KINSHASA, le 25 octobre (IRIN) - A quelques jours du deuxième tour de scrutin qui opposera dimanche prochain Joseph Kabila, le Président sortant, à Jean-Pierre Bemba, un des quatre vice-présidents de la République démocratique du Congo (RDC), les deux forces internationales chargées de la sécurisation du scrutin se disent prêtes à intervenir en cas d'incident.
Jusqu'à présent, il n'y a eu que quelques incidents isolés entre les partisans des deux candidats.
« La situation exige que nous soyons prêts », a déclaré le général Karl Viereck, commandant des opérations de l'Eufor, la force de l'Union européenne déployée en RDC, lors d'une visite lundi à Kinshasa, la capitale.
Joseph Kabila, 35 ans, actuel président du gouvernement de transition n'avait pas obtenu suffisamment de voix en juillet dernier pour remporter les élections générales dès le premier tour de scrutin.
Peu de temps avant la proclamation des résultats en août, des affrontements avaient opposé les partisans de M. Kabila à ceux de M. Bemba. Ces incidents avaient fait 23 morts.
A quelques jours du deuxième tour de scrutin, qui se tiendra le 29 octobre, des rixes entre partisans des deux candidats auraient été rapportés, ce qui fait craindre de nouveaux combats de rue dans Kinshasa.
Les forces de la Mission des Nations unies en RDC (Monuc) et de l'Eufor sont toutefois optimistes et pensent que la situation sera plus calme cette fois-ci.
Selon le général Viereck, MM. Kabila et Bemba lui ont promis que les opérations de vote se dérouleront dans le calme. Dans l'ensemble, il semble que la population se comporte comme si elle est prête à accepter le verdict des urnes. « Je suis optimiste, mais reste réaliste », a conclu le général.
A la Monuc aussi, on continue de penser que MM. Bemba et Kabila demanderont à leurs partisans de rester calmes. « Je pense qu'il faut croire en leur déclaration », a affirmé William Swing, le représentant spécial du Secrétaire général des Nations unies en RDC, en faisant référence à l'appel au calme lancé par les deux candidats.
« Ils ont pris un engagement et je n'ai aucune raison de douter de la sincérité de leurs propos ».
« En revanche, nous devons avoir confiance aux engagements des médias et à l'opération 'Kinshasa, une ville sans arme', qu'il faudra également menée dans d'autres villes », a-t-il ajouté.
« Nous essayerons d'éliminer les poches de violence en étant vigilants par rapport à la circulation d'armes », a conclu M. Swing.
Les troupes de l' Eufor vont appuyer la Monuc dans ses opérations de maintien de la sécurité, a expliqué le général Viereck. En outre, en cas d'émeutes, l'Eufor sera également chargée de la protection des expatriés européens, des Congolais et des ressortissants d'autres pays.
L'opération « Kinshasa, ville sans armes » est menée actuellement dans la capitale par des patrouilles mixtes impliquant des éléments de l'Eufor, de la Monuc et des forces armées de la RDC.
L'Eufor dispose également d'un drône, un petit avion sans pilote, affecté à la surveillance de la capitale, et de 200 hommes supplémentaires basés à Kinshasa. Ils s'ajoutent au 900 autres déjà déployés sur le terrain, le reste du contingent des troupes de l'Eufor étant prépositionné au Gabon.
La tension est vive entre les partisans des deux candidats à Kinshasa, dans la moitié de la région occidentale et dans la partie orientale du pays (fief du Président Kaliba).
Au moins 16 000 ex-combattants des différentes factions de la rébellion n'ont pas encore intégrés la nouvelle armée nationale de la RDC, ce qui présente un risque pour M. Bemba pour sa campagne électorale dans la région orientale du pays, a déploré Delly Sesanga, député du Mouvement de libération du Congo, le parti de M. Bemba.
Toutefois, quelque 120 000 ex-combattants ont déjà été intégrés dans l'armée, selon le colonel Aime Mbiato, responsable du programme d'intégration.
Les nominations par M. Kabila de deux militaires à la tête de la mairie de Kinshasa et du ministère de l'Intérieur ont été vivement critiquées, bien que pour certains, elles semblent nécessaires pour garantir la sécurité.
En août dernier, MM. Kabila et Bemba ont convenus de maintenir dans des casernes tous les membres de leur sécurité qui ne seront pas affectés à la sécurisation des élections.