Le MLC continue à croire au retour de son président national, le sénateur Jean-Pierre Bemba. Lequel se trouverait en exil forcé. Dans une déclaration politique lue hier mercredi 2 avril par son secrétaire général François Muamba Tshishimbi à l'issue d'une réunion extraordinaire du Bureau politique tenue du 1er au 2 avril 2008, le MLC considère que la question du retour de son président national est hautement politique et, par conséquent, elle ne peut être réglée que de manière politique. « Le MLC réitère sa requête en vue d'une solution politique », note le Bureau politique du MLC qui salue, par ailleurs, la réaction du gouvernement aux lettres du Sénat.
La direction du MLC projette des rencontres avec les responsables politiques à tous les niveaux afin d'aboutir à une solution politique. Cette réaction intervient après l'ultimatum lancé le lundi 31 mars par le Sénat au candidat malheureux du second tour de la présidentielle de 2006. Le bureau de la Chambre haute du Parlement demandait à Jean-Pierre Bemba de revenir au pays le plus tôt possible pour participer à la vie politique comme tous ses collègues parlementaires. Et qu'à la réception de la lettre, qui lui était adressée à la même date, ses absences aux plénières du Sénat devenaient injustifiées et commenceraient à être comptées. Ce qui pourrait conduire probablement à son exclusion.
Faut-il rappeler que le Sénat avait appuyé sa décision sur les informations lui fournies par le gouvernement sur l'exigence des garanties sécuritaires attendues par le sénateur Jean-Pierre Bemba en rapport avec son retour au pays.
Cette position du Bureau politique du MLC rejoint les déclarations faites par son président national la veille à Rfi et à l'Agence France presse (AFP) en réaction à l'ultimatum du bureau du Sénat. Le sénateur a déploré avoir appris la décision du bureau du Sénat par voie de presse et qu'il n'était pas encore notifié par un courrier personnel. Sans rejeter le fond de la décision du Sénat, Jean-Pierre Bemba a demandé au bureau de la Chambre haute du Parlement de prendre en compte les conditions de son retour : « Je demande au bureau du Sénat d'accompagner les conditions de mon retour, sachant que j'ai été menacé deux fois dans mon intégrité physique en août 2006 et mars 2007, quand mes résidences ont été attaquées par des chars d'assaut puis bombardées et pillées par la Garde présidentielle ».
Par ailleurs, le Bureau politique du MLC s'est également prononcé sur d'autres questions d'actualité, notamment l'élection du Porte-parole de l'Opposition politique, le projet de loi portant Amnistie en cours d'examen au Parlement ainsi que l'organisation des élections locales.
Concernant le cas de l'honorable Kisombe, député MLC dont la dernière prestation à la plénière de l'Assemblée nationale avait indigné tous les gros bonnets de son parti, le Bureau politique du MLC dit avoir pris acte que ce dernier s'est, plus d'une fois, mis en marge de la ligne du parti. Et qu'il aurait ainsi commis des fautes disciplinaires visées aux articles 14 et 24 de leur statut, entre autres les actes d'insubordination, l'atteinte à l'image de marque du parti, les actes de préjudice aux intérêts du parti et les attitudes contraires aux objectifs fondamentaux du parti. La sanction que le député Yves Kisombe encourt est sans nul doute la radiation mais, on n'en est pas encore là. Des mesures conservatoires ont été prises par la direction du parti à son endroit en attendant l'instruction de son dossier par une commission de discipline ad hoc. Il lui est interdit, entre-temps, de prendre parole au nom du MLC et de participer aux différentes activités de son parti.
Déclaration politique du Mouvement de Libération du Congo
Le Bureau politique du Mouvement de Libération du Congo (MLC), a tenu, du 1er au 2 avril 2008, une réunion extraordinaire sous la direction de son Secrétaire général. Au cours de cette réunion, il a été procédé à un examen minutieux et approfondi des problèmes de l'heure.
Après débats et délibérations, le Bureau politique du MLC fait la déclaration suivante:
Concernant l'élection du Porte-parole de l'Opposition politique
Le Bureau politique relève que, après l'adoption de la Loi portant Statut de l'Opposition politique par l'Assemblée nationale et le Sénat, la promulgation de ladite loi par le président de la République, et sa publication au Journal officiel, le MLC a pris des contacts avec tous les goupes politiques de l'Opposition.
Le Bureau politique prend acte de l'existence à ce jour de deux moutures de Règlement Intérieur de l'Opposition politique.
