Le débat politique est relancé. Le dernier acte en date de l'Opposition politique « institutionnelle » qui a tenu un point de presse hier lundi 14 janvier au Palais du peuple peut être considéré comme une « rentrée politique » de cette structure. Tant l'événement intervient aux lendemains d'autres manifestations politiques : Conférence de Goma sur la paix, la sécurité et le développement des provinces du Nord et du Sud-Kivu, nomination des mandataires publics, et bientôt l'organisation des élections locales. Autant d'enjeux politiques qui pointent à l'horizon et ayant poussé certainement l'Opposition politique à rompre le silence en s'apprêtant à désigner son porte-parole.
Au cours d'un point de presse tenu hier lundi au Palais du peuple, l'Opposition politique a levé l'option portant désignation, dans les meilleurs délais, du Porte-parole et autres dirigeants de l'Opposition politique. Une décision qui s'inscrit dan le cadre de la Loi sur le Statut de l'Opposition politique promulgué dernièrement par le président de la République.
Cette rencontre est considérée comme une « rentrée politique » quand on sait que depuis quelque temps, l'Opposition a brillé par un mutisme qui commençait à inquiéter certains observateurs de la politique congolaise. On peut donc s'attendre à une relance du débat politique après une année d'observation entre Pouvoir et Opposition. Et surtout après le discours du président de la République sur l'état de la Nation. Ce discours, on le sait, avait été apprécié par toutes les tendances politiques devant des craintes manifestées dans cette tendance à vouloir procéder à la révision constitutionnelle.
Mais en levant l'option de la désignation du porte-parole de l'Opposition politique, il est vrai que cette structure entend serrer ses rangs pour mieux jouer son rôle de contre-pouvoir. La partie s'annonce donc fertile en rebondissements. La raison est simple : la désignation du porte-parole de l'Opposition n'est pas du tout chose facile, même si l'on peut deviner une certaine tendance. En plus, l'Opposition extra-institutionnelle a chaque fois donné de la voix pour contester cette procédure. La partie s'annonce intéressante.
DES MANIFESTATIONS POLITIQUES QUI INTERPELLENT
Cette rentrée politique intervient à un moment important de la vie nationale. Moment marqué par le déroulement d'autres manifestations politiques tout aussi importantes et qui ont certainement obligé l'Opposition politique à sortir de sa torpeur.
Il y a bien sûr le déroulement de la Conférence de Goma sur la paix, la sécurité et le développement des provinces du Nord et du Sud-Kivu. En effet, depuis l'ouverture de ces assises, l'on n'a nullement entendu l'Opposition politique apporter son appréciation. Tout se déroule comme si l'Opposition politique n'existait pas. Un silence inquiétant qui risque de voir d'autres acteurs politiques, d'autres événements politiques supplanter l'Opposition politique institutionnelle qui, disons-le en toute responsabilité politique, est en train de suivre les événements politiques.
Autre manifestation politique concerne justement la nomination des mandataires publics au sein des entreprises publiques. A ce sujet également, l'on n'a enregistré que des réactions individuelles. Or, il s'agit là de la gestion du pays, de la réforme des entreprises publiques pour rendre plus dynamique le secteur économique dans la perspective d'un mieux-être social. A-t-on respecté ce qui a été discuté et apprécié au sein du Parlement ? L'Opposition politique ne s'est pas encore prononcée officiellement là-dessus. Et si elle le ferait, ce serait tardivement. Une fois de plus.
Autant de lacunes qui pourraient peut-être justifier ce réveil. Mais puisqu' il n'est jamais trop tard pour mieux faire, attendons la suite des événements dans l'espoir de voir consolider le processus de démocratisation en République démocratique du Congo.
François Mwamba de l'Opposition : « la Conférence de Goma doit aborder les questions politiques et diplomatiques »
Peu après la lecture du communiqué conjoint des membres de l'Opposition parlementaire, François Mwamba, secrétaire général du MLC, s'est prêté aux questions de la presse.
Que dites-vous de la Conférence sur la paix, la sécurité et le développement à Goma ?
