La lecture contrastée des événements qui se sont succédés récemment dans notre pays appelle une intervention du Gouvernement. Pour apporter la vérité là où elle ne paraît pas acquise, ou fournir des compléments d’information nécessaires à l’édification de l’opinion. Nous évoquerons ainsi :
- Le récent rapport du groupe d’experts Indépendants de l’ONU concluant à un «échec total» de l’Opération Kimia 2 des FARDC appuyées par la MONUC contre les terroristes des FDLR au Kivu ;
- La gestion par le Gouvernement Congolais des comportements criminels signalés dans le chef des éléments des FARDC particulièrement en ce qui concerne les massacres dits de Lukweti;
- La situation sécuritaire à Dungu où le BCUNDH a chargé les FARDC de 8 exécutions extrajudiciaires et 20 viols entre avril et septembre 2009 ;
- Les pillages et viols des éléments de la 110ème Brigade FARDC à Kasugho (Nord-Kivu) ;
- L’intégration des groupes armés du Kivu au sein des FARDC ;
Le leitmotiv des rapports des Experts des Nations Unies, le BCNUDH et nombre d’ONG se fonde théoriquement sur les principes de la Charte des Nations Unies et du droit international, en vertu desquels une mission de l’ONU ne peut participer à des opérations avec un Etat membre que dans le respect du droit humanitaire international, les droits de l’homme et le droit des réfugiés. Les pressions parfois passionnées exercées sur les deux principaux partenaires du processus de pacification en RD Congo (Gouvernement et MONUC) tendent généralement à remettre en cause les opérations conjointes MONUC-FARDC, notamment Kimia II et Rudia II au motif que la MONUC risquerait d’être accusée de complicité des violations graves et massives des Droits de l’Homme qui pèseraient sur les FARDC.
Une crainte qui ne serait fondée que si, et seulement si, les graves accusations de violations massives, délibérées et impunies des Droits de l’Homme au Kivu par les FARDC étaient vraies. Qu’en est-il exactement ?
I. Bilan de Kimia 2
Même si quelques extrapolations abusives émaillent le rapport présenté début novembre au Conseil de Sécurité par le Groupe d’Experts indépendants de l’ONU, le Gouvernement y a décelé quelques informations intéressantes.
En effet, le rapport signale le recours par les FDLR à un réseau de financement et de soutien international dans plusieurs pays en Afrique et hors du Continent qui leur a permis de recevoir d’importantes cargaisons d’armes et de munitions en 2009. Dans des pays voisins à la RDC se trouveraient également des bases de recrutement et d’appui financier et matériel.
Ces informations conduiront le Gouvernement congolais à entrer en contact avec tous les pays concernés pour une synergie destinée à éradiquer définitivement ces réseaux terroristes qui ensanglantent la RD Congo, conformément aux résolutions du Conseil de Sécurité.
Notre Gouvernement se félicite à cet égard de l’attitude de l’Allemagne qui a arrêté deux hauts responsables du mouvement terroriste FDLR (Murwanashyaka et Musoni). Nous lançons un appel pathétique à la France, à la Belgique, à la Grande-Bretagne et aux Etats-Unis dont le rapport confirme qu’ils hébergent d’autres chefs FDLR pour qu’ils suivent le bel exemple de Berlin.
C’est dire que le Gouvernement soutient la proposition faite par le Groupe d’Experts onusiens pour que soient lancé des mandats internationaux contre les principaux leaders rebelles FDLR vivant dans ces pays.
Il faut aussi épingler dans ce rapport le rôle néfaste joué par certaines ONG prétendument caritatives comme «Fundation S’Olivear» et «Inshuti» qui d’Espagne, auraient fait parvenir des fonds aux terroristes avec l’aide d’un prêtre belge basé en Tanzanie, comme quoi l’enfer congolais est pavé d’une multitude de bonnes intentions affichées qu’il faut vérifier.
Ceci étant dit, on peut faire au Groupe d’Experts de l’ONU deux reproches essentiels : (i) une certaine volonté de «démolir» la MONUC avec laquelle le courant ne semble décidément pas passer (ils parlent d’échec total, ou fiasco, de l’offensive Kimia 2 menée par les FARDC avec l’appui de la MONUC alors que la MONUC elle, évoque «des avancées très significatives du processus de pacification au Kivu» selon son porte-parole. Nous n’entrerons pas dans cette polémique stérile. (ii) le syndrôme de l’équidistance entre les deux termes du conflit, le Gouvernement légitime de la RD Congo et les terroristes des FDRL placés sur un pied d’égalité par les enquêteurs lorsqu’ils reprochent à la Chine d’avoir vendu des armes à Kinshasa ! Comment des enquêteurs de l’ONU qui a donné mandat à la MONUC de soutenir l’offensive du Gouvernement contre les terroristes rwandais des FDLR peuvent-ils faire grief audit Gouvernement de s’être procuré des armes ?
