A la fin de son séjour à Mbuji-Mayi, le dimanche 29 novembre, le Chef de l’Etat, Joseph Kabila, a réitéré son intention de voir la Monuc ne pas reconduire son mandat après le nième de 6 mois qu’elle vient d’entamer en ce mois de décembre et qui court jusqu’à la fin du mois de mai 2010. Le président de la République pense que la situation sécuritaire du pays n’est plus aussi préoccupante qu’il y a quelques mois et qu’il est temps que les Congolais se prennent en charge pour leur sécurité et la défense de l’intégrité de leur territoire.
Joseph Kabila a pris soin de préciser, au cours d’un point de presse, qu’il n’y a pas de nuages dans les relations entre la RDC et la Monuc. Son idée est que le retrait de cette structure onusienne obéisse à un calendrier précis de désengagement, à concevoir par elle-même, et à discuter avec les autorités congolaises en vue de l’harmonisation des vues.
Tout en saluant le souci du Chef de l’Etat de voir notre pays s’affranchir, dans l’amitié et la fraternité, de la tutelle de la Monuc, certains fils et filles de la RDC ne manquent pas de s’inquiéter de l’après-Monuc. Leurs craintes se fondent principalement sur les couacs que connaît le processus de refondation de l’armée nationale, à commencer par les essais-erreurs dans les modules de brassage et de mixage, en passant par les ratés des opérations de désarmement, démobilisation et réinsertion, le scénario d’intégration massive des éléments des groupes armés de l’Est, sans compter les tares du surpeuplement, du manque de profil des officiers et hommes de troupes laissées par les « composantes » et « entités » belligérantes du régime 1+4.
Apparemment, le pays n’a pas encore réuni les moyens nécessaires à la mise sur pied d’une armée républicaine, celle dont les éléments seraient recrutés sur la base d’un critérium clairement défini, dotée d’une logistique conforme à ses missions et où la motivation ferait du soldat et de l’officier des serviteurs de la patrie à l’abri des besoins élémentaires d’existence.
Compte tenu de la nouvelle donne introduite par le Chef de l’Etat, il est à espérer que le gouvernement va prendre ses responsabilités pour disponibiliser les moyens requis pour la résurrection d’une armée moderne au cœur du continent africain, capable de reprendre les lettres de noblesse de ses devancières que furent la Force Publique, l’ANC (Armée Nationale Congolaise) et les ex-FAZ (Forces Armées Zaïroises).
Un chef militaire de la Monuc, qui s’exprimait à haute voix à l’occasion de la journée des Nations Unies, le 24 octobre dernier, a relevé que beaucoup de griefs étaient portés à charge des « Casques bleus » mais que chaque fois que des bruits de bottes se faisaient entendre partout où ils sont positionnés, les populations civiles se réfugient machinalement sous leur protection. Une telle observation devrait interpeller les architectes de la réforme des Fardc. En clair, ils auront réussi dans leur mission de réforme de l’armée nationale le jour où l’uniforme du soldat congolais sera aussi porteur du message de sécurité que celui de son compère de la Monuc. Sans cela, les adieux des forces onusiennes risquent de laisser des regrets dans de nombreux esprits de nos compatriotes, à l’image du départ précipité du colonisateur belge en 1960.