que tous les acteurs politiques soient soumis aux mêmes formalités en la matière.
Dans le cas des traitements discriminatoires, il y aurait lieu de craindre la répétition du climat de terreur vécu en 2006 et 2011, avec des actes d’intimidation des candidats de l’Opposition et de leurs sympathisants, d’atteinte à leur intégrité physique, d’interdiction de parole, d’obstruction à tout mouvement sur les routes, les fleuves, les lacs et les airs, etc. En 2011, nombre de candidats n’avaient pu quitter Kinshasa pour l’intérieur du pays ou des chefs-lieux de provinces pour le Congo profond parce que l’espace aérien les routes, les rivières, les fleuves et les lacs étaient interdits de circulation.
Pour n’avoir pas connu d’élections réellement libres, démocratiques et transparentes en 2006 et 2011, de nombreux compatriotes voient dans les dérapages actuels le spectre d’un cycle électoral de tous les dangers, où les candidats d’un camp auraient tout à dire, et ceux de camp adverse rien à dire. Or, c’est précisément en période électorale que le souverain primaire a le plus grand besoin d’informations sur la gestion de la cité et les projets de société à venir, afin de lui permettre de se choisir des gouvernants qu’ils pensent pouvoir rencontrer ses attentes une fois aux affaires.