Un journaliste caméraman de la Radio-télévision nationale congolaise (RTNC) de la République démocratique du Congo (RDC) a été assassiné dans la nuit de lundi à mardi à Beni, dans la province du Nord-Kivu (est), a-t-on appris auprès de la RTNC.
Patient Birindwwa a été interceptée par des hommes en uniforme vers 22h00 alors qu'il rentrait à son domicile. Ceux-ci ont ravi son téléphone et son argent, avant de lui loger deux balles, l'une dans la tête et l'autre dans la nuque, a affirmé la station locale de la RTNC en citant le président de la société civile de Beni.
La police locale a annoncé que les auteurs présumés de cet assassinat, deux militaires, sont aux arrêts au cachot de l'auditorat militaire et devaient être entendus dès le mardi 6 avril, selon la RTNC.
Le président de la société civile de Beni, Gilbert Kambale, a déploré, à cette occasion, la forte insécurité qui règne dans la ville de Beni depuis le mois de mars dernier due à la recrudescence d'assassinants et razzia, dont la plupart des cas sont attribués aux hommes des Forces armées.
M. Kambale a rappelé que dans la nuit du 2 au 3 avril, Kaski Kabinda, un journaliste d'une radio locale, a été agressé par des militaires qui l'ont blessé à la tête. Il y a beaucoup d'autres cas, notamment d'extorsion des biens de gens, des messages anonymes d'assassinant envoyés aux gens sur leurs téléphones portables et bien d'autres exactions qui se commettent quotidiennement.
Interrogé sur la recrudescence de l'insécurité, le commandant de la police de Beni a toutefois estimé qu'il s'agit de cas isolés. A ses yeux, "les efforts déployés depuis l'année dernière dans cette ville donnent déjà des résultats satisfaisants".
Le président de l'ONG Journaliste en danger (JED), Donat Mbaya, s'est dit révolté par l'assassinat du caméraman Patient Birindwa à Beni.
S'exprimant sur les antennes de la Radio Okapi, le président de cette ONG de défense de la liberté de presse en RDC, Donat Mbaya, estime que la criminalité contre les journalistes dans l'est du pays relève de la pratique de l'impunité.
"Si, par le passé, on avait mis un point d'honneur à régler à l'est les problèmes d'insécurité qui ont touché les journalistes ces dernières années, peut-être que cela aurait dissuadé l'industrie du crime. Il nous semble clair que le caméraman était attendu, et que la mission principale des assaillants était de le tuer. Tous les témoignages indiquent qu'ils lui ont dit qu'ils étaient venus le tuer après l'avoir dépouillé", a indiqué Donat Mbaya.
Selon certaines sources, les journalistes de Goma (chef-lieu de la province du Nord-Kivu) se proposent d'organiser une marche de protestation afin de solliciter des autorités compétentes la protection des professionnels des médias et une diligence dans le traitement des dossiers d'assassinats des journalistes.