Les élections générales sont prévues d’ici un an, selon le calendrier rendu public par la CEI. Mais il se fait que l’état de la Nation tel que décrit par les présidents de deux chambres du parlement lors de la rentrée parlementaire avant-hier au Palais du Peuple laisse beaucoup à désirer pour ne pas dire qu’il est déplorable. Si Evariste BOSHAB a épinglé la situation catastrophique sur le plan humanitaire caractérisé par des accidents d’avions, des bateaux, des routes et surtout des tueries et viols massifs dans les territoires de l’Est, Léon KENGO a, pour sa part, martelé sur l’état comateux de nos provinces en dénonçant particulièrement la mauvaise gestion des affaires de l’Etat, l’absence de vision politique, l’amateurisme administratif et pire, la non maitrise des textes réglementaires et législatifs par les autorités provinciales, notamment les gouverneurs et les responsables des institutions parlementaires provinciales. C’est ce qui est à la base des conflits permanents et inutiles entre les animateurs de différentes institutions provinciales.
Sans pour autant le dire expressément, le président de la chambre haute n’a-t-il pas fait allusion au conflit qui avait opposé le gouverneur de la Province de l’Equateur et le Sénat au sujet du rapport sulfureux rédigé par la Commission dirigée par Vincent de Paul LUNDA Bululu au sujet des détournements des fonds destinés aux entités décentralisées. Mais hélas ! L’impunité a été érigée en forme de gestion de la chose publique et voilà pourquoi des personnalités convaincues de détournements de deniers publics continuent à narguer la nation sans que ceux qui sont revêtues du pouvoir de les sanctionner ne lèvent le petit doigt. Qu’en est-il des provinces où des têtes sont tombées ? Et Léon KENGO ainsi que bon nombre d’observateurs de dire en chœur : « suivez mon regard et vous comprendrez ». Cela pour encore une fois constater que les vices ont pris la place des vertus comme l’avait dénoncé la Conférence Nationale Souveraine et qui a été à la base de la chute peu honorable du régime du MPR parti-Etat.
Des rapports des vacances parlementaires inquiétants
A titre d’illustration, l’opinion a été édifiée par le rapport des vacances parlementaires du sénateur Henri-Thomas LOKONDO. Dans lequel cet élu de Mbandaka brosse un tableau catastrophique de la Province qui avait vu naître feu le maréchal MOBUTU et bon nombre d’animateurs des institutions de la République, notamment Léon KENGO et MOBUTU Nzanga. Aux dires d’Henri-Thomas LOKONDO, cette province est revenue à l’âge de la pierre taillée : absences des voies des transports alors qu’elle dispose de nombreux cours d’eaux, des infrastructures sanitaires à l’état d’abandon accéléré, des écoles complètement détruites ou couvertes de brousses capables de cacher des animaux sauvages, des bâtiments administratifs en état de décrépitude avancée, pas d’électricité, pas d’eau potable alors que l’on se trouve en pleine cuvette centrale regorgeant des cours d’eaux incommensurables qui produisent de l’atmosphère pour les grandes mégapoles de l’Occident. Bref, un gâchis insupportable comme si dans ce pays l’Etat n’existe plus que de nom et les gens ont perdu la raison, a conclu le sénateur LOKONDO.
Dès lors qu’en quatre ans de mandat électif l’on n’a pas pu réaliser des résultats visibles sur le plan social et économique, comment les obtenir en un an alors que c’est le moment de présenter un pré-bilan du mandat afin de s’attirer les voix des électeurs ? C’est le terrible dilemme qui cause des soucis et dérange le sommeil des animateurs principaux des institutions de la République. Lesquels donnent l’impression de découvrir la réalité du terrain qu’ils ont pourtant parcouru pendant quatre ans sans se rendre compte des dégâts dérivés de leur mauvaise gouvernance.
Certes, de chiffres reluisants ont été fournis par les institutions de Bretton Woods, mais le vécu quotidien contraste avec les performances vantées aussi bien par le gouvernement que ses partenaires extérieurs. En empruntant le dernier virage de cette législature, les animateurs réalisent-ils le gouffre dans lequel ils ont plongé ce pays béni des dieux et comment pourront-t-ils le tirer de là. Sont-ils conscients de l’adage selon lequel celui qui veut la paix prépare la guerre ? Comment pourra-t-on organiser des élections au moment où des pans entiers des populations des territoires de l’Est sont en divagation à travers les brousses exposées aux diverses intempéries et aux épidémies de toutes sortes. L’histoire renseigne qu’en 1984 les élections générales n’avaient pas pu se faire dans le Nord Kivu à cause des guerres inter ethniques