Sur ordre du gouvernement invoquant la diffusion d’informations malveillantes sur le processus de paix à l’est du pays, les émetteurs de Radio France Internationale (RFI) à Kinshasa, Matadi, Kisangani et Lubumbashi ont été coupés dimanche tandis que celui de Bukavu l’a été depuis le 10 juin
La diffusion de Radio France Internationale (RFI) en République démocratique du Congo a été interrompue depuis dimanche par le gouvernement qui avait récemment déjà coupé son signal dans l’Est pour « raisons de sécurité nationale », a-t-on appris lundi auprès de RFI.
Selon le porte-parole du gouvernement, le ministre Lambert Mende Omalanga, les autorités congolaises ont signifié, depuis vendredi dernier, à RFI la résiliation de son contrat. Les autorités congolaises accusent RFI de diffuser les informations qui troublent le processus de paix dans l’Est de la RDC. Lambert Mende compte animer un point de presse ce mardi pour donner plus de précisions à ce sujet. Pour sa part, RFI proteste contre cette décision, estimant qu’elle n’a fait que restituer normalement des éléments d’informations, rapporte radiookapi.net
Selon un communiqué de RFI, les autorités congolaises reprocheraient à la radio « la restitution sur (ses) antennes d’une conférence de presse de la Mission de l’ONU en RDC « (Monuc) », sans autres précisions. La radio affirme avoir « normalement restitué des informations émanant d’une institution internationale, sans commentaire particulier » et demande « la réouverture la plus rapide possible de ses fréquences dans un pays où elle se situe en termes d’audiences au tout premier plan ».
Début juin, la diffusion de RFI avait été interrompue à Bukavu (Sud-Kivu) pour « raisons de sécurité nationale ». Le gouvernement congolais accusait alors la radio française d’inciter les militaires à désobéir, à se révolter (..) « alors que le pays est en guerre ». La même raison avait été invoquée début mai lors de la coupure du signal à Bunia (Province Orientale, nord-est).
Reporters sans frontières avait protesté avec vigueur contre la coupure du signal de RFI à Bukavu. Le 10 juin 2009, le ministre de la Communication et des Médias et porte-parole du gouvernement avait annoncé la décision de Kinshasa, reprochant RFI « d’inciter les militaires à désobéir, à se révolter à créer des troubles dans les casernes, alors que notre pays est en guerre ». Un mois plus tôt, les autorités congolaises avaient reproché à la radio internationale de « jeter de l’huile sur le feu » et d’inciter les soldats à se mutiner.
« Après la décision de suspendre RFI à Bunia, en Ituri, celle de couper le signal de la station à Bukavu révèle un certain acharnement du ministre Lambert Mende Omalanga contre ce media. Par cette mesure, le gouvernement de Kinshasa prive la population congolaise d’un accès nécessaire à une information pluraliste, notamment dans l’Est du pays. Nous demandons aux autorités congolaises de rétablir sans délai le signal de RFI à Bukavu », avait déclaré Reporters sans frontières.
Dans une lettre adressée le 6 mai à Lambert Mende, suite à l’annonce de la coupure du Signal de RFI à Bunia, Reporters sans frontières avait déjà écrit : « Vous n’ignorez pas, Monsieur le ministre, que la présence de media dans les zones instables ou en conflit est nécessaire pour permettre à l’ensemble des acteurs un accès satisfaisant l’information ».
Pour rappel, l’Est et le Nord-Est de la RDC sont le théâtre d’affrontements entre groupes armés et de violences contre les civils depuis plus d’une décennie. Le gouvernement central tente de pacifier la région, mais l’armée régulière peine à imposer son autorité.