"Le gouvernement sud-africain a appelé toutes les forces en République démocratique du Congo à cesser immédiatement de se battre et à entamer des négociations" a déclaré depuis Pretoria le vice-ministre des Affaires étrangères, sud-africain Aziz Pahad.
L'Afrique du Sud est un des principaux acteurs du processus de paix et quelque 2.000 de ses militaires sont déployés au sein de la mission onusienne au Congo (Monuc). De plus, l'ancien vice-président et ex-chef rebelle Jean-Pierre Bemba, à l'origine des tensions et violences en cours à Kinshasa, est réfugié depuis hier soir à l'ambassade sud-africaine à Kinshasa ; aujourd'hui, un mandat d'arrêt a été délivré contre lui pour haute trahison. Un autre ancien leader rebelle et ex vice-président, Azarias Ruberwa, dont la garde rapprochée - comme celle de Bemba, soit environ 1.200 hommes en tout - se refuse encore de regagner les rangs de l'armée régulière (Fardc), se serait lui aussi réfugié dans "une autre mission diplomatique non précisée", a ajouté le vice-ministre sud-africain.
Par ailleurs, M. Pahad craint que "les troubles actuels puissent ouvrir une boite de Pandore dans l'Est et d'autres régions du Congo, conduisant des gens à utiliser la violence pour se procurer ce qu'ils pensent ne pas avoir obtenu par le processus de paix" et l'accord négocié avec l'actuel gouvernement du président Joseph Kabila.
Sur le terrain, rapportent les médias internationaux, les tirs sporadiques ont repris tôt ce matin dans le centre de Kinshasa et se sont intensifiés au fil des heures ; les avenues de la capitale sont désertes, le quartier de la Gombe est bouclé tandis que des bâtiments et boutiques auraient été pillés.
Les employés des administrations publiques, des entreprises situées dans le périmètre des affrontements ainsi que nombre d'élèves du primaire et du secondaire - qui ont passé la nuit enfermés dans les bureaux et les écoles - semblent encore bloqués à l'intérieur. "En ce moment il est 11 heures 30 et nous sommes toujours coincés sans rien manger" écrit dans un courrier électronique transmis à la MISNA un employé se trouvant dans un des édifices situé dans le quartier de Gombe.
En revanche, entre hier soir et cette nuit des véhicules blindés de la Monuc ont évacué plus de 600 personnes entre travailleurs des agences des Nations Unies, des ambassades, des étudiants et des civils blessés. Donner un bilan précis des affrontements est encore difficile pour le moment : le dernier faisait état d'au moins une dizaine de personnes tuées hier. A celles-ci s'ajouteraient les victimes des tirs de mortier contre des immeubles du Fonds de l'ONU pour l'Enfance (Unicef) et de la Banque internationale de l'Afrique centrale, au moins deux morts et une quinzaine de blessés. Certaines sources affirment que ce bilan pourrait s'alourdir.