Les trente-huit Chefs d'Etat et de gouvernement des pays membres de la Francophonie, réunis en sommet du 22 au 24 octobre 2010 à Montreux, en Suisse, ont jeté leur dévolu sur la République Démocratique du Congo pour l'organisation, en 2012 à Kinshasa, du 14ème sommet de l'Organisation internationale de la Francophonie (OIF).
« Merci à tous les Etats membres de la Francophonie d'avoir porté leur choix sur la République Démocratique du Congo pour l'organisation du prochain sommet, le 14ème, à Kinshasa. Cela a toujours été le souhait et la volonté du peuple congolais depuis 1990. Aujourd'hui, c'est chose faite », a déclaré le Président Joseph Kabila Kabange, au cours d'une conférence de presse qu'il a animée, en la salle Milles Davis Hall de Montreux, conjointement avec le ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, la Présidente de la Confédération suisse, Mme Doris Leuthard, et le secrétaire général de l'OIF, Abdou Diouf.
Le Chef de l'Etat a indiqué que le sommet de la Francophonie, qui se tiendra en 2012 à Kinshasa, est non seulement l'affaire de la RDC seule, mais aussi celle des Grands Lacs et des pays de l'Afrique centrale. Bref, c'est l'affaire de l'Afrique toute entière. Il a félicité de vive voix le gouvernement et le peuple suisses de l'organisation exceptionnelle de ce sommet, et remercié le secrétaire général de l'OIF, Abdou Diouf, de sa réélection et lui a souhaité un fructueux mandat à la tête de la Francophonie.
La Présidente de la Confédération suisse a évoqué les possibilités dont dispose la Francophonie pour dépasser les frontières régionales.Elle a aussi fait état du rôle joué par la Francophonie, notamment en Afrique, dans les domaines de l'alphabétisation et d'actions humanitaires ainsi que des droits de l'homme à travers l'organisation d'élections et de formation du personnel. Dans le même ordre d'idées, elle a souhaité voir renforcé le rôle de la Francophonie dans la gouvernance actuelle, celle-ci ne convenant plus aux réalités du moment.
De son côté, le secrétaire général de l'OIF s'est aussi félicité de l'organisation exceptionnelle de ce sommet par la Suisse qui n'avait disposé, a-t-il dit, que de quelques mois pour l'organiser. C'est ainsi qu'il a exprimé la très grande gratitude du monde francophone à la Suisse. Abdou Diouf a, en outre, révélé que le sommet a pointé du doigt le problème de l'éducation pour soutenir la Francophonie à travers l'enseignement de la langue française.
Il a enfin souhaité que les locuteurs francophones soient de plus en plus nombreux dans le monde, étant entendu que cinq nouveaux membres ont adhéré à l'organisation au terme de ce sommet. Le ministre français des Affaires étrangères a exhorté les francophones à ne pas être dans la défensive. « Il faut que nous soyons toujours dans la l'offensive, » a-t-il lancé avant d'envisager d'augmenter l'aide publique et d'ajouter le développement innovant au rôle que doit jouer la Francophonie.
Le Président Joseph Kabila Kabange déplore la situation alimentaire dans des Etats francophones
Dans un exposé intitulé « La Francophonie et le développement durable : les solidarités francophones face aux grands défis, notamment la sécurité alimentaire, le changement climatique et la biodiversivité » fait dimanche, au Centre des Congrès de Montreux, le Président Joseph Kabila Kabange a tiré la sonnette d'alarme en ce qui concerne la situation alimentaire dans la plupart des Etats francophones, laquelle, selon lui, demeure critique, au point de constituer une menace pour la paix et la sécurité.
« L'agriculture y est en effet dominée par des paysans qui n'ont accès ni aux nouvelles technologies ni aux intrants encore moins au crédit bancaire. Les faibles rendements agricoles qui en découlent entrainent des situations de pénurie alimentaire, de malnutrition et d'extrême pauvreté, » a déclaré le Chef de l'Etat. Il a par ailleurs exprimé la nécessité et l'urgence d'apporter des solutions à l'autre péril de l'heure que constitue la question du changement climatique tout en invitant la Francophonie à faire la différence dans le domaine de sauvegarde de la biodiversité, qui est un sujet tout aussi important que la sécurité alimentaire et le changement climatique.
Étant donné que l'espace francophone est l'un des plus riches en biodiversité, le Chef de l'Etat a conditionné la réalisation du développement durable à l'aboutissement de la sécurité alimentaire, à la préservation des écosystèmes et à la conservation de la biodiversité. « Le changement climatique, la dégradation des écosystèmes et la perte de la biodiversité ont une incidence directe sur les capacités de subsistance, et partant, la sécurité alimentaire des populations », a-t-il indiqué, estimant que l'absence de sécurité alimentaire est souvent la cause de comportements prédateurs nuisibles aux écosystèmes et à la biodiversité.