*Le Mouvement de libération du Congo (MLC) traverse de moments les plus difficiles de son histoire. Non seulement que l’avenir politique de ce parti est incertain avec la détention à La Haye de son président national mais aussi vient d’être frappé par la mort d’un des siens, le Sénateur Jeannot Bemba Saolona. *De Goma où il séjourne, Joseph Kabila, le président de la République a en son nom personnel et au nom du peuple congolais, présenté les condoléances au président du Sénat, Léon Kengo wa Dondo et à toute la famille biologique du défunt. *Au MLC, on apprend que ce parti a renvoyé à plus tard le meeting qui était prévu pour demain samedi 04 juillet, lequel meeting devait apporter un plus au procès qui oppose l’ancien vice-président de la République au procureur de la CPI, Moreno O’Campo.
La nouvelle annonçant la mort du sénateur du MLC Jeannot Bemba Saolona, père de l’ancien vice-président de la République Jean-Pierre Bemba, est tombée dans la nuit du mercredi à jeudi de suite d’un arrêt cardiaque à l’hôpital Saint Jean de Bruxelles en Belgique. Profitant de cette occasion, le Président de la République démocratique du Congo, Joseph Kabila Kabange a transmis un message de compassion et de condoléances au président du Sénat, Léon Kengo wa Dondo et à la famille biologique du défunt.
Né à Libenge dans la province de l’Equateur en 1942, Jeannot Bemba Saolona a consacré le gros de sa vie aux affaires, avant de se lancer en politique. Considéré comme un véritable capitaine d’industries, il choisit d’investir dans son propre pays. D’abord dans l’agriculture, où il devint un des premiers exportateurs de café. Ensuite, il embrasse l’industrie manufacturière puis le secteur de transports. M Bemba Saolona est patron de compagnies d’aviation qui desservent tous les points importants de la Rdc ainsi que l’Europe : Scibe-Congo et Scibe-Airlift. Il assure encore la direction de la société chargée de Service de Transports et Taxis aériens, STTA. Ancien administrateur à la Sofide et à la Bralima, il assume pendant plusieurs années les fonctions de président de l’Association des entreprises du Zaïre, ex Aneza, l’actuelle FEC. A l’entrée de l’AFDL à Kinshasa le 17 mai 1997, feu Laurent Désiré Kabila le nomme ministre de l’Economie dans son gouvernement après l’avoir arrêté pendant quelques mois. En 2006, il est élu sénateur pour le compte du MLC, parti cher à son fils, le sénateur Jean-Pierre Bemba. Il laisse derrière-lui une veuve et de nombreux enfants.
Le meeting du 4 juillet 2009 renvoyé à plus tard
C’est demain samedi 04 juillet 2009 que le Mouvement de Libération du Congo (MLC) comptait organiser un grand meeting populaire à la Place Ste Thérèse dans la commune de N’Djili, en vue de mobiliser la population encore acquise aux idéaux de ce parti de l’opposition et de porter un soutien massif à Jean Pierre Bemba. L’occasion devait aussi être indiquée pour informer la base du MLC du déroulement du procès, et resserrer ainsi les rangs dans la perspective des prochaines élections locales.
Informé de ce décès qui frappe le MLC, le quotidien l’Avenir a contacté les sources proches du MLC qui lui ont confirmé que le meeting prévu au terrain de N’Djili Sainte Thérèse a été reporté à plus tard, le temps de se concentrer d’abord à l’organisation des funérailles dignes d’un homme politique à la carrure de Jeannot Bemba Saolona.
Du procès de Jean-Pierre Bemba
Comme nous l’avons annoncé, c’est un véritable coup de massue que le MLC vient de subir. Il en ressentira les effets pendant quelques temps. Au sujet de Jean-Pierre Bemba, il sied de souligner que l’audience de la Cour Pénale Internationale qui devait se pencher sur la possibilité de lui octroyer une liberté provisoire, s’est tenue comme prévue le lundi 29 juin dernier. Après avoir entendu toutes les deux parties, c’est-à-dire le procureur Moreno O’Campo et la défense du prévenu Bemba, la Cour a rendu une ordonnance demandant aux autorités du Portugal, de la France, de la Belgique et du Pays-Bas de soumettre au plus tard le 10 juillet leurs observations sur la requête de mise en liberté provisoire du prévenu Bemba, ainsi que sur les conditions que ces pays pourraient lui imposer s’ils l’accueillaient sur leurs territoires en cas de liberté provisoire.
