Une nouvelle plate-forme politique dénommée ADR (Alliance pour le développement et la République) vient de voir le jour en RDC. Ce nouveau-né est présidé par le député national de l’Opposition, en la personne de François Muamba Tshishimbi. L’annonce a été faite, hier dimanche 10 juillet. C’était au cours d’un point de presse animé à l’hôtel Sultani de la Gombe. La sortie officielle interviendra, le 20 juillet, a précisé le président national de l’ADR. L’objectif de cette structure est de « remettre la maison Congo sur les rails d'un progrès partagé par tous ».
Dans sa communication, le député national François Muamba a rappelé qu’après les premières élections démocratiques de 2006 qui ont permis l'instauration de la troisième République, le peuple est de nouveau appelé aux urnes. Et d’ajouter que selon le calendrier publié par la CENI, les Congolais vont élire en novembre prochain, le président de la République et les députés nationaux. Cependant, à trois mois de cette importante échéance, force est de constater que cinq ans après les élections générales de 2006, les immenses espérances suscitées par ces suffrages sont malheureusement en deçà de ce que le peuple attendait.
Le doute s’installe
Pour lui, « l'espoir semble aujourd’hui avoir cédé au désespoir, au point que s'est installé dans tout le pays, un climat de doute et d'incertitude, ainsi qu'une espèce de morosité et de malaise profond ». A ce sujet, le président national de l’ADR a souligné qu’en se rendant aux urnes en 2006, le peuple congolais espérait que le gouvernement issu de ces élections démocratiques, fort de sa légitimité, allait se donner la capacité de construire une véritable économie nationale, créer des richesses et des emplois, instaurer la paix et la sécurité sur l'ensemble du territoire, faciliter l'accès aux soins de santé, fournir l'eau potable et l'électricité, bref transformer l'ensemble de l'espace Congo en un endroit où il fait bon vivre. Or; rien de tel n'a malheureusement été réalisé au bout de ces cinq dernières années.
L’élu de Kabeya Kamuanga a, par ailleurs, démontré : « Le malaise qui s'est installé au pays tient également à l'opacité de l'offre politique, en rapport avec les échéances électorales de 2011 ». En effet, le calendrier de la CENI prévoit d'organiser le 28 novembre prochain, une élection présidentielle à un seul tour, couplée au scrutin législatif pour élire des députés nationaux. Curieusement, les Congolais ne comprennent pas grand-chose à ce qui va se passer: le fichier électoral n'est pas prêt, a-t-il dit.
Le processus d'enrôlement se déroule encore dans des conditions à ce point confuses, qu'il pose le problème de sa sincérité, au risque même d'alimenter les sources de la contestation des résultats électoraux à venir.
Par ailleurs, la CENI est censée, par son calendrier, convoquer le corps électoral à partir du 4 août prochain, alors que la loi électorale attend encore ses annexes qui ne seraient finalisées par le Parlement qu'au-delà du 15 août 2011, en lieu et place du 27 juillet initialement prévue. Dans ces conditions, François Muamba s’interroge si les délais arrêtés par la CENI pour la tenue de ces élections seront-ils respectés? Si l’on répond par la négative, à quoi les Congolais doivent-ils s'attendre, s’est-il exclamé.
Pour calmer les esprits et cheminer vers des élections apaisées que le peuple appelle de tous ses vœux, qui du chef de l'Etat, du gouvernement, de la Majorité, de l'Opposition ou de la CENI doit faire quoi? Il a, à ce propos, émis le vœu de voir chacun de ces acteurs assumer pleinement leurs responsabilités, en vue de faire aboutir avec succès le processus électoral en cours.
A en croire le président de l’ADR, il faudrait que de nouvelles énergies se joignent à ces efforts, pour replacer l'église au milieu du village et apporter des réponses adéquates aux préoccupations du peuple. Il convient également de signaler l'épais brouillard qui pourrait obscurcir l’horizon post-électoral. En effet, devant une élection présidentielle à un seul tour et un scrutin proportionnel pour les législatives, on peut se demander, selon François Muamba, par qui la RDC sera gouverné demain, avec qui, sur base de quelle vision et avec quelle majorité ?
Constat
Il constate malheureusement que pendant ce temps, dans l'Opposition, hormis l'expression de fortes ambitions, sommes toutes légitimes, voire de querelles intestines, indignes de celle-ci, les acteurs politiques n'arrivent pas à offrir au peuple, une image cohérente d'une force capable de générer le changement attendu par les Congolais. Cependant, dit-il, une telle posture n'est pas une fatalité. D’où la nécessité d’un changement, a insisté le député national.
Considérant, d'une part, qu'aux yeux des Congolais, l'Opposition est investie d'une mission particulière, celle de forger les termes de référence d'une alternance politique crédible pouvant conduire au changement; considérant, d'autre part, que son parcours personnel autant que l'éminence des responsabilités d'Etat qui lui été confiées d'exercer par le passé et celles qui sont les siennes aujourd’hui au sein de l'Opposition; François Muamba s’est fait l'obligation de prendre ses responsabilités, afin de participer une fois de plus, au renforcement des capacités de la grande famille de l'Opposition politique à rencontrer les attentes profondes des Congolais.
Le chemin critique pour la réalisation d'un agenda aussi noble, postule avant tout le rassemblement de tous les patriotes, de toutes les forces-vives de la Nation qui refusent un Congo qui mendie à genoux la jouissance de ses propres ressources, mais aussi de tous les citoyens qui sont déterminés à transcender les clivages politiciens pour privilégier l'intérêt général, et doter la RDC d'une réelle capacité de gouvernance, a-t-il fait remarquer.
Au regard de ces raisons, il a déclaré : « J’ai l'honneur et la joie d'annoncer la naissance dans les tout prochains jours, d'une plate-forme politique dénommée « Alliance pour le développement et la République (ADR) que j'aurai l'avantage de conduire ». Il s’agit d’un regroupement des partis politiques, des personnalités, des organisations et associations de la Société civile. Une plate-forme politique qui sera ouvert à la participation de tous ceux qui, comme lui-même, refusent la fatalité de la misère qui semble être devenue l'apanage de la RDC.
Pour clore son allocution, l’orateur invite tous ceux qui lui font confiance pour contribuer, ensemble, à remettre la maison Congo sur les rails d'un progrès partagé par tous. Avant d’informer l’opinion que la cérémonie qui fera porter l'ADR sur les fonts baptismaux est fixée au mercredi 20 juillet.
Répondant à une préoccupation de la presse, François Muamba a fait savoir que l’ARD « n’est pas un démantèlement d’un quelconque parti politique non plus ».
A noter que certains députés nationaux membres de cette nouvelle plate-forme, dont Elvis Mutiri, Constant Dom Da Ombel et Alex Kande, étaient présents.