« La région est en train de sombrer dans la violence, la psychose, la panique et la peur. Outre Mubidi, les habitants des villages Kwiyongo, Kwisinga, Kapanda, Kamakumbi, Tombwe ont pris la fuite. Il y en a beaucoup qui se cachent en brousse. Nombreux sont ceux qui sont venus s’installer à Kabola, à cinq kilomètres de Kasongo-Mwana, sur l’axe Kilwa-Mitwaba », réfère Mgr Muteba.
Les déplacés, dont plus de 6000 enfants, se trouvent sur 17 sites de fortune : « Ils sont sans assistance humanitaire et exposés aux intempéries parce qu’on est en pleine saison des pluies. Ces déplacés manquent de tout. Ils n’ont ni nourriture, ni médicaments, ni couvertures. On signale qu’une diarrhée accompagnée de vomissements a déjà fait deux morts chez les déplacés et un mort dans le village Kasongo-Mwana ».
Dans la cité de Mitwaba, on signale 2000 déplacés et le repli de plusieurs creuseurs artisanaux de la cassitérite exploitant le gisement de Kansowe à 25 kilomètres. « La forte présence militaire ne rassure guère. Elle n’augure pas une fin immédiate du drame », souligne le prélat.
Gédéon est un seigneur de guerre condamné à la peine capitale pour crimes contre l’humanité commis entre 2001 et 2006 dans le Nord du diocèse de Kilwa-Kasenga. Il s’était rendu le 12 mai 2006 aux forces de l’ONU à Mitwaba après une cavale meurtrière en forêt de plusieurs années. Il avait été jugé par la Cour d’ordre militaire de Lubumbashi au terme d’un procès émaillé de plusieurs questions sans réponses, notamment celles concernant ses parrains.
« On le croyait définitivement écroué et condamné. On croyait même qu’il s’était converti à la foi chrétienne pour s’être fait « baptiser » ostensiblement dans une secte. Tout n’a été finalement qu’une comédie, une amère comédie. Gédéon est bel et bien de retour dans sa région natale, aux confins du territoire de Mitwaba et de celui de Pweto, dans le Haut Katanga », commente avec amertume Mgr Muteba.
L’évasion de Gédéon de la prison de Kasapa à Lubumbashi il y a quelques mois, en plein jour, n’était pas passée inaperçue. Il avait été libéré par une opération commando qui a permis à plusieurs centaines d’autres détenus de disparaître dans la nature.
« L’enquête diligentée pour élucider les circonstances de son évasion piétine, comme du reste toutes les enquêtes annoncées pompeusement pour tromper le peuple et faire taire les militants des droits humains. Au lendemain de sa fuite, quelques coups de feu ont été entendus dans les collines du monastère bénédictin de Kiswishi. Les opérations de sa poursuite ont été inefficaces, éphémères et se sont soldées par un échec cuisant. Depuis, ce seigneur de guerre n’a eu personne à ses trousses », se plaint l’évêque congolais.
Le responsable du diocèse demande une enquête sérieuse et élargie « aux personnes qui manipulent Gédéon et lui fournissent des moyens pour tuer son propre peuple. Car, manifestement, Gédéon dispose de connexions politiques occultes qui n’honorent ni la démocratie, ni le prestige du Katanga ».
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