Selon Mme Trenda Cilova, juge de la CPI, la juridiction devrait se prononcer dans un délai raisonnable pour permettre au procès de se dérouler normalement. Pour motiver sa demande de libération provisoire, la défense de Jean-Pierre Bemba a rappelé que les charges qui pèsent sur l’ancien vice-président congolais ont changé et qu’il n’y a aucun risque de fuite du prévenu (...), sa sécurité n’étant plus assurée en Rdc. Au cours de l’audience, l’accusation a estimé que l’accusé doit rester en détention (...), de nombreux noms des complices ayant déjà été avancés dans cette affaire.
Selon Paul Madidi, porte-parole de la CPI en Rdc, le 10 juillet 2009, la décision de la Cour sera fondée sur les observations des parties faites durant cette audience ainsi que sur les observations des Etats où l’ancien vice-président de la République souhaite être accueilli en cas de libération provisoire. Pour la défense conduite par Me Aimé Kilolo, il y a lieu de remettre Jean-Pierre Bemba en liberté, parce qu’elle estime que le risque de fuite n’a jamais existé et les charges contre lui ont changé. Par contre, l’accusateur, en la personne du Procureur argentin Moreno, estime que le prévenu devrait rester en détention.
Révélant la volonté de leur client, les avocats du Président national du Mouvement de libération du Congo (MLC) ont estimé qu’il a souhaité être accueilli dans ces quatre pays pour plusieurs raisons. Par exemple, en Belgique, pour ses propriétés, ses comptes bancaires et aussi parce que ses enfants y sont scolarisés. Ou encore, en France, pour ses liens sociaux importants. Déjà la Belga, l’agence de presse belge indiquait le 30 juin 2009 qu’à Bruxelles, on confirme de bonne source que la Belgique a été saisie d’une telle demande et qu’elle compte y répondre dans le délai imparti, après une consultation impliquant plusieurs ministères (Intérieur et Affaires étrangères), mais aussi le parquet fédéral et les services du Premier ministre.
Bemba non partant en 2011
En dépit de la célérité reconnue à certains procès et de l’optimisme qu’affiche les membres du Mouvement de libération du Congo (MLC), il est permis d’affirmer que l’avenir politique s’obscurcit de plus en plus pour le sénateur congolais, Jean-Pierre Bemba. A ce jour, on comptabilise au moins trois requêtes introduites par les avocats Bemba afin de solliciter la liberté provisoire de leur client. A toutes ces trois requêtes, la réponse de la CPI a toujours été négative. Bien plus que les pays susmentionnés donneront leurs observations, rappelons que la CPI ne pourra que se contenter de l’intime conviction de la juge unique. Aussi, même si une quelconque liberté provisoire lui est accordée, on n’exclut pas un appel interjeté par le procureur Moreno O’Campo.
C’est aussi le moment pour nous de dire que la liberté provisoire est un droit reconnu à chaque prévenu. Bien plus pour J.P Bemba qui va totaliser une année d’incarcération ce 03 juillet 2009, la règle 118 du règlement de procédure et de preuve voudrait qu’il soit organisé une audience afin d’entendre chaque partie sur la détention préliminaire d’un prévenu. Loin donc l’idée de croire que la CPI a accepté une libération pure et simple du Congolais, ce qui serait contraire au principe d’un procès équitable. Cette libération ne pourra donc intervenir qu’à l’issue d’un procès équitable qui sera organisé prochainement. Et quand on jette un coup d’œil sur la procédure à la Cour pénale internationale (CPI), on se rend vite compte qu’il est difficile, voir impossible que le prononcé du jugement intervienne avant 2011. Pour s’en rendre compte, il suffit de jeter un regard rétrospectif sur le temps qu’a pris la CPI pour communiquer les charges qui pesaient sur l’élu de Kinshasa. Et c’est ce qui pousse déjà des analystes politiques à dire que Jean-Pierre Bemba est carrément non partant pour les élections de 2011.