KINSHASA, le 18 mai (IRIN) - La police a imposé un couvre-feu à compter de mardi soir sur la ville de Mbuji-Mayi, région diamantifère au centre de la République Démocratique du Congo, après les violentes manifestations qui ont fait deux morts et 12 blessés.
Le Général Jean Dieudonné Oléko, inspecteur général de la province, a déclaré à IRIN mercredi que le couvre-feu avait été instauré pour dissuader les jeunes de commettre des actes de vandalisme à la nuit tombée.
«La police contrôle complètement la situation», a-t-il déclaré.
Il n'a cependant pas indiqué quand le couvre-feu, qui est en vigueur de 18h (17h en temps universel) à minuit, serait levé.
Il a indiqué que deux civils avaient été tués par les balles perdues de la police tandis que les policiers avaient enregistré sept blessés au cours de la manifestation.
«Les agents de police ont été blessés par les projectiles lancés par les manifestants. Deux civils ont été atteints par les balles des policiers au moment où les manifestants tentaient de s'emparer de leurs fusils et en sont morts", a déclaré Oleko.
Les manifestants protestaient contre la prolongation de la période de transition politique censée ramener le pays à la démocratie annoncée lundi après l'adoption de la nouvelle constitution.
Sur la base de la Constitution de la Transition promulguée en avril 2003, la période de transition devait initialement prendre fin le 30 juin, et pouvait être prolongée de douze mois.
Lundi, le président congolais Joseph Kabila a déclaré que le processus électoral prendrait fin en juin 2005.
Les manifestants de Mbuji-Mayi réclamaient également la fin du régime politique en cours au Congo, d'un président et de quatre vice-présidents.
Oléko a précisé que les forces de sécurité anti-émeutes étaient intervenues après que les manifestants aient saccagé et mis le feu aux permanences de trois partis politiques, le Parti du peuple pour la reconstruction et le développement, le Mouvement pour la Libération du Congo et le Rassemblement Congolais pour la Démocratie-Kisangani/Mouvement de libération.
Les autorités de Mbuji-Mayi ont fermé une station de radio, Radio-Télé-Debout Kasai, pour avoir diffusé sur ses ondes le contenu de tracts anonymes distribués dans plusieurs villes du pays.
Ces tracts invitent la population à manifester son mécontentement en organisant des journées "villes mortes" au cours desquelles elle doit rester chez elle et déserter les lieux publics.
Les manifestations étaient menées par les partisans de l'opposant historique Etienne Tshisekedi, chef de l'Union pour la Démocratie et le progrès social (UDPS).
"Il y a eu de nombreuses arrestations de nos représentants à Matadi, dans la province du Bas-Congo, à Mbuji-Mayi, et dans d'autres villes parce que nous avons invité le public à manifester," a déclaré à IRIN Raoul Nsolwa, le Secrétaire national de la section jeunesse de l'UDPS.
Mercredi matin, on pouvait encore apercevoir des barricades dans certaines rues de la ville.
Il y a également eu des manifestations mercredi matin à Kananga, la principale ville de la province du Kasai Occidental.
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