Le Chef de l’Etat, qui s’exprimait devant les deux chambres du Parlement réunies en Congrès, dans un discours sur l’état de la Nation, en présence du Président congolais Denis Sassou Nguesso et de la Présidente de la Commission de l’Union africaine, Mme Nkosozana Dlimini Zuma, a rendu compte d’importantes mesures prises pour répondre aux préoccupations soulevées par les délégués aux concertations nationales.
« Grâce aux concertations nationales, demain sera différent d’aujourd’hui », a dit le Chef de l’Etat, ajoutant que l’émergence de la RDC exige que chacun s’engage et, là où il sert la République, que chacun s’améliore. «Nous sommes appelés collectivement et individuellement au changement de mentalités, de méthodes et de comportements », a-t-il souligné. Il a noté à ce sujet que pour mettre fin aux conflits sous toutes ses formes, poursuivre la marche du pays, consolider la paix et conforter les perspectives d’un Congo fort, uni et prospère, le Congolais doit cultiver plus de sens d’éthique et de respect de biens publics, en respectant les fondamentaux des principes démocratiques.
Des mesures pour consolider la cohésion nationale
Le Président Joseph Kabila a annoncé par ailleurs la mise sur pied, pour une durée d’une année renouvelable, d’un Comité national de suivi des recommandations des concertations nationales piloté par une équipe restreinte représentative des 5 thématiques de ces assises tenues récemment à Kinshasa. Ce comité sera placé sous la direction de la même co-présidence des concertations nationales, afin d’organiser un Forum national, d’examiner les conflits et de recommander les actions pour pacifier les cœurs et les esprits des Congolais.
S’agissant des violences persistantes issues des conflits et des groupes armés, cause du drame humanitaire dans les territoires de Nyiragongo et de Rutshuru (Nord Kivu), ainsi qu’en Ituri (Province Orientale), le Chef de l’Etat a relevé les soutiens extérieurs dont bénéficient ces groupes, qui procèdent, a-t-il dit, « d’une stratégie de déstabilisation et de fragilisation des institutions de la République afin de priver la RDC de ses terres et de ses ressources nationales ».
En ce qui concerne les pourparlers de Kampala, le Président de la République a indiqué que le gouvernement ne peut transiger sur les conditions d’amnistie et d’éligibilité aux institutions de la République, réitérant ainsi la position gouvernementale selon laquelle il n’y a pas d’amnistie pour les récidivistes impénitents. Le Chef de l’Etat a également annoncé la signature d’une ordonnance accordant la mesure de grâce en faveur de certains prisonniers civils, tandis que pour les détenus militaires il a demandé aux juridictions militaires compétentes de s’y pencher et de lui faire des propositions concrètes dans un plus bref délai. Il a instruit, par ailleurs, le gouvernement de transmettre au Parlement le projet de loi portant amnistie pour son examen en procédure d’urgence.
Abordant la situation des institutions publiques qui évoluent hors mandat, notamment le Sénat et les Assemblées provinciales issues des élections de 2006, le Président de la République, respectueux de la Constitution, a annoncé que celles-ci demeurent en place jusqu’à l’installation des institutions correspondantes issues des prochaines élections locales et sénatoriales. Il a recommandé à la Commission électorale nationale indépendante (CENI) de proposer urgemment un calendrier au Parlement pour parachever le processus électoral en cours. Dans le même cadre, le Chef de l’Etat a demandé la prise en compte du quota de 30% réservé aux femmes sur les listes électorales présentées par les partis politiques.
En vue de consolider la cohésion nationale, le Président Joseph Kabila a exigé l’érection des monuments en divers endroits du territoire national en mémoire des victimes de guerre, avant de demander au gouvernement de prendre des dispositions en vue du rapatriement des dépouilles de feu le Président Mobutu et de l’ancien Premier ministre Moïse Tshombe, avec l’accord de leurs familles respectives. Le Chef de la République a, en outre, instruit le gouvernement de faire le suivi des dossiers de ressortissants Congolais en instruction devant la Cour pénale internationale (CPI) et ailleurs à l’étranger. Il a également dans le même contexte préconisé le rapatriement des Congolais refugiés à l’extérieur du pays et en revanche d’organiser le retour des Mbororo réfugiés dans la Province Orientale (Nord-est de la RDC) dans leur pays d’origine.
Face à une nouvelle forme de criminalité qui s’installe de plus en plus dans les milieux urbains, le Président Kabila a instruit la police et les institutions judiciaires d’utiliser toutes les voies pour y mettre fin rapidement. En matière de décentralisation, il a demandé au Parlement de compléter l’arsenal juridique existant, avant d’annoncer l’installation progressive de nouvelles provinces et le transfert de leurs ressources conformément à la Constitution. D’autres mesures sont envisagées pour répondre à moyen et long termes aux 679 préoccupations exprimées par les délégués aux concertations nationales, a assuré le Chef de l’Etat.
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