85% des Kinois se disent contre la démission de Vital Kamerhe de la présidence de l'Assemblée Nationale, selon ce qu'une large opinion rapporte depuis plusieurs semaines. Les habitants de la capitale se sont ainsi exprimés dans le cadre d'un sondage d'opinion réalisé du 20 au 21 février 2009 à Kinshasa par l'institut de sondage Les Points.
Selon le rapport de ce sondage, 6% seulement des personnes sondées, sur un échantillon de 1.000 enquêtés âgés d'au moins 18 ans et sélectionnés selon la méthode des quotas et interviewés face à face selon Les Points, se disent pour la démission du Président de l'Assemblée nationale contre 9% d'abstention.
Dans la répartition des expressions, le rapport d'enquête renseigne que 17,2% des sondés se réclamant de l'opposition sont contre la démission de Kamerhe, contre 1,5% pour et 1,4% d'abstention. Côté AMP, c'est 10,4% des sondés s'en réclamant qui se disent pour la démission, tandis que 3,3% sont contre et 5,4% s’abstienne. En clair, Vital Kamerhe jouirait d'un meilleur courant d'estime au sein de l'opposition, alors que sa propre famille politique n'en voudrait plus, s'il faut en croire les résultats du sondage.
Selon les commentaires des enquêtés rapportés par l'Institut Les Points, ceux qui se prononcent pour la démission de Kamerhe estiment qu' " il fait plus sa promotion et celle de l'opposition plutôt que d'œuvrer pour la consolidation du pouvoir pour lequel nous avons tous mouillé nos chemises… ". Ils reprochent également à l'actuel Speaker de la Chambre basse " le manque de fidélité à la personne qui l'a fait Roi. Il est trop ambitieux et va vite en besogne ", estime cet échantillon d'enquêtés.
Toujours dans cette première catégorie, poursuit Les Points, les sondés pensent qu'en entrant en contradiction avec le Chef de l'Etat, il (Ndlr : Kamerhe) a prouvé que sa place n'est plus à la tête de l'Assemblée Nationale. Car, il sait bien que c'est un acte de trahison. " Pour cela donc, ils estiment que " Kamerhe doit prendre le courage de rendre son tablier, pour autant qu'au stade actuel, il a perdu toute confiance et tout le soutien du PPRD qui l'avait choisi pour présider aux destinées de cette institution républicaine. Le laisser à la tête de l'Assemblée nationale risque d'avoir des conséquences néfastes non seulement au sein du parti, mais aussi sur le plan national. "
Pour la catégorie de ceux qui soutiennent le maintien de Kamerhe au perchoir de l'Assemblée Nationale, son départ " serait un grand coup dur contre la démocratie dont les premiers pas à l'Assemblée nationale sont porteurs d'espoir pour l'avenir du pays. Cette catégorie considère " Vital Kamerhe comme une garantie du respect des principes démocratiques dans un environnement où la faiblesse de l'opposition est renforcée par l'absence d'Etienne Tshisekedi diminué par la maladie, l'arrestation de Jean-Pierre Bemba et le silence d'Arthur Z'Ahidi Ngoma. Le reste d'opposants qui s'expriment à l'hémicycle ont une certaine protection du pouvoir par la manière dont Kamerhe équilibre les débats entre différentes familles politiques ". Ils posent alors une question : " Le faire partir pour le remplacer par qui ? Qui pourra faire face à une majorité incertaine? ". Pour étayer cette interrogation et avancer le " caractère incertain de la fidélité des élus de l'AMP ", les sondés évoquent, le cas du député Kiaviro qui, d'après eux, "a facilement réuni 262 signatures dans ce parlement majoritaire AMP et alliés. " Ils estiment donc que " le départ de Vital Kamerhe de l'Assemblée nationale occasionnerait une frustration dans la classe politique RD-Congolaise et le retour de la pensée unique. "
L'Institut Les Points ne donne, cependant, pas plus de détails sur son échantillon, notamment la répartition par sexe, l'état civil des enquêtés, leurs niveaux professionnel et intellectuel ainsi que la répartition exacte de leurs tendances politiques pour permettre de faire une évaluation plus profonde de leur expression par rapport aux véritables enjeux qui tournent autour de la démission ou pas de Vital Kamerhe. Concrètement, le lecteur aurait eu plus de facilités à lire la pensée profonde des interviewés s'il avait eu une plus grande connaissance, en terme de profil, de ceux qui se sont exprimés.