"Nous voulons une motion de défiance vis-à-vis du ministre de la Défense, Chikez Diemu, du chef d'état-major des forces terrestres, le général Amisi Tango Fort, et du directeur général des migrations, Jean-Pierre Ondekane": au nom des députés du Nord-Kivu et du Sud-Kivu réunis en ce moment même au Palais du Peuple de Kinshasa, siège du Parlement, Jean-Bosco Bahirima, un élu du territoire de Rutshuru (Nord-Kivu) réfère à la MISNA les requêtes qui seront transmises dans les prochaines heures au président Joseph Kabila.
D'après les parlementaires de la zone nord-orientale, en particulier ceux du Nord-Kivu, théâtre depuis presque quatre mois d'un conflit entre les forces régulières (Fardc) et les insurgés fidèles au général dissident Laurent Nkunda, les dirigeants cités ci-dessus sont responsables du status-quo militaire actuel dans la région. "Responsables de la reprise de Mushake par les insurgés" ajoute Bahirima, précisant que peu après que la localité ait été prise par les Fardc il y a quelques jours, le général Tango Fort est arrivé promptement sur place depuis Kinshasa ; il aurait alors convoqué les chefs militaires locaux, ordonné le repli des véhicules militaires lourds sur Goma et le repli des soldats, fatigués, qui avaient pris part à la bataille. "Ainsi faisant, il a dégagé les positions et les hommes de Nkunda n'ont pas eu beaucoup de mal à s'emparer à nouveau de Mushake" ajoute le député. En ce qui concerne Ondekane, les députés lui reprochent de ne pas contrôler comme il le devrait les mouvements à la frontière avec le Rwanda, d'où l'on suppose que Nkunda recevrait un soutien.
Au président, le groupe de parlementaires demande de mettre fin à "l'imbroglio" qui caractérise le commandement des Fardc : "Ici tout le monde sait par exemple que le chef d'état-major général ne s'entend pas avec le chef d'état-major des forces terrestres. Il faut mettre de l'ordre" a poursuivi la même source. Les députés recommandent un renforcement du dispositif militaire dans la région, en particulier dans les zones de Lubero, Binzi, Busanza et Bukoma.
Sur le plan politique et diplomatique, ils réitèrent une suggestion déjà maintes fois proposée : "un dialogue inter-rwandais", qui aiderait certainement, selon eux, à mettre fin à l'instabilité qui règne depuis des années dans la région frontalière. Une région où sont présentes les Forces démocratiques pour la libération du Rwanda (Fdlr), groupe armé hutu rwandais accusé d'implication dans le génocide de 1994. Nkunda, un tutsi congolais, affirme lutter pour la protection des tutsis contre ces milices; ex-général des Fardc, Nkunda est sorti des rangs et a orchestré sa rébellion qui a dégénéré ces dernières semaines.
"Nous voudrions aussi inviter tous les dissidents rwandais, hutus et tutsis, à venir ici pour parler des problèmes de la région et tenter de trouver une solution" a conclu M. Bahirima. Le président de l'Assemblée nationale, Vital Kamerhe, est présent à la réunion, envoyé par le président Kabila.