La salle de promotion Mgr Luc Gillon de l’Université de Kinshasa, Unikin a abrité, hier, une conférence-débat sur le thème : « L’atteinte du point d’achèvement de l’Initiative PPTE (Pays Pauvres Très Endettés) et son impact sur la relance de la croissance en RD Congo ».
L’orateur, M. Jean-Claude Nachega, est le directeur de cabinet adjoint, dircaba du Premier Ministre chargé du suivi et d’évaluation du programme gouvernemental. La journée a connu une forte mobilisation d’étudiants, du personnel académique, scientifique, administratif et d’invités. Dans son mot de bienvenue, le secrétaire général académique, le professeur Prosper Kanyankogote a relevé que le sujet relatif à l’atteinte du point d’achèvement revêt un intérêt particulier pour le public universitaire. Aussi a-t-il eu des mots justes, pour remercier le cabinet du Premier ministre d’avoir répondu promptement à la demande exprimée, à cet effet, par le club des économistes « Néo-keynésiens », comité d’organisation. « L’initiative d’informer est louable pour ne pas permettre que des intoxications et des suspicions ne puissent être de mise ; puisqu’à part votre qualité de Dircaba, vous êtes aussi expert au Fonds Monétaire International, FMI (…) », a-t-il relevé.
L’orateur, sous les ovations du public qui a salué sa maîtrise d’un langage essentiellement scientifique, a souligné que l’atteinte du Point d’achèvement est l’aboutissement d’un long processus, et traduit la normalisation des relations avec les Institutions financières internationales. Et d’ajouter que n’eût été le cycle des conflits armés dans l’Est du pays, la RD Congo aurait franchi le Point d’Achèvement cinq voire six ans plus tôt. Car dès son avènement à la tête de l’Etat, début 2001, le président Joseph Kabila a adopté une ligne de conduite traduisant une volonté politique de cheminer dans l’harmonie avec les institutions de Bretton Woods. Dans la deuxième et la troisième partie de son exposé, l’orateur a voleté le contexte général, puis évoqué les déclencheurs du Point d’Achèvement de l’Initiative PPTE. Il a poursuivi en ressortant l’évolution respectivement des secteurs prioritaires par rapport à l’exécution du Budget et de quelques indicateurs économiques et financiers. Chiffres à l’appui, il a étalé la structure de la dette, avant et après le Point d’Achèvement de l’Initiative PPTE. « La RD Congo va bénéficier d’allègement significatif à la fois du stock et du service de sa dette publique extérieure, estimée à 13,7 milliards de dollars, représentant 125% du Produit Intérieur Brut, PIB, en fin décembre 2009, pour s’établir à 2,9milliards de dollars, représentant 24% du PIB, à la fin de cette année 2010. Il s’agit du plus grand allègement de la dette dont a jamais bénéficié un pays dans le cadre de l’Initiative PPTE », a-t-il indiqué. S’agissant des défis et perspectives, l’expert du FMI a exprimé son optimisme sur l’impact enchanteur sur la relance de la croissance en RD Congo. Pour y parvenir, il n’a pas manqué de suggestions : la réforme structurelle, l’investissement tri sectoriel : dans les ressources humaines (éducation, santé,…), dans les infrastructures et dans la stabilisation du cadre macroéconomique. En outre, tenir à la bonne gouvernance, poursuivre la lutte contre la corruption,…
« 40 pays ont été éligibles à l’Initiative PPTE. (…)A ce jour, 36 pays ont été approuvés, dont 30 en Afrique avec un allègement de plus de 51milliards de dollars, avec l’annulation de leurs dettes au fil des ans » a souligné l’expert Nachega
Sur base des décisions séparées des membres de la communauté internationales et de la Banque Mondiale, respectivement le 30 juin et 1er juillet 2010, la RD Congo a atteint le Point d’Achèvement de l’Initiative PPTE. La RD Congo a également été admise à bénéficier d’une réduction supplémentaire au titre de l’Initiative d’Allègement de la Dette Multilatérale, en sigle Initiative IADM. En quoi consistent les Initiatives PPTE et IADM ? Pour remédier aux problèmes illimités des pays pauvres très endettés, le FMI et la Banque Mondiale( BM) ont lancé l’Initiative PPTE en septembre 1996, afin de s’assurer qu’aucun pays ne soit confronté à une charge d’endettement qu’il ne peut gérer. Pour être éligible à l’Initiative PPTE, un pays doit satisfaire certains critères. Et s’engager à réduire la pauvreté par des réformes économiques, tout en établissant au fil du temps, de bons antécédents, au moyen d’une politique économique simple et rigoureuse. De cette manière, il y a quatre conditions pour qu’un pays soit admissible à l’Initiative PPTE.
Primo : le pays doit être admissible à emprunter auprès de l’Agence Internationale de Développement, AID de la Banque Mondiale et, en même temps, être admissible auprès du FMI par le biais de sa ligne de crédit élargi, (…) pour la réduction de la pauvreté et pour la croissance. Et qui donne des prêts à des pays à faible revenus ;
Secundo : le pays va faire face à une charge d’endettement insoutenable à laquelle le pays concerné ne peut s’attaquer aux moyens de mécanismes d’allègement de la dette traditionnels.
Tertio : le pays doit mettre en œuvre des réformes et mener une politique économique de rigueur, dans le cadre des politiques économiques appuyées par le FMI et la BM. Quarto : Le pays doit élaborer un Document des Stratégies pour la Réduction de la Pauvreté, DSRP, suivant un vaste processus participatif au niveau national. Ainsi donc, lorsqu’un pays a rempli ces quatre critères, le Conseil d’administration du FMI et de la BM décide officiellement de son admissibilité à l’allègement de la dette.
Pour atteindre le Point d’Achèvement, c’est-à-dire bénéficier de la réduction intégrale et irrévocable de sa dette, le pays doit continuer et faire exactement trois choses : Primo : continuer de donner la preuve de bonne performance dans le cadre des programmes définis par le FMI et la BM ; secundo : exécuter de manière satisfaisante les grandes réformes convenues au pont de décision, le fameux déclencheur du Point d’ Achèvement et enfin, adopter et mettre en œuvre, pendant au moins une année, sa stratégie de réduction de la pauvreté et de relance de la croissance. Les étudiants ont manifesté leur intérêt aussi bien en posant des questions qu’en exprimant leurs points de vue en sens divers. Dans cet ordre d’idée, l’étudiant en économie, Joseph Mbuyi Dinanga exhorte le gouvernement à pousser l’austérité jusqu’à mettre en place une politique de développement à quoi tenir ferme. Ceci dans l’aboutissement de progressivement des démettre du statut de PPTE, du reste non élogieux pour un pays potentiellement riche, a-t-il conseillé.