Torrent de déclarations politiques. Repositionnement. Révolution de « palais » au sein de l’Alliance de la majorité présidentielle, AMP. Auto - critiques sévères au sein de l’Opposition. Ca fait un peu trop durant cette période, à 12 mois des élections locales, municipales et urbaines, et à 19 mois des élections législatives et présidentielles. On s’agite comme si l’on était déjà en pleine campagne électorale.
En politique, il y a des signes qui ne trompent pas. La présentation des messages de voeux de nouvel an a sonné comme un déclic pour que les hommes politiques sortent en quelque sorte de leur torpeur et prennent la hauteur ou mesure de la prochaine réalité politique. L’on assiste déjà à un torrent de déclarations comme si les états-majors des partis politiques ont donné des consignes à leurs cadres pour qu’ils se mettent sans tarder au travail.
Preuves ? Ces nombreux dons à l’endroit des sinistrés, des aides aux habitants de certains quartiers abandonnés à eux-mêmes pendant au moins trois ans. Les choses ne s’arrêtent pas là. Ceux des partis qui se croient organisés sont en campagne ouverte, invitant la population à voter « leur candidat» favori.
Plus intéressant, on refait la « cour » aux chefs des confessions religieuses. Les politiciens deviennent subitement «croyants» et pensent que le moment est venu pour «reconstruire» des églises qui présentent des parties défectueuses. D’où des sacs de ciment remis ici et là pour procéder aux travaux de restauration des bâtiments servant de temple ou d’église.
Entre-temps, au sein des plates-formes, l’on assiste à une sorte de «révolution de palais». Le dernier acte en date est celui de l’ AMP avec ses députés qui tiennent à ce que le « débat contradictoire » soit effectif au sein de leur plate-forme. Ce qui explique cette pétition qui court et aurait déjà récolté une centaine de signatures. Elle pourrait être déposée incessamment contre le Premier ministre et le Président de l’Assemblée nationale.
A en croire les dernières déclarations faites devant la presse, des 16 députés de l’ AMP qui demandent que le débat démocratique et contradictoire soit restauré, ils seraient maintenant à 90.
Devant cette situation qui s’apparente à une indiscipline, le secrétaire général du PPRD, le parti le plus puissant de la majorité présidentielle, a tapé du poing sur la table. Menaçant quasiment, il a demandé à ceux des partenaires ou alliés qui ne se sentiraient pas à l’ aise au sein de la plate-forme, d’avoir le courage politique de quitter le navire.
OPPOSITION : L’AUTOFLAGELLATION
Attitude quasi identique au sein de l’Opposition. Pour preuve, le message de nouvel an du Secrétaire général du MLC, le député François Mwamba. Une autocritique qui ressemble plus à une autoflagellation. Il a implicitement reconnu les faiblesses de l’ Opposition et que celle-ci n’a pas totalement rempli sa mission. Que les membres ou partenaires de l’Opposition se sont combattus, faisant pratiquement le lit de la majorité.
Vive réaction des autres partenaires de l’Opposition qui reprochent au MLC d’avoir «bloqué» la désignation du « chef de file de l’Opposition » en ne faisant pas preuve de pragmatisme politique. Trois ans durant, l’Opposition a été incapable de désigner un « chef de file», reconnaissent-ils, même si le président national du MLC, le sénateur Jean-Pierre Bemba, a été mis dans l’incapacité d’exercer ses fonctions politiques. A quelques mois de la fin de cette législature, l’Opposition reste divisée et aura du mal à tenir un discours convaincant. Aveu d’impuissance, aveu d’insuffisance qui confirme l’autoflagellation et pousse chaque allié ou partenaire à retrouver sa propre identité politique.
L’OMBRE DES ELECTIONS 2011
Cette agitation qui sonne l’heure du repositionnement est conditionnée par l’approche des élections 2011. En effet, conformément au calendrier non encore publié officiellement, les élections locales, urbaines et municipales sont prévues pour le mois de février 2011.
Ces élections sont d’une importance capitale et sont très attendues tant par la population congolaise que par nos partenaires extérieurs. Ces derniers qui se rappellent qu’il s’agit là d’une obligation constitutionnelle continuent à exercer subtilement des pressions, en faisant ainsi une exigence de la bonne poursuite de la coopération multilatérale. Dans la dernière résolution du Conseil de sécurité des Nations Unies, la communauté internationale ne cache pas ses intentions. Il a été demandé au Gouvernement de tout mettre en œuvre pour que ces élections aient lieu.
Evidemment, ces élections sont un test sérieux pour tous les partis politiques. Elles donneront un avant-goût du prochain paysage politique en République démocratique du Congo.
Si ces élections sont attendues dans 12 mois exactement, les élections législatives et présidentielles devraient avoir lieu au mois de septembre 2011. C’est-à-dire, dans exactement 19 mois. C’est comme si c’était déjà demain.
On n’est donc pas surpris que l’on soit en précampagne électorale. Au Katanga, le discours pervers que l’on vient de condamner de certaines personnalités politiques est mis dans le compte justement de l’organisation des prochaines élections de 2011. On commence déjà à se donner des crocs-en-jambe pour réduire les chances du prochain adversaire.
Crocs-en-jambe, ce sont ces invectives savamment distillées entre les parlementaires et les membres du gouvernement autour de la loi budgétaire 2010. La deuxième lecture au parlement du projet du Budget 2010 pendant l’imminente session extraordinaire risque d’être incisive.
Au demeurant, on est en train de ramener le débat politique auprès du souverain primaire, source de la légitimité du pouvoir. L’on demeure convaincu que les prochaines semaines seront très riches en déclarations politiques. Pourvu que l’on n’agite pas trop la marmite. En attendant, c’est bien reparti en prévision des échéances électorales 2011.