Par ailleurs, des faits totalement dépassés (vente d’armes par quelques militaires des forces gouvernementales) car, ayant été signalés il y a plus de cinq ans, sont fallacieusement présentés comme actuels. De fait, toute collaboration structurelle entre les FARDC et les terroristes des FDLR est exclue aujourd’hui. Les statistiques de Kimia 2 en sont une preuve : les FARDC ont tué quelques 1.279 FDLR, eux ont tué une soixantaine de militaires FARDC. Sauf à considérer ces pertes en vies humaines comme une mise en scène, il faut reconnaître la volonté du Gouvernement de débarrasser la RD Congo de ce groupe criminel. Il n’est pas inutile de noter que les offensives Umoja Wetu, Kimia 1, Kimia 2, Rudia 1, Rudia 2, initiées par le Gouvernement contre les terroristes étrangers en RD Congo, n’ont pas trouvé grâce aux yeux de certains acteurs internationaux. On peut rappeler les sarcasmes et les anticipations pessimistes qui ont accompagné notamment Umoja Wetu et Rudia 1 même de la part de partenaires connus et reconnus. Le crime du Gouvernement aurait été d’avoir initié ces actions à l’insu des partenaires extérieurs qui ont pris l’habitude de tout faire pour nous.
Il est, par ailleurs, exagéré d’affirmer comme le fait le rapport des Experts de l’ONU que les FDLR sont à l’heure actuelle au nombre de 5.000 en RD Congo et qu’ils garderaient le contrôle de toutes les mines d’or et d’Etain qu’ils exploitaient. En réalité ils sont moins de 2.000 à ce jour et ne gardent le contrôle que de moins de 20 % des mines qu’ils écumaient il y a encore un an. Et ce grâce aux coups de boutoirs des FARDC.
II. Crimes et châtiments au sein des FARDC
Le 2 novembre 2009, Alain Le Roy, Secrétaire Général Adjoint de l’ONU a annoncé unilatéralement, des sanctions contre la 213ème Brigade des FARDC à laquelle l’appui de la MONUC a été retirée. Le motif en était que des membres de cette unité auraient perpétré des massacres dans la zone de Lukweti au Nord Kivu (62 civils tués selon le BCNUDH et 555 civils tués pour Human Rights Watch) entre avril et septembre 2009. On se souvient qu’il avait été convenu de diligenter une commission mixte d’enquête FARDC-MONUC pour vérifier ces graves accusations.
Jusqu’à ce jour, l’enquête n’a pas encore démarré. La raison en est qu’on s’est enfin rendu compte que, contrairement aux affirmations tonitruantes de HRW relayées par le BCNUDH, Lukweti et ses environs sont jusqu’au moment où nous parlons, sous le contrôle d’une milice armée dénommée Alliance des Congolais pour un Congo Libre et Souverain (APCLS), un groupe allié aux FDLR.
Ce n’est que le 29 octobre, un mois après la forclusion de la période des « enquêtes » de HRW et BCNUDH (mai-septembre) qu’une unité des FARDC pourchassant les FDLR a effectué un bref passage de moins de 24 heures à Lukweti. Il est établi que les FARDC n’ont jamais été à Lukweti qui est depuis des années un fief du Chef de guerre « Janvier » de l’APCLS, proche des FDLR. La Monuc est d’autant plus informée de cette réalité que ses services sont en pleines négociations avec l’ACPLS pour que la Commission mixte FARDC-MONUC soit autorisée à y descendre pour enquêter. Une démarche dont on peut questionner l’opportunité.
Cette rectification pose ipso facto la question de la crédibilité des accusations portées à l’encontre des FARDC, même lorsqu’il s’agit d’unités constituées d’anciens membres de groupes controversés comme le CNDP. Il est clair que Human Rights Watch et le BCNUDH, sources de ces accusations n’ont pas pris suffisamment de précautions en versant dans les habituels a priori négativistes à l’encontre des FARDC. Le rapport du BCNUDH reprend presque mot pour mot la littérature de propagande des FDLR à la suite du bref affrontement du 29 octobre (nous soulignons la date) : « l’ennemi (FARDC,ndlr) est venu attaquer la population et puisque cette population nous a hébergé plus de 15 ans nous (FDLR) sommes intervenus pour défendre cette population. Puisque notre ennemi est le même, lorsque l’APCLS nous appelle pour défendre la population, nous répondons. Un groupe de déplacés vient d’arriver. Une femme dit avoir été violée par deux sodlats FARDC » (Colonel Sadiki, FDLR). Les Congolais ont le droit, lorsqu’on les gave de chiffres tendant à les faire passer pour le pays le plus invivable de la planète, à quelques détails sur la méthodologie et les sources d’informations aussi graves.
