« La lecture de ce document révèle immédiatement des inadéquations suspectes en laissant supposer que le pays est inexorablement voué au culte de la fraude comme mode de gouvernance électorale », a-t-il déclaré lundi 10 février 2014 à Kinshasa.
Il a estimé qu’« en tant qu’agence électorale technique chargée d’appuyer la démocratie au Congo par son expertise et son caractère impartial, la CENI a obligation de crédibiliser le processus et, surtout, d’apporter le gage qui rassure le peuple dans sa quête de tourner la page d’une histoire où le pouvoir était anti peuple ».
« D’autant plus que son actuel président, l’abbé Malumalu, n’est pas n’importe quel citoyen congolais en raison de sa grande notoriété en matière électorale et des expériences accumulées sur ce terrain, il n’y a pas, pour ces raisons, d’excuses possibles pour la CENI si, au bout d’un long travail des professionnels, elle produit un document remarquable par son caractère irréaliste, anticonstitutionnel et franchement aux inclinaisons politiques tendancieuses », a-t-il soutenu.
Déposé le 30 janvier 2014 au parlement pour examen, « le document intitulé +La RDC-deux ans après les élections de 2011 : Etat des lieux et perspectives+ est une menace sérieuse pour la démocratie en RDC », a averti le député Okundji. Il a noté que « cette feuille de route, qui était censée relancer le processus électoral sans tomber dans les travers dénoncés en 2006 et 2011 a suscité une vive réprobation qui divise aujourd’hui les Congolais et compromet les chances de réussir les élections apaisées ».
« Le premier élément pertinent de l’analyse porte sur les options de la feuille de route qui propose deux scénarios possibles à l’Assemblée nationale au cas où les élections doivent se tenir en respectant tant soit peu les échéances ».
Hypothèse sur le scrutin relatif aux arriérés du cycle 2006 et 2011
« Nous retenons ici plusieurs aspects d’une feuille de route qui, non seulement viole la Constitution et la loi organique de la CENI, s’arroge le pouvoir de prolonger les mandats des Sénateurs, Députés provinciaux et Gouverneurs des provinces projetés pour 2017 », a indiqué le député Okundji.
Fustigeant la proposition du « scrutin indirect des députés contrairement à la Constitution » qui recommande le scrutin direct, il a affirmé que « le Bureau de la CENI veut pousser les députés nationaux à suggérer l’idée d’une nouvelle révision de la Constitution dont on n’ignore pas la réticence au niveau du peuple ».
Il a insisté sur le fait que, « même au nom de l’indépendance qui lui est reconnue, la CENI devra rester dans la loi et surtout se garder de la piétiner car c’est du reste la loi qui garantit cette indépendance ».
Il a fait remarquer que « l’Abbé Malumalu veut jouer au ponce Pilate en cas de non tenue des élections dans le délai en rejetant la responsabilité sur les députés ».
« En effet, a-t-il expliqué, le document de la CENI conditionne la matérialisation de sa propre feuille de route à l’opérationnalité effective de la décentralisation, du recensement de la population par le gouvernement, à l’élaboration d’un nouveau cadre légal organisant les élections à tous les échelons par le parlement ; ce qui est irréaliste ».
Hypothèse concernant la présidentielle et les législatives nationales
Au regard de tout ceci et d’autres considérations, l’opposant Okundji estime que « la feuille de route de la CENI véhicule de nombreux anachronismes » et qu’«il y a donc à craindre qu’une vaste planification de la tricherie soit en marche, malgré les arguments évoquant la justice électorale et la consolidation de l’unité et de la paix sociale pour justifier l’acharnement d’apurer les arriérés électoraux (élections provinciales et des sénateurs) contre vents et marées »
« Nous sommes en face d’une opération destinée à planifier la tricherie et, plus grave, à la consacrer en tant que mode de gouvernance électorale en RDC. Les préalables posés par la CENI sont impossibles à tenir tout simplement parce qu’aussi longtemps que le président Joseph Kabila se donnera toujours trop de temps pour nommer le gouvernement dit de +cohésion nationale+, le pays et tout ce qui en dépend, le processus électoral y compris reste bloqué », a-t-il prévenu.
Par ailleurs, a-t-il pressenti, « il se dessine lentement et sûrement les contours d’une situation qui devrait accorder un +mandat gratuit+ au président Kabila et à sa majorité institutionnelle au-delà de 2016 ».
Appel à une « plus grande vigilance »
Emery Okundji a rappelé que, « sous Ngoy Mulunda, le même folklore a été mené sans que la CENI et certains partis politiques ne se retiennent de recourir, à ciel ouvert, à tous les artifices pour faire nommer des candidats dans les institutions du pays ».
Par conséquent, il a invité « l’ensemble du peuple congolais à une plus grande vigilance pour que l’histoire malheureuse des élections de 2011 ne se répète plus ».