NAIROBI, 9 July 2007 (IRIN) - La République démocratique du Congo (RDC) pourrait voir s'envoler les progrès réalisés récemment dans le cadre du processus de démocratisation, si le président Joseph Kabila ne commence pas à promouvoir le dialogue et la responsabilité, et ne renforce pas la coopération avec l'ensemble de la communauté internationale, a averti l'International Crisis Group (ICG).
Photo: Tiggy Ridley/IRIN Des partisans de Joseph Kabila rassemblés autour d'un bureau de vote à Kinshasa le 30 juillet 2006, pour la première élection démocratique depuis 1960
Selon le rapport Congo: Consolider la paix, publié par ICG le 5 juillet, même si la période de transition, qui s'est terminée par des élections il y a six mois, a contribué à unifier le pays et à améliorer la sécurité dans certaines régions, les institutions au pouvoir sont restées faibles, abusives ou inexistantes.
L'armée nationale, notamment, est toujours responsable des pires violations des droits humains, au moment où une autre crise semble imminente dans l'est.
« Malgré l'autorité fermement établie du président Kabila, ces derniers mois ont été marqués par une rapide paralysie des rouages de l'Etat, par des tendances autoritaires accrues et par l'absence de tout progrès décisif en vue de la restauration de la paix dans les [provinces du Nord et du Sud] Kivu », a expliqué David Mugnier, directeur de projets Afrique centrale à ICG.
« M. Kabila et le Premier ministre Antoine Gizenga doivent reconnaître les échecs essuyés ces derniers mois », peut-on lire dans le rapport. « Un retour à la guerre à grande échelle est peu probable, mais les violences au Bas-Congo et à Kinshasa au début de l'année 2007, qui ont fait plus de 400 morts, et les nouvelles menaces de guerre aux Kivus montrent la fragilité du pays ».
ICG a appelé à réunir les conditions nécessaires au retour de Jean-Pierre Bemba, chef de l'opposition, ainsi qu'à accorder de plus grandes libertés à l'Assemblée nationale, aux tribunaux et aux médias.
« Malgré les efforts tardifs mais louables qui ont été faits pour lui accorder une place plus importante au sein de l'Assemblée, l'opposition voit encore sa capacité à jouer son rôle gravement entravée par l'usage récurrent de la force contre ses partisans et par l'exil de Jean-Pierre Bemba, principal adversaire du président Kabila aux dernières élections », selon ICG.
« Le fait que l'opposition ait été quasi exclue des gouvernorats bien qu'elle ait remporté cinq élections aux assemblées provinciales est un autre signe de l'affaiblissement du pluralisme politique », a ajouté le document.
Appel au dialogue et à la diplomatie
Au sujet de la situation instable au Nord et au Sud Kivu, ICG a appelé urgemment au dialogue et au recours à la diplomatie.
« Il y a encore beaucoup à faire pour faire de l'armée et de la police des forces compétentes, qui inspirent la confiance et peuvent assurer une stabilité et lutter contre l'anarchie, particulièrement dans l'est, une région dominée par les milices », a observé l'organisation.
Selon ICG, la situation de sécurité est meilleure dans certaines régions, telles que l'Ituri, mais peu de progrès ont été accomplis en vue du désarmement des milices opérant dans les Kivus.
M. Kabila a été élu président en 2006. Avant cela, il a dirigé un gouvernement provisoire, se substituant ainsi à son père, Laurent Désiré Kabila, assassiné en 2001 après avoir renversé le régime autoritaire de Mobutu Sese Seko, qui a duré 40 ans.
Lors de son intronisation, M. Kabila, alors âgé de 35 ans, a promis d'assurer un leadership et une bonne gouvernance pendant ses cinq ans d'intendance.
« La marche à suivre consistera à renforcer la gouvernance démocratique », selon l'ICG.
« La réforme requiert une vraie volonté politique de lutter contre l'impunité en contrôlant les représentants de la police et de l'armée, et en assurant l'indépendance des tribunaux », a analysé l'organisation.
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