En effet, on ne voit pas comment les FARDC, quelle qu’en soit la composante, auraient pu commettre quelqu’atrocité que ce soit à Lukweti et ses environs où elles ne se trouvaient pas au cours de la période pendant laquelle lesdites atrocités auraient eu lieu. Il est nécessaire que quelqu’un éclaire ce mystère.
Pour ce cas précis, le Gouvernement, la MONUC et les FARDC ont l’obligation de, neutraliser et désarmer tous les groupes armés nationaux ou étrangers, y compris l’APCLS qui sévit à Lukweti. D’où, les réserves que nous exprimons quant à l’initiative consistant à négocier avec l’APCLS, non pas pour le désarmement ou l’intégration de ses membres au sein des FARDC, mais pour l’accès de la Commission d’enquête mixte sur ce qui est illégalement considéré comme « son » territoire.
De l’analyse de différents rapports de violations des Droits de l’Homme attribués aux FARDC, il appert clairement des contradictions trop criantes entre les données livrées par les différentes sources, en l’occurrence la MONUC, OCHA qui fourni probablement le BCNUDH, Human Rights Watch et la Société civile.
Le principe de l’équidistance consistant à mettre sur le même pied d’égalité les FARDC, les FDLR et d’autres groupes armés est devenu une constante pour les ONG comme HRW et certaines Agences des Nations Unies. C’est inacceptable.
Les statistiques fournies par les FARDC sont beaucoup plus proches de celles établies par la MONUC, les deux seules entités qui opèrent conjointement sur le terrain. Ces données sont plus précises et proches de la réalité. Car, elles indiquent non seulement la période, mais également l’unité des militaires incriminés ainsi que le lieu de la commission des faits. Par ailleurs, l’accusation faisant état de l’assassinat, par la 213ème Brigade, de la population civile dans la localité de Lukweti, entre avril et septembre 2009, ne figure dans aucun rapport.
Alors que pour OCHA 37 % des cas de viols sont le fait des civils, 29 % à des milices non autrement identifiées et 24 % à des «hommes en uniformes» (catégorie comprenant aussi bien les FARDC que les FDLR, d’autres sources s’époumonent pour donner au pays et au monde l’impression que ce crime abominable est le fait exclusif des FARDC.
Quant au chiffre de 7.000 femmes et filles violées lors des opérations Kimia 2 brandi par HRW (sans détails autres qu’une curieuse exonération des civils et milices qui n’auraient commis aucun viol selon cette source !) il procède d’une pure affabulation. Ces chiffres sont en effet en totale contradiction avec les données fournies par la MONUC, qui, elle, avance 35 cas moins que les cas relevés par les FARDC elles-mêmes qui ont mis à jour 71 cas de viols pendant cette période dont 58 dont fait déjà l’objet de condamnation pénales, 9 procès en instance et 4 acquittés dans la période allant d’avril à septembre 2009.
Au regard des mesures arrêtées par la Hiérarchie militaire et de la politique de Tolérance Zéro décrétée par la Haute Autorité, il y a une nette diminution des cas de violences sexuelles du fait des FARDC. Il y en a pour qui reconnaître cette réalité reviendrait à s’enlever le pain de la bouche. Dommage.
En tout état de cause, tous les militaires auteurs des actes répréhensibles, inventoriés et avérés au cours de Kimia 2 ont été ou sont déférés devant la Justice militaire. On ne peut opposer à la justice la non répression des cas non portés à sa connaissance. 71 cas de viols par des militaires ont été dénoncés, 71 dossiers d’instructions ont été ouverts dont 9 seulement sont encore pendants devant la Justice. Qui dit mieux ?
III. La Situation des Droits de L’homme à Dungu (Province Orientale)
Le rapport du BCNUDH fait état de plaintes de la population de Dungu pour 8 cas d’exécutions extrajudiciaires et 20 cas de viols entre avril et septembre 2009.
Outre le caractère très peu significatif de ces chiffres pour un territoire presque aussi grand que deux pays voisins, on peut s’étonner de voir les auteurs du rapport méconnaître, s’agissant de ce qu’ils qualifient d’«exécutions extrajudiciaires », qu’il s’agit généralement de personnes déguisées en LRA pour terroriser et rançonner leurs concitoyens et qui sont mortes lors d’affrontements avec l’armée qui a reçu mission de neutraliser les bandits. Jusqu’où ira-t-on pour émasculer politiquement et professionnellement notre Gouvernement et nos Forces armées?
