De nombreux point-clés restent à définir pour les élections présidentielles et législatives de cette année en République démocratique du Congo. Certains observateurs craignent des retards.
Tandis que les électeurs font la queue devant les centres d’inscription de tout le pays, au Parlement, le débat se poursuit à propos de la législation qui doit organiser le déroulement des élections.
La révision des listes électorales en cours dans huit des onze provinces de la République démocratique du Congo doit se terminer début juillet. Il a fallu deux ans pour enregistrer les électeurs de trois petites provinces de Kinshasa, du Bas-Congo et du Maniema, et l’apparition de nombreux problèmes fait craindre des retards.
Certains observateurs, comme Jérôme Bonso, président de la Ligne nationale pour les élections libres et transparentes, se plaignent que le nombre de centres d’enregistrement a diminué par rapport aux élections de 2006.
«On a réduit même de moitié. L’électeur doit marcher 30 à 40 km pour aller se faire enrôler.»
Il craint que tout ne soit pas prêt à temps : «La technologie nous fait défaut. Logiquement et techniquement, nous devons aller jusqu’au mois d’avril ou de mai de l’année prochaine pour que les élections se tiennent dans de bonnes conditions.»
Et d’ajouter :» Est-ce qu’il faut aller aux élections bâclées ? ça va porter des conflits!»
A Fizi, dans la province du Sud -Kivu, un chef local enrage en voyant les électeurs forcés à payer 500 francs congolais (soit un demi-dollar) juste pour avoir une place dans la file d’attente. Non loin de là, à Baraka, un électeur a calculé que le rythme actuel d’inscription ne permettrait de traiter que 10 % de la population.
Nouveau projet de loi électorale
A la Commission électorale nationale indépendante ou CENI, on reconnaît que les déploiements du personnel en partenariat avec les Nations unies ont pris du retard et qu’un centre sur dix est actuellement fermé en raison de pannes techniques.
Mais la CENI reste confiante dans le respect du délai de trois mois pour inscrire tous les électeurs. Quant à la corruption, son président a appelé la population à dénoncer les agents qui exigent des paiements illégaux, et promis de les poursuivre.
Pendant ce temps, les parlementaires ont débuté ce jeudi l’examen d’un nouveau projet de loi électorale après avoir rejeté un premier texte il y a 10 jours. Point de débat principal : le mode de scrutin utilisé pour les élections législatives.
C’est ce qu’explique Emmanuel Ramazani, député du parti majoritaire PPRD : « Il y a deux choses, la représentativité ou la gouvernabilité. Nous, nous voulons que ce pays soit gouverné. Comme il y a deux thèses en présence, le système proportionnel et le système majoritaire, le projet de loi qui nous a été soumis par le gouvernement a amené un scrutin mixte.»
Le texte proposé par le gouvernement permet aux partis politiques de s’apparenter pour former une alliance qui obtiendrait tous les sièges d’une circonscription si son score y dépasse 50%.
Mais certains soutiens minoritaires de la coalition au pouvoir, notamment les indépendants, refusent cette option.
Les cautions financières importantes qui seraient demandés aux candidats font aussi débat, et de nombreux amendements interviendront probablement avant que la loi ne puisse être adoptée.
Encore une source de retards potentiels pour le processus électoral.