Quelques ténors de l’opposition réunie, à savoir François Muamba du MLC ; Vital Kamerhe de l’UNC et Me Shabani de l’UDPS, ont été hier, lundi 17 janvier 2011, au siège de la Monusco, pour prendre la communauté internationale à témoin au regard de la révision constitutionnelle, du reste approuvée par la majorité le samedi 15 janvier 2011.
Pour l’opposition donc, le matche n’a pas encore pris fin. Au contraire, ça ne fait que commencer. L’opposition, ont-ils martelé, va prendre ses responsabilités face au ‘‘coup de force’’ de la majorité sur une Constitution sortie d’âpres négociations et pour laquelle il a fallu battre campagne, une année durant, pour son acceptation dans le cadre du référendum constitutionnel.
Pour François Muamba du Mouvement de Libération du Congo, "L’heure est grave, le peuple congolais a assisté médusé à une décision du Chef de l’Etat consistant à sortir du consensus obtenir par d’énormes sacrifices. Le consensus qui nous avait donné la constitution du 18 février 2006. Nous sommes donc dans ce format que vous voyez, c’est-à-dire, l’opposition politique en RDC, toute tendance confondue tant parlementaire qu’extra-parlementaire, nous sommes venus ici au siège des Nations Unies pour dire à quel point nous considérons, et le peuple congolais avec nous, que ce processus qui a démarré au parlement n’est pas terminé. Nous n’acceptons pas et le peuple congolais n’accepte pas que, d’une manière unilatérale, ce que nous venons dire ici que Kabila se donne des règles qui lui conviennent. Et donc pour le dire, il a fallu que nous puissions, les uns et les autres, avoir à l’esprit que le combat ne fait que commencer".
Et à Kamerhe de l’Union pour la Nation Congolaise de poursuivre : "Nous voulons d’abord réaffirmer ce que François a dit. La première surprise que nous avions réservée au pouvoir actuel, c’était un communiqué conjoint de l’ensemble de l’opposition. Ils nous ont donné l’opportunité d’abord de nous réunifier parce que nous étions tous menacés. La deuxième surprise viendra. C’est pour confirmer que nous n’avons pas peur d’un seul tour, mais nous tenons beaucoup à la cohésion nationale parce que nous ne voulons pas un Président mal élu. Nous pouvons vous démontrer sur papier que la Province Orientale, à elle seule, peut faire sortir un Président avec 20%, la province du Katanga aussi 20%, à elle seule. Mais ce n’est pas de cela dont nous avons besoin. Nous avons besoin en tant que pays post-conflit, avec un processus qui a coûté du sang des congolais, que nous puissions avoir un Président bien élu. Et donc, la Constitution du 18 février est le fruit d’âpres négociations de Sun City. Si nous sommes venus à la Monusco, ce n’est pas pour pleurnicher, ni vendre la souveraineté de notre pays. C’est parce que le processus avait été garanti par la Communauté Internationale qui avait signé sur le papier de l’accord global et inclusif. Donc, on ne peut pas se réveiller un matin et dire que nous changeons une Constitution pour laquelle nous avons fait une campagne pendant 1 année à travers tout le pays... Un Gouverneur, on peut le remercier comme on veut ? Puisque vous insister beaucoup sur le mode de scrutin, mais vous oublier que la révision implique que le Gouverneur, désormais, quand le Président est de mauvaise humeur, il peut le remercier. Ça implique que quand le Président se réveille de mauvais pied il peut dissoudre les Assemblées Provinciales alors que nous devrions avancer, en organisant les élections municipales, locales et urbaines pour rapprocher les Gouvernants des Gouvernés. Alors que les uns attendaient que la décentralisation devienne effective avec les 40% ; que les Gouvernants fassent leur travail, les gens attendent les 26 provinces ; nous faisons un bond dans l’inconnu, nous rentrons 20 ans en arrière".
A Me SHABANI de l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social de conclure : "Nous sommes venus interpeller la communauté internationale à travers la Monusco sur les risques d’instabilité que court le pays. Nous sommes venus leur dire que nous allons prendre nos responsabilités en tant qu’opposition, nous allons aller jusqu’au bout dans ce processus électoral, nous leur demandons de prendre leur responsabilité parce qu’ils accompagnent le pays dans ce processus depuis des longues années. Je pense que l’échange a été fructueux".