La réalité est qu’il ne reste plus sur toute l’étendue du Haut-Uélé plus de 30 criminels de la LRA éclatés en trois groupes et que c’est un succès remarquable pour les FARDC.
IV. Viols et pillages par quelques éléments FARDC à Kasugho
Le Gouvernement de la République poursuit sans coup férir l’opération Tolérance Zéro. Il n’y a aucune complaisance à attendre pour les criminels qui salissent l’uniforme de nos forces armées. Quelques éléments du 110ème bataillon des FARDC basé à Lubero (Nord Kivu) qui ont pillé et violé à Kasugho (90 km au Sud–Ouest de Butembo) en font les frais.
En effet, sur instructions de la hiérarchie des FARDC, des militaires du 110ème bataillon de Lubero présumés auteurs de viols et de pillages à Kasugho le 25 octobre dernier ont été arrêtés par l’Auditorat Supérieur du Conseil de guerre opérationnel. Parmi les militaires interpellés figure le Commandant du 110ème bataillon, le Major Gbete Landu, son adjoint le Major Kibuka Kamwimba et :
- le Capitaine Django Lilo, Commandant de Compagnie ;
- le Capitaine Karangwa Steven, Commandant de Compagnie;
- le Capitaine Kahitare, Commandant de Compagnie ;
- le Capitaine Mangala, Commandant de Compagnie ainsi que 9 autres officiers subalternes et soldats.
Ils sont poursuivis pour faits de violation de consigne, viol et pillage.
Le Conseil de guerre opérationnel siégera incessamment en chambre foraine sur les lieux de leurs forfaits pour châtier ceux d’entre eux qui seront reconnus coupables en appliquant la loi congolaise dans toute sa rigueur. La justice militaire a confié les victimes de ces viols de Kasugho, trois femmes et un garçon, aux structures médicales locales pour des soins appropriés.
III. L’intégration des groupes armés au sein des FARDC
Concernant l’intégration des anciens membres de groupes armés du Kivu dont un tout petit nombre défraie la chronique par leurs gesticulations de maîtres-chanteurs, il y a lieu de noter une évolution positive étant donné qu’actuellement 53 cadres dirigeants significatifs de ces groupes armés viennent d’être transférés du Kivu vers la Capitale Kinshasa. Ils y ont déjà débuté un cursus professionnel classique à l’Académie militaire où ils vont parfaire leurs connaissances pour une intégration réussie au sein des FARDC.
Le Gouvernement se félicite également de l’apaisement constaté ces derniers jours au Sud Kivu où les principaux groupes armés qui s’étaient récemment impliquées dans des actions de sabotage du processus de pacification sont en train de revenir à la raison. C’est le cas du Général Dunia naguère réfractaire à l’intégration de ‘jure’ de sa milice au sein de l’Armée et qui vient d’arriver à Bukavu où il attend les ordres de la haute hiérarchie des FARDC. C’est aussi le cas du seigneur de guerre Yakutumba dont les nombreuses escarmouches avec les troupes loyalistes déployées dans le cadre de l’Opération Kimia 2 ont alimenté le pessimisme de nombreux observateurs ; Yakutumba qui en est à l’heure actuelle à la toute dernière phase des préparatifs pour son intégration au sein des FARDC.
Pendant ce temps, au Nord Kivu, le Commandement des FARDC a fait échec à une nouvelle tentative de reconstitution d’un groupe armé par une poignée d’éléments issus de l’ex-Groupe armé CNDP. Ces éléments avaient volé au dépôt un stock d’armes d’appui pour renforcer des réfractaires à la pacification animé par un certain Gad dans le Parc de Virunga. Stoppés net dans leur tentative criminelle par un Commando loyaliste envoyé à leurs trousses, ses déserteurs ont été mis aux arrêts et seront bientôt présentés au Conseil de Guerre opérationnel. Les armes volées ont été récupérées.
Quant a la bande à Gad, cerveau moteur de cette énième tentative de déstabiliser la RD Congo, elle a été mise en déroute et son chef qui s’était enfui vers Gisoro, en Ouganda, y a été arrêté par les autorités de ce pays, à la demande du Gouvernement Congolais.
Nous pouvons ainsi nous féliciter de la bonne santé de plus en plus évidente des relations de notre pays avec ses voisins qui surprend les apôtres de malheur.