KINSHASA, Congo (AP) - Le chef de l'Etat sortant Joseph Kabila a été déclaré vainqueur de l'élection présidentielle au Congo-Kinshasa, premier scrutin multipartite depuis plus de 40 ans dans cet immense pays d'Afrique centrale, a annoncé mercredi soir la commission électorale indépendante à l'issue d'une journée de forte tension dans la capitale.
Lors du second tour du 29 octobre, Kabila a remporté 58% des voix contre près de 42% à son rival, le vice-président sortant et ancien chef rebelle Jean-Pierre Bemba, a déclaré Apollinaire Malu Malu, président de la commission électorale indépendante (CEI), lors d'une allocution retransmise à la télévision.
Dans la journée, la CEI avait publié sur son site Internet des résultats complets provisoires qui accordaient alors 62% des voix à Kabila, contre environ 38% à Bemba. La CEI n'a pas expliqué les raisons de l'écart de quatre points entre ces résultats provisoires -provenant pourtant de toutes les circonscriptions- et les résultats définitifs.
Toute la journée, la tension a été à son comble à Kinshasa dans l'attente des résultats définitifs. Les forces de l'ONU soutenues par des blindés encerclaient la résidence de Jean-Pierre Bemba, qui contestait les résultats provisoires.
Les combattants de Bemba, lourdement armés, refusaient d'être confinés dans des casernes. Des affrontements à l'arme lourde ont éclaté la semaine dernière autour de la maison de Bemba, qui ont causé la mort de trois civils et un soldat. En août, l'annonce des résultats du premier tour avait déclenché trois jours de combats de rue dans Kinshasa entre les deux camps, se soldant par 23 morts.
Les véhicules de transports de troupe blindés blancs de la MONUC, surmontés de mitrailleuses, ainsi que des camions transportant des soldats, sont restés déployés toute la nuit de mardi à mercredi devant la maison de Bemba, en plein centre-ville, non loin de l'artère principale, le Boulevard du 30 Juin. Selon le porte-parole militaire de la MONUC le colonel Stéphane Lescoffit, 100 hommes sont mobilisés sur place.
Selon le porte-parole de Bemba Moïse Musangana, l'armée congolaise était venue la veille avec des camions, exigeant que 300 membres de la garde rapprochée de Bemba soit cantonnés dans des casernes à l'extérieur de la ville. Avant de repartir face au refus des hommes de Bemba. Selon Musangana, la garde présidentielle est elle plus nombreuse, comptant jusqu'à 15.000 hommes.
Mardi, dénonçant un dépouillement qu'ils disent frauduleux, les partisans de Bemba ont menacé de mettre un terme aux accords promouvant le règlement des conflits par le dialogue et revendiqué la victoire avec 52% des voix, ce que la CEI a qualifié d'"imposture".
Dans la capitale de ce Congo-Kinshasa grand comme l'Europe de l'ouest, la tension était à son comble mercredi. Une flottille de petits bateaux a franchi mardi le fleuve Congo depuis Brazzaville, comptant pouvoir gagner de l'argent en transportant des réfugiés au cas où la situation dégénère à Kinshasa. AP