KINSHASA, le 15 décembre (IRIN) - Les 25 millions d'électeurs de la République Démocratique du Congo (RDC) favoriseront la tenue des premières élections présidentielles et parlementaires s'ils acceptent le projet de constitution qui leur sera soumis dimanche, lors d'un referendum, a déclaré un diplomate en poste à Kinshasa.
« Dire oui à la constitution est indispensable pour la tenue de prochaines élections et pour la fin de la transition en RDC », ont indiqué les ambassadeurs de Chine, France, Russie, du Royaume-Uni et des Etats-Unis dans un communiqué publié mardi par la MONUC, la mission des Nations unies en République démocratique du Congo.
Ces cinq pays sont les membres permanents du CIAT, un Conseil chargé de gérer la transition de la RDC vers la démocratie. Les principaux bailleurs pour l'organisation des élections sont la Belgique, l'ancienne puissance coloniale, et l'Union européenne.
Une coalition de 44 partis politiques est opposée à ce projet de constitution. Son porte-parole, Théodore Ngoy, a déclaré mardi que «dire oui, c'est vendre le pays face au chantage de la communauté internationale et aux pressions de toutes sortes ».
Selon lui, la constitution comporte de nombreuses lacunes et n'a pas suffisamment fait l'objet de débat public.
Mercredi, Etienne Tshisekedi, le chef du parti principal d'opposition, l'Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), a appelé au boycott du référendum et affirmé que toute autre attitude contribuerait à légitimer une procédure qui n'est pas crédible.
La coalition du "non" a une approche différente de celle de Tshisekedi. Elle appelle les électeurs à rejeter la constitution dans les bureaux de vote et à invite ses militants à manifester vendredi.
Etienne Tshisekedi, président du partie de l'Union pour la democratie et le progres social, a appelé au référendum et affirmé que toute autre attitude contribuerait à légitimer une procédure qui n'est pas crédible.
« Le non sera une sanction contre leur manière de nous diriger par la ruse, la méprise, le mensonge et la manipulation », a déclaré mardi Anatole Matusila, un leader de la communauté romaine catholique locale, qui s'oppose projet de constitution.
M. Matusila critique plusieurs articles de la constitution, notamment ceux qui font référence à la présidence et qui, selon lui, donnent des pouvoirs « sacrés » au chef de l'Etat.
« Même s'il a commis des choses déshonorables », a souligné M. Matusila, « [la constitution propose] que le chef de l'Etat ne puisse pas être poursuivi par la justice durant son mandat et [lui] accorde le statut de sénateur à vie une fois son mandat terminé [ce qui] le met hors de toutes poursuites judiciaires ».
« Nous ne pouvons pas non plus accepter de créer un nouveau dictateur », a-t-il ajouté.
Le projet de constitution est soutenu par le président Joseph Kabila et ses quatre vice-présidents qui représentent les différents groupes armés réunis au sein du gouvernement de transition, après l'accord de paix de 2002 en RDC.
Selon eux, la constitution contient tous les ingrédients d'une société moderne et ouverte, notamment des articles sur la liberté d'expression, les libertés politiques, et une économie de marché. Elle assure également la mise en place d'un système politique décentralisé, permettant à chaque province de garder 40 pour cent de ses revenus.
« Il est possible d'y apporter des améliorations, mais nous pensons que les experts internationaux et locaux ont accompli un travail remarquable et de l'avis de tout le monde le futur gouvernement pourra en faire un document de travail » a déclaré Jason Stearns, un analyste de l'Afrique centrale à l'International Crisis Group.
Si le référendum est rejeté, les élections présidentielle et parlementaire qui auraient déjà dû avoir lieu avant juin 2005, seront reportées de nouveau. Cela signifierait également que le processus électoral nécessitera des fonds supplémentaires.