En tant qu'un mécanisme de dialogue et de tentative de résoudre les problèmes qui se posent dans la partie Est du pays, d'une manière politique, cette conférence est quelque chose que nous soutenions. Bien entendu, depuis le début, vous vous rappelez, c'est l'Opposition qui avait dit et redit que lorsque des problèmes se posent de cette manière, il faut le traiter d'une manière politique.
Nous avions dit aussi que ce règlement n'était pas simplement politique. Nous avions dit qu'il fallait aussi les traiter sur le plan diplomatique. La Conférence de Goma a uniquement abordé l'aspect politique, mais nous attendons voir quels sont les mécanismes que le gouvernement entend mettre en place pour traiter d'autres points essentiels en abordant l'aspect diplomatique, c'est-à-dire examiner nos relations avec le Rwanda et l'Ouganda. Nous ne voyons pas très bien avec quel mécanisme que l'on pourrait d'aborder, et comment ces voisins seront concernés par la Conférence. Par conséquent, tout cela reste à faire !
Quel est votre commentaire sur les déclarations des uns et des autres, notamment celle du CNDP de Laurent Nkunda en marge de cette conférence ?
Lorsque nous parlions de solution politique, cela ne s'adressait pas seulement au gouvernement. Nous nous adressions à toutes les parties. Si les partisans du CNDP s'inscrivent désormais, eux aussi, dans la dynamique de la recherche d'une solution, par le biais de la politique, c'est très encourageant. Cependant si, en plus, ils commencent, à leur tour, à conseiller à d'autres parties, pour évoquer d'autres questions qui se posent à la République, notamment l'absence au pays de Jean-Pierre Bemba, pour que cela soit aussi traiter politiquement, nous ne pouvons que nous en féliciter.
Quels sont rapports de l'Opposition institutionnelle ou parlementaire avec l'Opposition non institutionnelle ?
L'opposition est une. Nous voulons tous la même chose : que cela change. Les voies que les uns et les autres avaient empruntées pour faire valoir cela sont peut-être différentes, mais l'objectif que nous poursuivons reste le même. Du fait de cette unité d'objectif, nous avons l'obligation de créer entre nous un mécanisme de collaboration, de coopération dans tous les domaines. Laissez-nous un peu de temps, parce que nous sommes en train de nous organiser, de nous structurer en tant qu'Opposition parlementaire et institutionnelle. Le moment venu, nous tenterons, avec détermination, de créer ce mécanisme de collaboration avec ceux qui ne sont pas dans les institutions.
Propos recueillis par E.S.
Communiqué de presse des participants à la réunion d'harmonisation du règlement intérieur de l'Opposition politique
Conformément aux dispositions pertinentes de la Constitution de la République démocratique du Congo et de la Loi n° 07/008 du 04 décembre 2007 portant statut de l'Opposition politique, les députés nationaux et sénateurs représentés par les responsable de leurs groupes parlementaires, signataires du présent communiqué de presse, se sont réunis le lundi 14 janvier 2008, dans la salle des spectacles du Palais du peuple, sous la modération conjointe des groupes parlementaires de l'Opposition politique, à l'effet de :
1. Examiner et adopter le règlement intérieur de l'Opposition politique ;
2. Déterminer les modalités de la convocation de la Plénière en vue de la désignation du Porte-parole et autres dirigeants de l'Opposition politique.
Apres débats et délibérations, il a été convenu ce qui suit :
• Les députés nationaux et sénateurs ayant pris part à la réunion appartiennent aux partis et regroupements de l'Oppositions politique et ont adopté le texte de leur déclaration d'appartenance à l'Opposition politique à adresser aux Bureaux de l'Assemblée nationale et du Sénat, conformément à l'article 3 de la loi portant statut de l'Opposition politique.
• Le règlement intérieur de l'Opposition politique a été adopté à l'unanimité
• La plénière a chargé la modération conjointe de faire notarier ledit règlement intérieur (RI) et de prendre toutes les dispositions utiles, en vue de la convocation de la plénière de l'Opposition politique devant l'entériner par vote et désigner, dans les mêmes termes, le Porte-parole et autre dirigeants de l'Opposition politique.
Fait à Kinshasa, le 14 janvier 2008
Roger Lumbala
François Muamba
Clément Kanku Bukasa T