L'arrestation du sénateur Jean-Pierre Bemba par la Cour pénale internationale (CPI) continue à susciter des réactions vives en RDC et dans la diaspora congolaise. Pour le député national Roger Lumbala, il s'agit ni plus ni moins d'une humiliation infligée à tout le peuple congolais, car, a-t-il dit, il détenir une copie d'une plainte déposée contre le chef de l'Etat Joseph Kabila par une ONG suisse sur le même pied des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité. Ce qui, selon lui, justifierait la mise sur pied d'une association dénommée « Union pour la défense des Congolais » (UDC). Objectif immédiat : se mobilier pour obtenir la libération du président du MLC et empêcher la CPI de lancer un mandat à l'encontre du président Joseph Kabila.
Jean-Pierre Bemba ira ou n'ira pas à La Haye ? Difficile de répondre pour l'instant. Tant le suspense est de mise à Bruxelles où les avocats multiplient des renvois en justice contre la procédure utilisée par la CPI pour arrêter le sénateur Jean-Pierre Bemba. A Kinshasa, des pressions populaires et politiques se poursuivent afin d'arracher la libération du président national du MLC ou tout au moins sa liberté provisoire.
C'est dans cet ordre d'idées qu'est née une association dénommée « L'Union pour la défense des Congolais (UDC) ». L'UDC, selon son initiateur, le député national Roger Lumbala, entend mobiliser tous les Congolais autour de l'humiliation que la CPI fait subir aux autorités congolaises, toutes tendances confondues. Au cours d'un point de presse animé le vendredi 30 mai, le président du RCDN et du groupe parlementaire ODR (Ordre des démocrates républicains) a demandé à tous les Congolais de l'intérieur comme de la diaspora d'apposer leur signature sur la pétition lancée en vue de la libération du sénateur Jean-Pierre Bemba Gombo et de dénoncer le rôle néfaste que jouent les institutions internationales en RDCongo.
Cette pétition, de laquelle, il est attendu au moins un million de signatures, sera déposée à Bruxelles et à La Haye. C'aura été, estime-t-il, l'expression de la volonté du peuple congolais contre l'humiliation dont il est l'objet.
Roger Lumbala a fait état de l'existence d'une autre plainte déposée à La Haye par une ONG suisse contre le chef de l'Etat Joseph Kabila. « Aujourd'hui, c'est Jean-Pierre Bemba, demain c'est Joseph Kabila Kabange d'autant plus que l'ONG suisse 7/7 a déposé une plainte contre le président de la République avec les mêmes chefs d'accusation qui ont fait l'objet de l'arrestation de Jean-Pierre Bemba », a-t-il informé l'opinion. La plainte serait jugée recevable par la CPI. Aussi s'est-il demandé si la majorité présidentielle et l'opposition allaient accepter pareille humiliation.
L'initiateur de l'UDC fait remarquer que si les Congolais ne comprennent pas que le pays est en danger, ils devraient au moins comprendre que les Congolais à travers le monde entier sont en danger. Il en a appelé au soutien politique et public de deux chambres du Parlement afin que le sénateur Jean-Pierre Bemba bénéficie de la liberté provisoire avant que les acteurs principaux et directs de la République Centrafricaine ne soient appréhendés à leur tour.
Il a rappelé que Jean-Pierre Bemba bénéficie de l'immunité parlementaire mais que la CPI, de même que la Belgique n'ont pas daigné demander la levée de cette immunité avant de procéder à l'arrestation de ce dernier. Selon lui, l'immunité dont jouissent les parlementaires aujourd'hui devrait être défendue non seulement l'ensemble des Congolais mais aussi par les institutions de la République.
Par ailleurs, Roger Lumbala se dit étonné que l'ancien président centrafricain Ange-Félix Patassé qui a sollicité et accueilli les troupes du MLC ne soit pas interpellé de même que ses généraux sous le commandement desquels avaient opéré les troupes venues de la RDC. Il se demande pourquoi rien n'est entrepris contre les institutions financières qui ont commis des crimes économiques en RDC. Pendant ce temps, fait-il savoir, beaucoup d'autres auteurs de crimes contre l'humanité à travers le monde continuent à jouir de la liberté de leur mouvement. Il a estimé qu'il s'agissait là de l'application de la règle de deux poids deux mesures de la CPI.
« L'UDC se veut donc une association ouverte à tous ceux qui refusent l'humiliation que l'on veut infliger aux autorités congolaises et au peuple congolais », a martelé Roger Lumbala avant de lancer un appel pathétique : « Tous ensemble, majorité et opposition, défendons les Congolais au Congo et partout où ils se trouvent ».
Pour rappel, le sénateur Jean-Pierre Bemba et président national du MLC a été arrêté le 24 mai dernier à Bruxelles sur la base d'un mandat d'arrêt provisoire lancé par la CPI.
Il est poursuivi pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis par ses troupes en Centrafrique en 2003.