Les deux candidats au ballottage de demain - le président sortant Joseph Kabila et un de ses vice-présidents, Jean-Pierre Bemba - se sont tous deux déclarés prêts à accepter "l'éventuel échec" aux urnes, dans deux diverses interviews accordées aux médias étrangers à la veille du vote.
À l'émetteur britannique 'Bbc', qui ne rapporte que quelques paroles, Kabila se serait dit disposé à accepter l'issue des urnes "sans problèmes". Bemba - à la radio française 'Rfi' - a affirmé qu'en cas de victoire de son rival "dans la transparence", il invitera ses partisans au calme.
Le 30 juillet, premier tour de la présidentielle, une journée considérée historique au vu de la massive participation au vote dans le calme, hormis quelques incidents isolés, le président sortant a obtenu 44,8% des préférences et Bemba 20%. À l'annonce des résultats électoraux, entre le 20 et le 22 août, de graves affrontements sont survenus à Kinshasa, provoquant des dizaines de victimes.
Ces derniers jours, la tension était palpable dans la capitale et en province; l'épisode le plus grave s'est vérifié jeudi à Gbadolite, à la frontière avec la République Centrafricaine, quartier général de Bemba, où 4 personnes sont mortes dans des heurts entre les gardes du vice-président et celles de Nzanga Mobutu, fils de l'ex-dictateur Mobutu Sese Seko, qui soutient le parti de Kabila au ballottage. Quelques heures auparavant, une révolte dans la prison de Kinshasa avait provoqué d'ultérieures craintes de nouveaux combats dans la capitale, mais la situation est redevenue tranquille, même si le climat demeure tendu. "La situation est très calme, même si la psychose ne fait qu'augmenter" a déclaré le porte-parole adjoint de la Monuc, Jean-Tobie Okala, en appelant la population "à ne pas céder à la panique".
Le meeting de Bemba qui aurait dû se tenir hier au stade de Kinshasa a été annulé pour des raisons de sécurité; la campagne électorale s'est officiellement conclue à minuit. Les frontières du pays seront fermées de samedi minuit à dimanche minuit.
L'Ouganda a déployé des troupes supplémentaires à sa frontière avec le Congo, démentant tout rapport entre cette décision et l'élection de dimanche. En province, au-delà des incidents de Gbadolite (nord-ouest), le tension était palpable à Lodja (centre), au lendemain du meurtre d'un militant pro-Bemba et des incendies et violences ayant duré jusqu'à hier matin; à Kamina, dans le Katanga (sud-est) le climat d'insécurité a porté le comité provincial a interdire hier toute manifestation publique.
Demain, les Congolais devront choisir leur nouveau président ainsi que les membres des conseils provinciaux, qui seront ensuite appelés à élire les gouverneurs et 125 sénateurs, qui épauleront les 500 députés élus en juillet dernier.
Le scrutin de demain - qui a coûté globalement 400 millions d'euro, payés par la communauté internationale - devrait mettre fin à la longue transition post-belliqueuse après les conflits de 1996 à 2003. Plus d'un millier d'observateurs internationaux et 40.000 nationaux scruteront la régularité du vote, placé sous la surveillance de quelque 80.000 policiers congolais, 17.600 casques bleus de l'Onu et 1.200 soldats de l'Eufor (force européenne).