1. Règlement Intérieur adopté par les 105 députés et sénateurs de
l'Opposition politique (dont certains du groupe CD) ;
2. Règlement Intérieur du groupe CD/RCD/RSF présenté par l'honorable Kiakwama.
Entre les deux projets de Règlement Intérieur, les points de divergences majeurs existent. Le Bureau politique préconise des contacts en vue de l'obtention d'une mouture harmonisée du Règlement Intérieur.
Concernant le retour du Président national, le sénateur Jean-Pierre Bemba
Le Bureau politique du MLC salue la réaction du gouvernement aux lettres du Sénat.
La question étant hautement politique, le MLC réitère sa requête en vue d'une solution politique.
Concernant le cas de l'honorable Yves Kisombe
Saisi par le Groupe politique du MLC à l'Assemblée nationale sur le cas de l'honorable Yves Kisombe, le Bureau politique a pris acte du fait que ce dernier s'est, plus d'une fois, mis en marge de la ligne du parti. Tenant compte des dispositions disciplinaires du règlement intérieur du parti, l'honorable Yves Kisombe a commis des fautes disciplinaires, visées par les articles 14 et 24 notamment : les actes d'insubordination, l'atteinte à l'image de marque du parti, les actes de préjudice aux intérêts du parti et les attitudes contraires aux objectifs fondamentaux du parti.
Après étude et analyse, le Bureau politique estime que ces faits sont constitutifs de faute disciplinaire lourde dans le chef de l'honorable Yves Kisombe ; la sanction encourue est la radiation du parti.
Respectueux des textes et légaliste, le MLC va poursuivre l'instruction du dossier et en tirer toutes les conséquences juridiques conformément aux statuts et Règlement intérieur en vigueur.
Toutefois, à titre conservatoire, le Bureau politique du MLC, interdit l'honorable Yves Kisombe de prendre parole au nom du parti et de participer aux différentes activités du parti.
En ce qui concerne le projet de Loi d'amnistie
Le MLC désapprouve le projet de loi d'amnistie en ce qu'elle viole les principes généraux du droit en la matière en instaurant une politique pénale à deux vitesses dans le pays, fait qui renforce l'impunité dans le pays.
Pour ce faire, le MLC recommande une concertation politique préalable à l'examen en plénière du projet de loi portant amnistie dans les provinces du Nord et Sud-Kivu; et ce, en vue de consolider le processus de paix et de réconciliation nationale sur l'ensemble du territoire national.
En ce qui concerne les élections locales
- Le MLC soutient la tenue rapide des élections locales;
- Cependant, le MLC exige comme préalable la mise à jour du fichier électoral.
- Le MLC désapprouve la mise en place en gestation dans la territoriale et recommande qu'il y ait une concertation des forces politiques en vue de gérer les aspects liés à l'organisation de la territoriale pendant la période transitoire jusqu'à la tenue des élections dans le but de préserver la concorde nationale, la paix et la démocratie dans notre pays.
Fait à Kinshasa, le 2 avril 2008
Pour le Bureau politique du MLC
François Muamba
Secrétaire général
Les excuses d'Yves Kisombe
« A la haute hiérarchie du MLC, à mes collègues parlementaires des groupes MLC, aux cadres de base et aux militants, j'aimerais dire ici ma peine de constater combien j'ai heurté les miens par mon intervention à la tribune de l'Assemblée nationale le 27 mars 2008, lors du débat relatif aux événements malheureux qui se sont déroulés au Bas-Congo ou par toute autre attitude ou propos antérieurs ». C'est par ces propos que le député Yves Kisombe introduit ce que d'aucuns considèrent comme étant une demande de pardon de sa part.
« Je tiens, a-t-il poursuivi dans sa déclaration déposée à la rédaction du Potentiel, à exprimer mes regrets à mes amis du parti et à leur présenter mes plus sincères excuses pour les avoir contrariés en livrant trop ouvertement le fond de ma pensée sur une question d'intérêt national majeure concernant une association sans lien politique fondamental avec le MLC et qui a voulu assassiner mon défunt papa à Matadi en janvier 2007 ».
Et l'honorable Yves Kisombe d'affirmer qu'il « veillerait, si l'occasion lui en est donnée, à éviter ce genre de situation à l'avenir ». Après avoir rassuré les militants (?) qu'il « n'a jamais trahi le MLC », il termine par ces quelques mots : « J'ai toujours défendu notre leader et je continue à défendre Jean-Pierre Bemba tous les jours afin qu'il puisse rentrer au pays dans les meilleures conditions pour jouer son rôle de leader et de porte-parole de l'Opposition », car, affirme-t-il, il est du MLC.
LP