Accusée de bloquer la mise en place du Bureau de la CENI et d’avoir « piégé » ses deux alliés (UDEMO et PALU) n’ayant droit au départ qu’à un poste sur 4, l’AMP annonce qu’elle va remettre « dans quelques heures » au Bureau de l’Assemblée nationale la liste de ses « 4 oiseaux rares ». Mais, en s’abstenant de dévoiler leur identité, elle entretient le suspense.
Cette fois-ci sera-t-elle la bonne ? « Le doute est permis », répond-on dans certains cercles politiques, au motif que l’AMP n’en est pas à son premier « effet d’annonce ».
Au mois de septembre, rappelle-t-on, elle avait indiqué à la presse qu’elle n’avait « pas encore trouvé les quatre oiseaux rares », se défendant de ne pouvoir « pas encore se prononcer à ce stade » quoiqu’elle y réfléchisse « sérieusement ».
Au sortir du conclave organisé début octobre à la ferme présidentielle de Kingakati, à Kinshasa, elle avait déclaré qu’elle allait déposer la liste de ses quatre délégués « la semaine prochaine » au Bureau de l’Assemblée nationale. Mais, les jours se sont écoulés sans que le dépôt n’ait eu lieu, rendant ladite « semaine » extensible.
Au Potentiel qui s’en est inquiété, un cadre de l’AMP a répondu le 27 octobre 2010 qu’un « contretemps permanent » était à la base du retard observé. « Chacun, dans notre groupe, a son emploi de temps, très chargé d’ailleurs. Nous nous trouvons juste devant un contretemps permanent qui nous empêche de nous concerter pour vider la question. Le plus tôt possible, nous allons nous retrouver pour harmoniser nos vues», a-t-il expliqué.
DEPOT DE LA LISTE DE L’AMP « DEVANT LES CAMERAS »
« Je vais déposer la liste des délégués de l’AMP au Bureau de la CENI d’ici à samedi, devant les caméras », a promis mercredi soir le secrétaire exécutif adjoint Louis Koyagialo, interrogé au téléphone à Kinshasa par Le Potentiel. « Les noms de nos délégués seront connus dans quelques heures », a-t-il précisé jeudi matin, dans un entretien à la radio Top Congo.
Serait-ce une réponse à l’Opposition politique qui accuse l’AMP de « bloquer la CENI » ? Cela en a tout l’air.
En effet, le député Jean-Pierre Lisanga Bonganga (opposition) est intervenu par motion mercredi devant la plénière de l’Assemblée nationale pour accuser la Majorité présidentielle de « bloquer la machine de la mise en place de la Commission électorale nationale indépendante ».
Il s’en est surtout offusqué du fait, selon lui, que « la conférence de présidents des groupes parlementaires a mis en place une commission informelle pour proposer les candidats désireux d’occuper des postes au bureau de la CENI ».
Rappelant que « les noms des candidats de l’opposition pour le bureau de la Ceni sont connus », il a recommandé que « cette commission informelle se mue en une commission ad hoc ».
« Le dossier de ses candidats est quasiment clos. La Majorité présidentielle n’a aucune intention de bloquer ou de retarder le processus de mise en place de la CENI », a réagi en substance le vice-président de l’Assemblée nationale, Boris Mbuku Laka, membre de l’AMP. « Sans fournir plus de détails », a noté radiookapi.net.
CONTESTATIONS
Aux termes de la loi qui la crée, « la CENI est composée de sept membres dont quatre désignés par la Majorité et trois par l’Opposition à l’Assemblée nationale. La désignation de ses membres tient compte de la représentation nationale dont celle du genre ».
Les trois groupes parlementaires de l’Opposition croient avoir fait l’essentiel en portant à la connaissance du président de l’Assemblée nationale, par courrier du 14 octobre 2010, les noms de leurs trois délégués. Il s’agit du sénateur Jacques Djoli Eseng’Ekeli (MLC), de Mme Carole Kabanga Koy (CD) et de M. Laurent Ndaye Nkondo Mulekelay (ODR).
Or, le RCD, qui affirme être « le 2ème parti politique de l’Opposition au sein de l’Assemblée nationale après le MLC en termes de nombre de députés », prétend avoir droit à l’un des trois sièges de l’Opposition dans la CENI. Et sans autre forme de procès, il a déposé le nom de « son » délégué au Bureau de l’Assemblée nationale.
Dans la foulée, des partis ne se reconnaissant pas en ces trois groupes parlementaires auraient également fait savoir leur intention d’aligner « leurs » délégués.
Par ailleurs, des voix se font déjà entendre pour contester la désignation par le MLC d’un parlementaire. Ils fondent leur contestation sur l’article 12 de la Loi organique n°10/013 du 28 Juillet 2010 portant organisation et fonctionnement de la Commission électorale indépendante.
« Les membres de la CENI sont choisis parmi les personnalités indépendantes reconnues pour leur compétence, intégrité morale, probité et honnêteté intellectuelle. La désignation des membres de la CENI est entérinée par l’Assemblée nationale. Les membres de la CENI sont investis par ordonnance du Président de la République », dispose-t-il.
Leur « mandat est de six ans. Il n’est pas renouvelable », renseigne l’article 13.