KIGALI, le 7 octobre (IRIN) - Un haut responsable du gouvernement rwandais a nié jeudi les allégations selon lesquelles l'armée était responsable du massacre des centaines de personnes dont les corps ont été récemment retrouvés dans une fosse commune.
Ce massacre aurait été commis il y a une dizaine d'années, à l'est de la République démocratique du Congo (RDC).
Richard Sezibera, l'envoyé spécial du Rwanda dans la région des Grands Lacs a déclaré à IRIN qu'il ne fallait pas tirer des conclusions hâtives. « L'histoire de cette région est faite de massacres sur lesquels ont doit enquêter », a-t-il ajouté.
Richard Sezibera a fait référence au massacre des Tutsis congolais perpétré en 1993 par l'armée de l'ancien président congolais Mobutu Sese Seko, ainsi qu'aux différents affrontements inter-ethniques qui ont ravagé le pays. Il a également indiqué qu'il y avait de nombreuses fosses communes dans la région.
M. Sezibera a affirmé que des milliers de Hutus rwandais réfugiés dans des camps à Goma, la capitale de la province du Nord Kivu, et à Rutshuru, une localité située entre 50 et 70 km au nord de Goma, sont morts suite à une épidémie de choléra en 1994 et enterrés dans des fosses communes.
Selon Jacqueline Chernard, la responsable de l'information de la Mission des Nations unies en RDC (MONUC), les habitants de la ville de Rutshuru ont découvert des fosses communes il y a deux semaines et ont prévenu l'armée congolaise. L'armée a ensuite informé la MONUC de la découverte.
Kemal Saiki, le porte-parole de la MONUC, a déclaré jeudi depuis Kinshasa qu'une équipe d'enquêteurs des Nations unies s'était rendue sur le site des fosses communes.
Des crânes, des ossements et des tissus humains ont été exhumés. Les fosses contenaient les restes de centaines de personnes, apparemment des exilés rwandais et des citoyens congolais tués vers 1996, lorsque les conflits armés ont commencé à ravager le pays.
Selon des habitants de la région où les fosses communes ont été découvertes, au moins 300 personnes ont été tuées par un groupe armé congolais qui avait le soutien du gouvernement rwandais, et qui combattait le gouvernement de Mobutu. L'ancien président congolais, feu Laurent-Désiré Kabila, le père de Joseph Kabila, le président actuel, avait dirigé l'insurrection contre Mobutu.