Le ministre d'Etat ougandais des Affaires étrangères Henry Oryem Okello a suggéré que les autorités congolaises avaient refusé de signer un «accord de paix» qui avait déjà été convenu et ont plutot «demandé plus de temps» pour examiner le document.
Le ministre congolais des Affaires étrangères Raymond Tshibanda a déclaré que le contenu et le titre du document étaient importants parce que la situation sur le terrain a changé.
Les «pourparlers de paix» de Kampala entre la République démocratique du Congo et les rebelles du M23 ont déjà duré près d'un an. La semaine dernière l'armée congolaise a repris tous les territoires autrefois occupés par les rebelles après que les pourparlers de paix aient à nouveau été suspendus deux semaines plus tôt.
Le gouvernement congolais a alors dit qu'il ne signera plus un «accord de paix» avec les rebelles du M23, mais il signerait un document marquant la fin des pourparlers et de la rébellion.
Le ministre de la Défense de l'Ouganda et médiateur en chef, Cyprus Kyonga, a déclaré lundi qu'il était toujours optimiste qu'un accord pourrait être atteint.
«Nous avons besoin de temps pour consulter chaque partie, ... il y a des problèmes de langage et quelques mots à peaufiner», a déclaré M. Kyonga.
Les autorités congolaises ont toujours fait face à une forte opposition à domicile contre la signature d'un «accord de paix» avec les rebelles M23.
La signature d'un «accord de paix» aurait encore moins de sens aujourd’hui alors que l'armée congolaise, appuyée par les Casques bleus de l'ONU, a délogé les rebelles de tous les territoires qu'ils occupaient depuis plus d'un an dans la province du Nord-Kivu.
Les autorités congolaises n'ont pas non plus oublié que les rebelles du M23 ont prétendu que le gouvernement n'avait pas respecté un accord de paix signé le 23 mars 2009 comme un prétexte pour lancer leur nouvelle rébellion l’année dernière.
Après avoir vaincu les rebelles militairement, pourquoi leur donner la possibilité d'utiliser plus tard un autre «accord de paix» comme un prétexte pour lancer une autre rébellion?
Mais les autorités ougandaises continuent à agir comme si la situation sur le terrain était restée la même qu'il y a trois semaines, lorsque les rebelles du M23 contrôlaient encore de vastes étendues de territoire, et avaient alors refusé de signer un accord de paix si les rebelles qui avaient commis des crimes contre l'humanité et des crimes de guerre ne recevaient pas une amnistie complète.
Certains analystes congolais ont toujours remis en question l'impartialité du gouvernement ougandais. L'Ouganda et le Rwanda ont été accusés par les Nations Unies et les groupes de défense des droits de soutenir les rebelles M23.
Les autorités ougandaises ont affirmé la semaine dernière que près de 1.700 rebelles avaient fui dans leur pays, un nombre contesté par les autorités congolaises de la province du Nord-Kivu, qui estiment le nombre à quelques centaines tout au plus.
Les autorités ougandaises ont également dit que les rebelles en fuite seront désarmés mais ne seront pas remis aux autorités congolaises, y compris le chef militaire du M23, Sultani Makenga, qui est recherché par le gouvernement de la RD Congo et est sous sanctions de l'ONU et des Etats-Unis.
L’ accord-cadre d'Addis-Abeba, signé en Février par 11 pays pour lutter contre le conflit dans l'est du Congo, appelle les pays voisins à «ne pas assurer la protection des personnes accusées de crimes de guerre, crimes contre l'humanité, des actes de génocide ou de crimes d'agression, ou les personnes relevant du régime de sanctions des Nations unies.»