La presse internationale vient, une fois de plus, de mettre à jour le cas Bemba. L'occasion lui en a été offerte par le séjour à Paris du président Denis Sassou Nguesso. Invité à faire un tour d'horizon sur la situation prévalant dans la région de l'Afrique centrale, le président de la République du Congo (Brazzaville) a réservé une réponse sibylline à la question portant sur le «cas Bemba». Réponse qui a laissé entrevoir son implication dans les efforts diplomatiques visant la réconciliation politique en RDC et le retour du sénateur Jean-Pierre Bemba, réfugié au Portugal.
«Le cas Bemba est une affaire avant tout interne (à la République démocratique du Congo). Mais je ne peux pas dire à la presse ce que l'on fait». C'est en ces termes que Denis Sassou Nguesso, président de la République du Congo (Brazzaville) a répondu à une question d'un journaliste de Radio France Internationale (RFI) sur son implication éventuelle dans le retour de Jean-Pierre Bemba à Kinshasa. Déclaration sibylline et sujette à interprétations. S'il était permis d'interpréter les propos du président du Congo - Brazzaville, il ne fait l'ombre d'aucun doute qu'il doit avoir effectivement offert ses bons offices pour obtenir le retour du sénateur Jean-Pierre Bemba, Président national du MLC, à Kinshasa. Mais dès lors que les tractations en coulisses n'ont pas encore abouti, c'est normal qu'il s'en tienne à la prudence. Donc, pas des propos intempestifs qui compromettraient les efforts entrepris en secret.
UNE CROISADE POUR PLAIDER SA CAUSE
Il n'empêche que, depuis un certain temps, le sénateur Bemba ne cesse de multiplier des initiatives politiques pour forcer son retour au pays. A maintes reprises, il a affirmé son désir de rentrer jouer un rôle dans l'évolution du processus politique au pays. Conscient des conséquences imprévisibles subséquentes aux événements tragiques du second tour de la présidentielle, il aimerait, en homme politique avisé, que lui soient garanties au préalable toutes les conditions de sécurité.
On note que, dans ses initiatives diplomatiques, il avait notamment reçu dans son «exil temporaire» au Portugal, Vital Kamerhe, président de l'Assemblée nationale, Louis Michel, Commissaire européen en charge du Développement et de l'aide humanitaire. En outre, Jean-Pierre Bemba a entrepris une croisade pour plaider sa cause. Il a été vu à New York, au siège de l' Onu, à Dakar, à Bruxelles. Des rumeurs font état de sa présence dans les couloirs du sommet Euro-Afrique qui s'ouvre ce week-end dans la capitale portugaise. L'objectif serait toujours le même.
Partout où il est passé, il n'exprime qu'une obsession : obtenir des assurances sur sa sécurité une fois qu'il aura regagné la RDC. Cela ne surprendrait personne d'apprendre que le président Denis Sassou Nguesso, plus proche de J.P. Bemba et de la RDC sous plusieurs angles, offre ses «bons offices» pour résorber cette épine qui empoisonne le climat politique à Kinshasa.
LE SPECTRE DU SENAT ET DE LA JUSTICE
En attendant des précisions sur les «bons offices» de Denis Sassou Nguesso, il est important de rappeler que pour le président de la République démocratique du Congo, Joseph Kabila Kabange, le cas Bemba relève du Sénat et de la Justice. Dans le premier cas, il sera question de s'appuyer sur le règlement intérieur de la chambre haute. Celle-ci devra au préalable se pencher sur les absences du sénateur Bemba pendant deux sessions ordinaires. Si la session d'octobre prend effectivement fin le 15 décembre, le Bureau du Sénat pourrait vraisemblablement se saisir de ce cas si, entre-temps, Bemba n'est toujours pas rentré à Kinshasa. Une commission ad hoc pourrait être mise sur pied en vue de statuer sur ses absences avant l'exclusion qui sera prononcée par le Bureau du Sénat. En moment là, il aura régulièrement perdu son mandat de sénateur.
Quant à la Justice, elle pourrait être actionnée au lendemain de la levée éventuelle de l'immunité parlementaire par le Bureau du Sénat. Le moment sera propice pour que la Justice déclenche d'autres étapes de la procédure judiciaire. Bref, Kabila agite le spectre du Sénat et de la justice.
Contre ces menaces qui pèsent sur l'avenir politique du président national du Mouvement de libération du Congo, candidat malheureux au deuxième tour de la présidentielle, les milieux proches du sénateur J.P. Bemba continuent à croire en un règlement politique. Approche que recommandent les partenaires de la RDC dont, on l'a vu, des représentants attitrés de l'Union européenne et certains leaders des pays membres de l'Union africaine. Kinshasa restera-t-il à jamais sourd à toutes ces sollicitations ? Une bien négative perspective.