Jean-Pierre Bemba, candidat malheureux au second tour de l'élection présidentielle, s'engage à conduire l'opposition |
KINSHASA, le 29 novembre (IRIN) - Jean-Pierre Bemba, candidat malheureux au second tour de l'élection présidentielle du 29 octobre dernier, a dénoncé le verdict de la Cour suprême validant la victoire du Président sortant, Joseph Kabila, et a annoncé par la même occasion qu'il s'engage à conduire une opposition résolue.
« Au nom de l'intérêt supérieur de la nation et dans le souci de préserver la paix et d'épargner au pays de sombrer dans le chaos et la violence, je prends aujourd'hui devant Dieu, la nation et l'histoire, l'engagement et la responsabilité de conduire désormais, en communion permanente avec vous tous, ce combat pour le changement dans le cadre d'une opposition forte et républicaine », a-t-il dit dans un communiqué qu'il a lu sur ses chaînes de radio-télévision.
L'arrêt de la Cour suprême valide ainsi les résultats du deuxième tour de l'élection présidentielle qui créditaient M. Kabila de 58 pour cent des suffrages, contre 42 pour cent à M. Bemba.
M. Bemba avait introduit auprès de la Cour suprême un recours en annulation contre ces résultats en raison de prétendues fraudes. Après examen des huit griefs, la Cour les a rejetés, arguant qu'ils n'étaient pas fondés.
Parmi ces griefs, M. Bemba a dénoncé l'inscription sur des listes spéciales de 1,5 million de votants. Sans pour autant contester la validité des listes, M. Bemba a estimé qu'elles comportaient beaucoup trop d'inscrits, ce qui les rendait suspectes.
La Commission électorale indépendante (CEI) avait créé ces listes pour inscrire les fonctionnaires qui seraient en mission le jour du scrutin et qui, de ce fait, ne pourraient pas voter dans leur circonscription habituelle. Mais pour M. Bemba, le pays ne compte pas autant de fonctionnaires.
La CEI se serait également opposée à ce que les délégués de Jean-Pierre Bemba vérifient les noms inscrits sur ces listes. Au cours de l'audience, les avocats de M. Bemba ont fait remarquer que toutes les personnes inscrites sur les listes spéciales ont voté pour le candidat Kabila.
Ils ont notamment souligné que l'accès aux bureaux de vote, dans l'est du pays, était interdit à certains délégués de M. Bemba, ce qui explique qu'ils n'ont pu contrôler les opérations de vote. Et pour les quelques délégués présents dans les bureaux de vote, ils n'ont pas été autorisés à vérifier les bulletins lors du décompte des voix.
M. Bemba a vivement critiqué une pratique en vigueur pendant les élections et qui consistait à communiquer à ses délégués des adresses erronées pour rendre plus difficile la localisation des bureaux de vote.
« Nos griefs sur cette élection demeurent et nous serions bien fondés à en contester le verdict », a affirmé M Bemba.
Le Comité d'Appui à la Transition (Ciat), constitué des ambassadeurs accrédités en République Démocratique du Congo (RDC), a demandé à MM. Bemba et Kabila d'appeler la population et leurs militants au calme. Le Ciat a notamment recommandé aux deux leaders politiques de respecter la déclaration d'intentions post-électorale par laquelle le perdant s'engageait à respecter le verdict des urnes, et le vainqueur, à garantir l'intégrité physique du perdant et sa liberté de mouvement sur tout le territoire.